Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Aujourd’hui, Olivier Duquesne nous fait part de sa perplexité après ses mésaventures avec un proche handicapté bénéficiant de la carte PMR.
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En principe, la carte PMR, dite « de stationnement », doit faciliter la vie des personnes ayant un handicap physique. C’est vrai : elle donne accès aux places de parking réservées et évite de devoir respecter les règles de la zone bleue, voire de payer le parking (mais pas toujours). Et là, déjà, il y a un hic. Le stationnement n’est que très rarement offert avec une carte PMR dans les parkings privés. Les règles sont indiquées sur les horodateurs, nécessitant parfois un aller-retour ou un passage par le guichet du parking souterrain. De plus, cela diffère selon les villes et les pays, alors que la carte est européenne et acceptée même bien au-delà de l’Union européenne et du continent.
Scan-car
La scan-car est la bête noire du stationnement des personnes à mobilité réduite, car elle n’a pas du tout intégré le concept des autorisations accordées. Sur une place réservée aux PMR, il y a généralement peu de problèmes. Mais quand il n’a pas été possible de mettre la voiture ailleurs que sur un emplacement payant ou en zone bleue, la scan-car ne « voit » pas la carte déposée derrière le pare-brise. Du coup, ticket ou courrier pour payer la redevance, plainte à envoyer rapidement avec une recevabilité aléatoire, vexations administratives, perte de temps et incompréhension généralisée. Pourquoi ne pas lier la carte à une immatriculation ? Parce que la carte accompagne la personne handicapée qui a tout à fait le droit de se faire conduire par des personnes valides qui, en temps normal, n’ont pas besoin de ces privilèges bien légitimes. À défaut d’en finir avec ces bestioles à têtes chercheuses, la possibilité d’enregistrer l’immatriculation liée temporairement à une carte PMR directement via une app ou sur les horodateurs serait déjà un premier pas (comme à Paris, par exemple).
Galère des LEZ
Un autre ennemi de l’esprit tranquille pour la personne à mobilité réduite : les zones basses émissions. Un véhicule pour transporter des personnes handicapées peut généralement bénéficier d’une dérogation pour éviter la taxe, la vignette (mais pas en France) ou l’interdiction de circuler. La carte PMR seule ne suffit pas toujours. Il est souvent nécessaire de se faire enregistrer, avec l’immatriculation du véhicule censé être utilisé en se lançant parfois dans des démarches plusieurs heures ou plusieurs jours à l’avance. Et même quand cela peut se faire rapidement, chaque ville a sa propre page en ligne avec sa logique, sa langue, ses démarches administratives et ses règles. Si bien qu’on finit parfois par abandonner à demander l’accès (ou par renoncer au déplacement).
Même en train
Et quand la personne handicapée veut bien laisser sa voiture au garage ou en banlieue, les transports en commun sont fort peu adaptés. Même un PMR capable de se déplacer sans chaise n’a pas toujours les capacités physiques pour monter à bord du bus ou du tram lorsque le seuil d’accès est trop loin du sol ou les marches trop hautes. La SNCB a lancé une nouvelle application pour demander une aide à l’accès dans les trains. C’est charmant, mais cela ne résout pas le problème de fond : pourquoi ne pas faire circuler des trains avec un accès à hauteur de quai ? Sans parler de l’absence d’ascenseurs en service dans les gares et stations de métro.
Galère de la mobilité partagée
Que dire enfin des incivilités, celles sur les trottoirs encombrés par des trottinettes déposées négligemment ou des véhicules stationnés à la hussarde ? Des négligences transformant tout déplacement en chaise ou en béquille(s) en parcours d’obstacles. Déjà que l’infrastructure belge est complètement archaïque par rapport à celle de pays voisins, notamment les bordures de part et d’autre des passages pour piétons. En dégageant les trottoirs de tout leur brol, même les parents avec leur enfant en poussette seront également ravis de la fin de ce désordre.
Aidez-les
Bref, la carte de stationnement PMR donne peut-être accès aux plus belles places sur les parkings… mais elle ne résout en rien les problèmes de mobilité individuelle rencontrés par les personnes handicapées. Des soucis de plus en plus complexes depuis la multiplication des plans de circulation, des restrictions, du contrôle automatisé et des nouveaux engins de mobilité. Il est temps que les responsables politiques aient conscience des difficultés pour les personnes fragilisées à se déplacer et que l’utilisation de leur voiture (ou de celle d’un ou plusieurs proches) est souvent indispensable. Quant au citoyen, le respect des règles de politesse de base en évitant de bloquer le passage ou de squatter les places réservées sera fort apprécié. Vraiment ! D'autant plus que pour l’avoir cette carte, il a sans doute fallu en faire des visites médicales et en remplir des formulaires…
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