Sport auto / Thierry Neuville, ralenti par un turbo défaillant, n'est que cinquième au Rallye du Portugal

En 2023, Thierry Neuville décrochera-t-il enfin le premier titre mondial dont il rêve depuis si longtemps ? Malheureusement, après le Rallye du Portugal, les chances d'y parvenir se sont encore un peu plus réduites. Il y a encore huit courses au calendrier cette saison, donc beaucoup de points à gagner, mais Neuville n'a plus vraiment le droit à l'erreur. En Croatie, il a perdu une victoire presque certaine à cause d'une erreur de pilotage et d'une sortie de route, et au Portugal, la mécanique de sa Hyundai i20 l'a laissé tomber.

La deuxième place semblait possible

Après deux journées de rallye pas vraiment convaincantes, ou plutôt prudentes, Neuville s'est élancé en troisième position lors des dernières étape du dimanche matin. Derrière le leader autoritaire Kalle Rovanperä (Toyota Yaris) et son coéquipier chez Hyundai Dani Sordo, mais devant Esapekka Lappi. Le Belge a tout de même réussi à dépasser son coéquipier dans les dernières étapes du samedi, et les consignes d'équipe lui auraient certainement permis de dépasser Sordo dimanche, ce qui lui aurait valu la deuxième place. En effet, Sordo ne dispute pas toutes les courses du championnat et ne peut donc pas viser le titre mondial, contrairement à Neuville.

Samedi soir, ce dernier s'est donc montré très optimiste. "La bataille a été amusante aujourd'hui, même si la journée n'a pas été facile. Au moins, ça s'est mieux passé que vendredi, mais la voiture n'était pas encore tout à fait comme je l'aurais voulu. Il est important que nous prenions autant de points que possible pour le championnat dimanche. Il sera donc crucial de réaliser une bonne Power Stage. Peut-être devrions-nous commencer un peu plus prudemment dans les premiers chronos, afin d'économiser nos pneus pour les derniers.

La peur de l'abandon

C'est ce qui s'est passé samedi, après l'épreuve spectacle de Lousada disputée devant une foule en délire. Neuville était d'ailleurs le seul pilote de pointe à avoir pris la peine d'aller saluer la foule. Mais le dimanche matin, quelques kilomètres à peine après avoir quitté le parc d'assistance, les choses se sont gâtées à nouveau.

Un turbo cassé a fait perdre beaucoup de puissance à la i20, et le pilote belge a même craint un instant de ne pas pouvoir atteindre l'arrivée. Heureusement, Neuville a pu terminer les quatre étapes restantes et, grâce à l'abandon d'Elfyn Evans (Toyota Yaris) et à la perte de temps de Takamoto Katsuta (idem) et Pierre-Louis Loubet (Ford Puma), il a même pu terminer cinquième et marquer quelques points. Les points bonus dans la Power Stage n'étaient bien sûr plus possibles avec la Hyundai lourdement handicapée.

Erreur humaine ?

Nous attendions le Belge à son retour au parc d'assistance, la déception se lisant encore sur son visage. "C'est vrai, on prend quand même des points ici. Mais on aurait pu en prendre deux fois plus." Quant à la cause de la panne, il n'osait pas s'avancer sur le sujet. "Plusieurs pièces ont été remplacées sur la voiture hier soir. Il est possible qu'il s'agisse d'une erreur humaine, ou que quelque chose ait été mal connecté. Nous l'avons immédiatement ressenti sur le trajet vers la première spéciale, après seulement quelques kilomètres sur l'autoroute".

Neuville et son copilote Martijn Wydaeghe ont donc brièvement craint que le rallye ne s'arrête là pour eux. "Nous pensions que nous ne pourrions pas terminer la première étape, car elle comportait des côtes difficiles. Mais nous y sommes parvenus, avec la boîte de vitesses en première. Un premier rapport que nous avons dû l'utiliser souvent ce matin.

Rovanperä redevient le favori

Les conséquences pour la course au titre ne sont pas trop importantes. Après tout, l'ancien leader au championnat du monde, Sébastien Ogier, n'a pas pris le départ au Portugal, Elfyn Evans a, pour sa part, abandonné et Ott Tanäk, qui a perdu beaucoup de temps le vendredi en raison d'une crevaison et qui s'est battu avec un système hybride défaillant le dimanche, n'a pu ontenir mieux que la quatrième place. La victoire est revenue à Kalle Rovanperä (photo ci-dessous), champion en 2022 et déjà bien parti pour renouveler sont titre. Le Finlandais est à nouveau premier au classement et compte déjà 98 points. Neuville n'est que cinquième et accuse déjà un retard de 30 points.

Le prochain rallye aura lieu en Sardaigne du 1er au 4 juin. Neuville pourra alors "profiter" d'une position de départ beaucoup plus favorable que celle de Rovanperä lors de la première journée. "C'est vrai. Mais je ne dirai pas que c'est une consolation. C'est le seul point positif de notre problème ici, mais cela ne compense pas le fait que nous ayons manqué un bon résultat potentiel. C'était un match difficile dès le départ. Nous avons donc mis beaucoup d'énergie à essayer d'en tirer quelque chose de positif, nous avons continué à travailler sur les réglages, nous avons essayé de faire les meilleurs choix de pneus... Mais nous n'en avons pas été récompensés pour autant."

Délicate à la limite

Cela ne l'inquiète-t-il pas que la Toyota semble être redevenue si forte ? "La différence était très grande ici, oui. La plus grande depuis le début de la saison. Je pense que même lors des derniers rallyes de la saison dernière, elle n'était plus aussi importante. Neuville n'a pas d'explication immédiate. "Dani, Esapekka et moi-même étions pourtant satisfaits de la voiture après les essais. Mais lorsqu'elle était vraiment à la limite en course, en particulier sur des tronçons nouveaux et donc inédits, la confiance faisait à nouveau un peu défaut. Lorsque la voiture glisse un peu trop, on a tendance à se retenir. Mais bien sûr, c'est là que se fait la différence. Si la confiance est là, si vous sentez que vous contrôlez la voiture à 100%, alors vous allez aussi un peu plus vite." Neuville a déjà gagné deux fois en Sardaigne, en 2016 et 2018. Et tant qu'à faire, l'espoir est permis... Sur l'île italienne, Ogier sera à nouveau de la partie.

Classement WRC du Rallye du Portugal 2023

1. Kalle Rovanperä (Toyota Yaris)

2. Dani Sordo (Hyundai i20) à 54.7

3. Esapekka Lappi (Hyundai i20) à 1:20.3

4. Ott Tanäk (Ford Puma) à 2:04.1

5. Thierry Neuville (Hyundai i20) à 8:22.5

6. Gus Greensmith (Skoda Fabia) à 9:43.4 (vainqueur en WRC2)