Sport auto / Top 10 - Les légendes du Mans

Les 24 Heures du Mans figurent parmi les 3 plus prestigieuses épreuves de sport automobile au monde avec les 500 Miles d’Indianapolis et le Grand Prix F1 de Monaco. Si l’on se souvient généralement davantage des pilotes vainqueurs d’Indy ou de Monaco, ce sont les voitures qui rentrent le plus souvent dans la légende quand il s’agit du Mans. Voici notre Top 10 des plus mémorables bolides ayant remporté les 24 Heures !

Alfa Romeo 8C 2300 (1931-1932-1933-1934)

Avec 4 victoires consécutives, l’Alfa Romeo 8C 2300 est la plus titrée de la période d’avant-guerre. Elle devait son nom à son moteur 8 cylindres en ligne de 2336 cm3 qui développait jusqu’à 175 ch et permettait à certains modèles d’atteindre 215 km/h en vitesse de pointe. Autant dire que la 8C 2300 se sentait à l’aise sur le circuit du Mans avec son interminable ligne droite des Hunaudières, dépourvue de chicanes. Elle contribuera à établir l’image sportive de la marque.

Ferrari 250 TR (1958-1960-1961)

Cette Ferrari recevait l’appellation TR pour Testa Rossa (tête rouge) car ses cache-soupapes étaient rouges sur le mythique V12 Colombo de 2953 cm3 qui produisait plus de 300 ch. Deux lettres qui entraient définitivement dans la légende grâce à la ligne sculpturale de cette 250 TR et à ses 3 victoires au classement général des 24 Heures du Mans, dont la première en 1958 avec le Belge Olivier Gendebien associé à l’Américain Phil Hill. Gendebien récidivera en 1960 avec son compatriote Paul Frère avant de tripler la mise en 1961, à nouveau aux côtés de Phil Hill.

Ford GT40 (1966-1967-1968-1969)

La Ford GT40, c’est l’histoire d’une rivalité sans équivalence dans l’Histoire du sport automobile, entre un géant populaire américain (Ford) et un artisan italien prestigieux (Ferrari). La GT40 offrira 4 succès consécutifs à Ford dans la seconde moitié des années 60, sous trois versions – Mk II en 66, Mk IV en 67 puis la Mk I en 68 et 69 – et avec deux pilotes belges, Lucien Bianchi en 68 et Jacky Ickx en 69 (le premier de ses 6 sacres sarthois) respectivement associés à Pedro Rodriguez (Mexique) et Jackie Oliver (Royaume-Uni). La GT40 devait son nom à sa hauteur de 40 pouces (1016 mm) et pouvait compter sur un très puissant et très coupleux V8 qui produira jusqu’à 485 ch. Une légende qui n’a pas pris une ride et donné vie à deux réinterprétations modernes dont la seconde remporta sa classe en GTE dès sa première apparition en 2016.

Porsche 917 K (1970-1971)

Certes Porsche détient le record de victoires au classement général au Mans, avec de nombreux modèles qui ont marqué l’histoire de cette épreuve, mais c’est avec la 917 K que Porsche a inauguré son palmarès sarthois. Dépourvue d’aileron arrière traditionnel, la 917 K succédait à la 917 « normale » et était taillée pour le circuit du Mans et les Hunaudières. Équipée d’un 12 cylindres à plat (Flat 12) atmosphérique de 4,5 puis 4,9 litres, elle développera jusqu’à 600 ch et règnera en maître sur les 24 Heures du Mans en 1970 et 1971. Un modèle légendaire qui aura peut-être inspiré Peugeot au moment de présenter sa nouvelle 9X8 en 2022 !

Jaguar XJR-9 LM (1988)

Entre Jaguar et les 24 Heures du Mans, l’histoire est belle également. Avec la Type C en 1953 puis la Type D de 1955 à 1957, le constructeur britannique avait établi son prestige sportif, mais depuis, plus rien. Il faudra attendre 1988 et la XJR-9 LM aux célèbres couleurs Silk Cut pour revoir le félin amazonien sur la plus haute marche du podium dans la Sarthe. Mais cette Jaguar n’aura pas marqué les esprits uniquement par sa livrée très réussie. La Groupe C anglo-saxonne aura fait vibrer par la mélodie aigue de son énorme V12 de 7 litres qui flirtait avec les 750 ch pour moins de 900 kg. Elle ouvrait la voie à la XJR-12 qui l’emportait au Mans deux ans plus tard.

Mazda 787B (1991)

Ni la plus élégante, ni la plus puissante, ni la plus véloce des Groupe C au départ des 24 Heures du Mans 1991, la Mazda 787B allait pourtant marquer l’histoire de l’endurance et les mémoires des passionnés de sport automobile en 1991. Récupérant le châssis développé par TWR et victorieux l’année précédente sous le blason Jaguar, la Mazda se démarquait par sa livrée flashy mais plus encore par le hurlement strident et poignant de son moteur quadri-rotor développant 700 ch à 9000 tr/min. En outre, Mazda sera le premier constructeur japonais à vaincre au Mans. Il faudra attendre 2018 et une victoire sans opposition de Toyota pour que l’exploit soit réédité.

Peugeot 905 (1992-1993)

La Peugeot 905 aura marqué les esprits et la fin de l’ère du Groupe C par son aérodynamique exceptionnellement travaillée et son V10 3.5 atmosphérique. Après une saison de découverte en 1991, Peugeot écrase la concurrence et remporte les 24 Heures du Mans en 1992, signant le doublé l’année suivante pour les adieux du Groupe C au Mans. Aujourd’hui encore, la Peugeot 905 fait partie des 3 modèles les plus connus et reconnus du grand public comme des passionnés lorsqu’on évoque les 24 Heures du Mans.

McLaren F1 GTR (1995)

La McLaren F1 GTR n’aurait jamais dû gagner au Mans. Engagée en catégorie GT face à des prototypes aux performances nettement supérieures, la GT conçue par Gordon Murray et motorisée par un fabuleux V12 BMW de 6 litres était pourtant présente en nombre au départ des 24 Heures 1995 avec 7 exemplaires. Mais la première hypercar de l’histoire aura su profiter de la pluie pour déjouer les pronostics, avec la manière qui plus est puisque 4 F1 GTR termineront dans le Top 5, seule la Courage Porsche inscrite en WSC venant perturber cette hégémonie au deuxième rang. La McLaren aura fait entrer le GT dans une nouvelle ère et sera à la base de l’engouement des grands constructeurs pour l’endurance dans la seconde moitié des années 1990.

Audi R8 (2000-2001-2002-2004-2005)

Quand Audi débarque au Mans en 1999, la marque aux quatre anneaux est avant tout réputée pour sa transmission intégrale et ses succès en rallye ou en super-tourisme. Mais l’ogre allemand ne vient pas pour faire de la figuration. Fort d’un podium pour sa première tentative, il revient en 2000 avec la R8. Une barquette qui va dominer outrageusement l’endurance pendant 6 ans, ne laissant que des miettes à la concurrence. Sans un accord interne au sein du groupe VW pour permettre au cousin Bentley de gagner en 2003, l’Audi R8 aurait signé 6 victoires consécutives aux 24 Heures du Mans. Et ce n’est là que la partie émergée de son palmarès.

Porsche 919 Hybrid (2015-2016-2017)

Dernière sociétaire de notre Top 10, la Porsche 919 Hybrid a marqué le retour du constructeur allemand au premier plan au Mans. Lancée en 2014, la 919 Hybrid était une merveille de technologie, plus avancée que la F1 et combinait un V4 2.0 turbo à un support électrique pour développer plus de 1000 ch au meilleur de l’ère LMP1. Surtout, elle mettra fin à l’hégémonie des Diesel (Audi et Peugeot, hybrides ou non) dans la catégorie reine de l’endurance. Elle s’impose dès sa seconde participation et restera invaincue pendant trois éditions, jusqu’à sa retraite. Monstre de technologie et de performance, Porsche lui offrira une variant « Tribute » libérée de toute contrainte réglementaire et qui battra plusieurs record du tour sur des tracés prestigieux, se révélant plus rapide que les F1 contemporaines !

Précisons que ce top 10 est purement subjectif et que de nombreux autres modèles iconiques auraient pu y figurer, qu'il s'agisse des Jaguar XJR-12 et Type D, de la BMW V12 LMR, de la Matra Simca MS670, de la Bentley Speed Six, etc.

3 mighty losers

Si l’histoire retient les vainqueurs, certains « perdants » restent eux aussi dans les mémoires. Nous avons voulu en sortir 3 sur les 30 dernières années.

Toyota GT-One

La GT-One ou TS-020 marquait le retour de Toyota au Mans avec la volonté de profiter d’un règlement GT1 – d’où le nom GT One – très permissif. Et de GT elle n’avait que le nom, avec son aérodynamique plus poussée que n’importe laquelle de ses concurrentes, prototypes compris. Dominatrice face au chrono, la fusée nipponne devra cependant rester sur sa faim de victoire dans la Sarthe, faute de fiabilité et de ce brin de chance qui fait la différence. Mais elle aura marqué les esprits et figure clairement au sommet des monstres sacrés du Mans.

Mercedes CLR

Après deux années marquées par l’échec de ses CLK GTR et LM dans la Sarthe, Mercedes s’engage en 1999 avec l’intention d’écraser la concurrence. Pour y parvenir, la constructeur à l’étoile présente la CLR, sorte de limande sur roues, la fusée allemande s’avère extrêmement véloce et affiche des performances exceptionnelles. Seule à pouvoir tenir tête aux Toyota GT-One face au chrono, ou presque, les CLR volent sur la piste… et dans les airs. Avec 3 envols durant les essais puis le début de course, les flèches d’argent ont marqué l’histoire de cette édition des 24 heures du Mans et forceront Mercedes à retirer ses deux bolides restants de la course suite au looping de Peter Dumbreck qui a atterri dans les arbres bordant la piste. Miraculés, Dumbreck et Mark Webber (victime des deux premiers envols) n’oublieront jamais ses 24 Heures du Mans et la Mercedes CLR… et nous non plus !

Ferrari 333 SP

Pour terminer sur une note positive, nous avons choisi la Ferrari 333 SP, dernière représentante du Cheval cabré en catégorie reine aux 24 Heures du Mans… avant le retour de Ferrari en Hypercar dès 2023 ! Jamais réellement en mesure de l’emporter, la 333 SP était une barquette conçue par Dallara et mue par un V12 atmosphérique 4.0 - qui prenait 11.500 tr/min - à la mélodie féérique. Élégante, racée et très compétitive aux États-Unis, la 333 SP n’était pas taillée pour les longues lignes droites du Mans. On se souviendra cependant de l’exemplaire engagé sous la bannière Racing for Belgium avec le trio Bachelart-Goossens-Van de Poele en 1996.

Ici aussi, il nous aura fallu faire un choix qui laisse de côté les Nissan R390, Panoz et autres Pescarolo...