Le Grand Prix de Monaco fait partie des trois plus prestigieuses courses automobiles avec les 500 Miles d'Indianapolis et les 24 Heures du Mans. Pourtant, le maintien de cette course anachronique disputée dans les rues de la principauté et dans un cadre à l'opposé des standards habituels de la F1 a été à l'ordre du jour ces dernières semaines avec la volonté des patrons de la F1 d'amener de nouvelles épreuves "exotiques" dans un calendrier déjà surchargé. Et le grand prix de ce dimanche aura à nouveau révélé pourquoi cette course reste hors du commun. Certes, elle s'est globalement résumée, une fois encore, à une longue procession avec une quasi impossibilité de dépasser et de l'action principalement dans les stands, la stratégie ayant à nouveau fait loi pour désigner un vainqueur aussi opportuniste que méritant. Pour paraphraser Jacky Ickx : "quel que soit le vainqueur de cette course, il sera un véritable héros car venir à bout d'une telle course constitue toujours un exploit hors du commun". Le plus grand pilote belge de tous les temps sait de quoi il parle et nous ne pouvons que lui donner raison. Certes, la course manque intrinsèquement d'intérêt sportif, mais le spectacle de voir évoluer ces dompteurs de bolides impétueux - qui plus est dans des conditions de piste plus que délicates - reste un spectacle de haute voltige, bien plus intense que celui des autres épreuves "urbaines" disputées dans la saison, de par sa piste extrêmement étroite et les vitesses hallucinantes atteintes sans la moindre marge d'erreur. Dépasser les limites de la piste ? Impossible, il y a la piste puis le rail.
De manière générale, ce rendez-vous aura confirmé que Ferrari est bien revenu dans le coup avec les évolutions introduites à Barcelone et la F1-75 était supérieure - d'un fifrelin certes - à la RB18; ces deux équipes évoluant dans une autre division que le reste du plateau. Las, si Ferrari a clairement progressé sur le plan technique et dans son efficacité dans les stands, les stratèges de la Scuderia ont à nouveau pris une leçon de la part de leurs homologues de Red Bull. Au détriment de Charles Leclerc qui était à nouveau l'homme le plus fort ce weekend, tout comme à Barcelone. Au moins ne repart-il pas bredouille cette fois. Toutefois, ce sont les équipiers qui auront brillé au classement. Une fois n'est pas coutume.
Résumé du grand prix
La star dominicale fut la pluie qui s'est invitée après avoir laissé les pilotes en découdre sous un soleil radieux en essais libres et en qualifications. Imposant le report du départ de près de 40 minutes, les conditions de piste privaient les spectateurs d'un départ arrêté classique, ce qui ôtait alors toute chance aux Red Bull de Pérez et Verstappen de titiller les Ferrari de Leclerc et Sainz, qui conservaient les deux premières places. Directement, les quatre hommes distançaient le reste de la meute et la course se résumait vite à un duel entre des Ferrari maîtresses du jeu face à des Red Bull attentistes. Mais le muret "autrichien" rappelait à quel point il excelle en matière de stratégie. Charles Leclerc restait trop longtemps en piste et perdait le bénéfice de sa domination en chaussant des intermédiaires. Son équipier attendait un peu pour effectuer son arrêt et repartait avec des pneus slicks, Leclerc l'imitant dans la foulée après un cafouillage des stratèges de la Scuderia. Tout bénéfice pour Pérez et Verstappen qui le dépassaient. Sainz aurait pu et dû s'emparer de la tête de la course, mais coincé derrière un retardataire, il perdait trop de temps dans son tour de sortie et voyait le Mexicain prendre les commandes. La hiérarchie était alors Pérez-Sainz devant Verstappen-Leclerc. Elle ne changera plus jusqu'au drapeau à damier... au grand dam du pilote Monégasque.
Et ce malgré l'interruption de la course suite au violent crash de Mick Schumacher à la "Piscine" consécutive à une étrange dérobade de sa Haas. On retiendra que le jeune Allemand avait signalé quelques tours avant à son équipe qu'il avait senti quelque chose de bizarre dans le comportement de sa monoplace. de quoi remettre en perspective la manière étrange dont le train arrière de la Haas s'est détaché du reste de la voiture lors du crash, sachant que c'est l'arrière qui a soudainement décroché dans le virage, le pilote ne pouvant être incriminé. Le restart aurait pu apporter un peu de piment si Eduardo Freitas, directeur de course particulièrement frileux en WEC et maintenant en F1 aussi, n'avait décidé d'imposer un départ lancé plutôt qu'arrêté, une fois encore. Une intransigeance "sécuritaire" qui contraste avec le laxisme des commissaires concernant une infraction de Verstappen à la sortie de son arrêt au stand qui avait vu le Néerlandais couper la ligne jaune, ce qui est formellement interdit par le règlement. Derrière le quatuor de tête, peu d'action à noter si ce n'est quelques dépassements de Gasly en début de course lorsque le Français évoluait avec des pneus intermédiaires face à des adversaires en pneus pluie usagés. George Russel était à nouveau le "meilleur des autres" au cinquième rang, devant Norris, Alonso, Hamilton, Bottas et Vettel. Ces deux derniers, ainsi que Gasly, profitaient de la pénalité de 5 secondes infligées à Ocon pour passer le pilote Alpine qui avait croisé la ligne d'arrivée au neuvième rang.
Résultats de GP d'Espagne
- Sergio PEREZ (Red Bull)
- Carlos SAINZ (Ferrari)
- Max VERSTAPPEN (Red Bull)
- Charles LECLERC (Ferrari)
- George RUSSEL (Mercedes)
- Lando NORRIS (McLaren)
- Fernando ALONSO (Alpine)
- Lewis HAMILTON (Mercedes)
- Valtteri BOTTAS (Alfa Romeo)
- Sebastian VETTEL (Aston Martin)
Classement du championnat du monde Pilotes
- Max VERSTAPPEN – 125 points
- Charles LECLERC – 116 points
- Sergio PEREZ – 110 points
- George RUSSEL – 84 points
- Carlos SAINZ – 83 points
- Lewis HAMILTON – 50 points
Classement du championnat du monde Constructeurs
- Red Bull – 235 points
- Ferrari – 199 points
- Mercedes – 134 points
- McLaren – 59 points
- Alfa Romeo – 41 points
- Alpine – 40 points
Tops
Sergio Pérez a remporté le Grand prix de Monaco. Sa troisième victoire en carrière et la première dans la principauté. Surtout, ce succès en fait le Mexicain le plus victorieux en Formule 1. Mais cette victoire vient souligner une prestation 5 étoiles durant tout le weekend qui l'aura vu dominer son champion du Monde d'équipier aussi bien qualifications qu'en course. Voilà qui est suffisamment rare pour être mis en exergue. Qui plus est, Checo met ainsi les pendules à l'heure après sa déconvenue du weekend précédent à Barcelone où il avait dû sacrifier une possible victoire au bénéfice de Verstappen. Certes moins compétitif que les Ferrari, le pilote Red Bull a vu une opportunité et a su la saisir. Pour le Mexicain, ces lauriers "constituent une grande fierté", Pérez ayant avoué qu'il était "heureux et qu'il s'agissait d'un grand jour pour son pays."
De manière générale, Red Bull a une nouvelle fois fait parler la science de la course de ses stratèges et a à nouveau infligé une défaite à Ferrari qui disposait pourtant de tous les atouts sur ce tracé où il est pratiquement impossible de dépasser : meilleure voiture, première ligne 100 % rouge au départ et des pilotes en verve quelles que soient les conditions de piste. Mais c'est dans les stands que s'est jouée la victoire et Red Bull a pris les bonnes décisions plus vite et plus efficacement.
Une fois encore, on ne peut que saluer le remarquable travail des commissaires de piste du Grand Prix de Monaco. Il suffit de voir avec quelle rapidité et quelle efficacité ils ont réagi suite à l'énorme crash de Mick Schumacher pour comprendre qu'il n'y a aucune autre équipe de commissaires qui puisse rivaliser à ce jour en Formule 1. Chapeau Messieurs ! Au passage, on notera à nouveau l'efficacité des barrières TecPro qui ont permis à Schumacher de sortir indemne de cet impact ultraviolent.
Flops
Pour les suiveurs du WEC, ce flop sonne comme une vieille chanson usée, mais les décisions prudentes à outrance d'Eduardo Freitas, directeur de course, auront enlevé beaucoup du spectacle et de la potentielle incertitude d'une course réputée pour sa monotonie en raison de la difficulté de dépasser. Si le report du départ peut se comprendre et que l'on peut encore avaler la frustration d'un premier départ lancé plutôt qu'arrêté. Pourquoi avoir répété cette décision pour le restart après le drapeau rouge ? Rien, absolument rien ne justifiait une telle décision, qui aura définitivement scellé l'issue de la lutte pour la victoire et le podium et enlevé toute possibilité d'un remaniement de la hiérarchie.
Ferrari a énormément progressé en 2022 et peut se targuer de disposer d'une paire de pilotes solide (belle reprise en main de Sainz), d'une voiture efficace, rapide et ce dans toutes les conditions. La rapidité et la fiabilité des mécanos dans l'exercice délicat des changements de pneus est désormais également au top. Par contre, la maîtrise stratégique laisse encore clairement à désirer. Il y a des leçons à prendre de Red Bull et la mauvaise gestion des arrêts a clairement coûté un doublé à la Scuderia. Ce genre d'errements ne devront plus se reproduire si Mattia Binotto et ses hommes veulent décrocher un ou deux titres cette saison.
À l'aube de cette saison, la FIA et la F1 nous avaient promis des décisions plus rigoureuses et constantes de la part des commissaires sportifs et de la direction de course. Soit, nous avons eu droits aux pinaillages concernant les sous-vêtements et bijoux des pilotes, les règles de limites de la piste ont été éclaircies et sont bien appliquées, mais dans ce cas, pourquoi n'avoir pas infligé de pénalité à Max Verstappen pour avoir franchi la ligne jaune qui marque la sortie des stands ? Certes, c'est sur la fin et peut-être cela n'a-t-il pas affecté le résultat intrinsèquement. Mais soit la règle est la même pour tous et intransgressible, soit on retombe dans les arrangements douteux. Idem pour Charles Leclerc qui a "oublié" de s'arrêter à la pesée durant les qualifications...
Le coup d'oeil – Markus Ericsson s'offre Indy
Pendant que nombre de ses ex-collègues faisaient "mumuse" dans les rues étroites de la principauté, Marcus Ericsson, ex-pilote Sauber (jusqu'en 2018) a démontré qu'il y avait une vie en dehors de la F1. Et quelle vie ! Le Suédois vient en effet de réussir là où Fernando Alonso avait échoué faute d'une voiture fiable en remportant les 500 Miles d'Indianapolis, pour le compte du Chip Ganassi Racing. Pour sa première participation, Romain Grosjean s'était qualifié meilleur débutant au 9e rang. Las, il perdait le contrôle de sa monoplace à la mi-course pour devoir ensuite abandonner. Carton plein donc pour Honda qui motorisait à la fois le vainqueur d'Indy et de Monaco. Même si dans ce dernier cas, ce n'est plus en son nom propre...
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