Sport auto / Formule 1 – L'oeil du Moniteur Automobile : Bahreïn

Beaucoup d’interrogations demeuraient après les essais hivernaux. Mercedes bluffait-elle encore en disant être loin des avant-postes ? Red Bull allait-elle dominer les débats ? Ferrari pourrait-elle confirmer sa bonne tenue des essais d’avant saison ? Qui seraient les animateurs du « mid field » ? Le grand-prix inaugural de cette saison 2022 y a apporté certaines réponses et fut marqué par un superbe duel entre la Ferrari F1-75 de Charles Leclerc et la Red Bull RB18 de Max Verstappen, le Monégasque sortant vainqueur quand le champion du Monde en titre néerlandais devait abandonner à quelques tours du drapeau à damier.

>> Retrouvez notre dossier de présentation de la saison 2022 dans le Moniteur Automobile #1772

Forza Ferrari

Avec la pole position, le meilleur tour en course et la victoire, Charles Leclerc a clairement replacé la Scuderia Ferrari aux avant-postes de la Formule 1. Mieux, son équipier Carlos Sainz permettait aux monoplaces rouges de signer un retentissant doublé. On s’orientait vers un double podium pour les hommes de Mattia Binotto quand Max Verstappen, deuxième à la relance après le régime de voiture de sécurité, devait abandonner en raison d’une défaillance technique. Un coup dur pour le Néerlandais qui avait lutté à couteaux tirés avec Leclerc pour la victoire, même si le pilote Ferrari avait chaque fois été en mesure de répondre aux attaques de la Red Bull flanquée du numéro 1, en délicatesse avec l’usure de ses pneus. Mais clairement, les deux forces principales de cette course étaient Ferrari et Red Bull.

Derrière, entre deux eaux, les Mercedes de Hamilton et Russel n’étaient pas en mesure de se mêler à la lutte pour le podium, mais n’étaient pas non plus inquiétées par le reste du peloton. Opportuniste et accrocheur, Lewis Hamilton profitait des déboires des pilotes Red Bull pour monter sur la troisième marche du podium là où la cinquième place semblait le meilleur résultat à sa portée. Pour le Britannique qui affirme haut et fort que sa Mercedes W13 dispose d’un énorme potentiel mais qu’il faudra encore quelques semaines pour l’exploiter, ce premier rendez-vous de la saison permet de limiter les dégâts au-delà de ses espérances.

Derrière les trois Top Teams, la course a réservé quelques surprises avec un Kevin Magnussen aux anges pour son retour en F1, qui décrochait une superbe cinquième place après avoir démontré que sa Haas était compétitive et lui aussi. Il est suivi de Valtteri Bottas, hauteur d’un premier tour catastrophique qui le rétrogradait à la 14^e place avant de progressivement remonter au classement, prouvant qu’Alfa Romeo avait produit une bonne monoplace également, bien aidée, comme la Haas, par un moteur Ferrari très en verve. Son équipier Guanuy Zhou marquait le point de la 10^e place, une première pour un Chinois en F1. Entre les deux Alfa Romeo, les Alpine d’Esteban Ocon et Fernando Alonos encadraient l’Alpha Tauri du Japonais Tsunoda.

Les tops

• Ferrari – La Scuderia récolte les fruits d’un excellent travail de conception et de préparation effectué en 2021 et durant les essais hivernaux. Plus sereine, réactive et ambitieuse en termes de stratégie, de gestion de la course et d’efficacité aux arrêts aux stands, l’écurie italienne semble bel et bien de retour pour jouer les premiers rôles cette saison, après 2 années dans le creux et sans victoire. Mention spéciale pour Charles Leclerc qui a dominé son sujet et su répondre avec intelligence et fermeté aux attaques audacieuses et franches de Verstappen.
• Haas et Alfa Romeo – bien aidées par des pilotes #1 en verve, respectivement Magnussen et Bottas – les deux écuries clientes de Ferrari sont de retour dans la bagarre du milieu de peloton et en mesure de marquer de gros points. Après plusieurs saisons de descente aux enfers, les formations américaine et suisse profitent de la nouvelle réglementation pour retrouver un rang en vue dans la course.
• La nouvelle réglementation – la question était posée, légitimement, cette nouvelle donne technique allait-elle réellement permettre aux pilotes de se suivre de plus près et nous offrir davantage de batailles en piste. La réponse est oui, et ça fait du bien de constater que le spectacle n’est plus uniquement tributaire du très artificiel DRS.

Les flops

• Aston Martin – hors du coup tout au long du weekend et en manque d’une direction technique en l’absence de Sebastian Vettel, l’écurie de Lawrence Stroll n’a jamais été en mesure de briguer les points à la régulière. C’est encore pire pour Lance Stroll, pilote titulaire, qui rend une pâle copie en comparaison de son équipier pigiste, Nico Hulkenberg, qui n’avait encore jamais roulé avec ces nouvelles monoplaces et qui s’est régulièrement placé devant le Canadien.
• McLaren – brillantes à Barcelone, les monoplaces de Woking avaient déjà affiché quelques limites lors des 3 journées de tests hivernaux à Bahreïn, souffrant de gros problèmes de freins et d’un manque de vitesse. Un constat confirmé pour la première épreuve de la saison avec des bolides orange contraints de se débattre en fond de peloton, avec un Daniel Ricciardo clairement en déficit de forme suite à son infection au Covid-19.
• Red Bull – certes, la RB18 est probablement la voiture intrinsèquement la plus rapide du peloton. Mais elle a péché par manque de fiabilité avec les deux monoplaces au Taureau Rouge qui ont été contraintes à l’abandon en fin de course pour un problème mécanique similaire. Dommage car un double podium était en vue et les hommes de Christian Horner repartent avec un zéro pointé.