Vias n’y va pas par quatre chemins : « il n’y a jamais eu autant de victimes parmi les cyclistes qu’en 2022 ». Plus globalement, 1 tué sur 3 sur nos routes était un piéton ou un cycliste. Un usage faible est tué tous les deux jours lors d’un accident de la route en Belgique. Avant d’apporter une réflexion sur ce phénomène inquiétant, il est utile de se pencher sur les données brutes.
Nombre d’accidents corporels en Belgique
- En 2022 : 37.306
- En 2021 : 34.282
- En 2020 : 29.943
- En 2019 : 37.384
- En 2018 : 38.193
Nombre de victimes
Blessés sur les routes belges
- En 2022 : 45.043
- En 2021 : 41.646
- En 2020 : 36.772
- En 2019 : 47.405
- En 2018 : 49.022
Tués sur les routes belges
- En 2022 : 521
- En 2021 : 484
- En 2020 : 483
- En 2019 : 618
- En 2018 : 583
Le nombre de blessés et de tués en 2022 a augmenté respectivement de +8,2 % et de +7,6 %. Il a eu 37 tués de plus en 2022 qu’en 2021, dont ceux du drame du carnaval de Strépy-Bracquegnies en mars 2022. Ce drame n’expliquant pas à lui seul la hausse des victimes. Par rapport à 2019, il y a une baisse du nombre de tués de 97 victimes, soit -15,6 %.
Cyclistes tués et blessés
Il y a eu 95 cyclistes tués en 2022. C’est le pire bilan depuis 10 ans. C’est surtout une hausse de 21 (!) personnes tuées par rapport à 2021, soit un bond macabre de +28,4 %. Il y avait eu 90 tués en 2019, année du précédent pic. Même constat pour les cyclistes blessés lors d’un accident de la route. Ils ont été 11.437 en 2022, pire année également, contre 10.183 en 2021 (+1254 / +12,3 %). En 2019, les autorités avaient répertorié 10.259 blessés.
Deux grandes tendances se dégagent également : près de la moitié des cyclistes décédés (46%) sont âgés d’au moins 65 ans et les accidents impliquant un vélo électrique (11 tués par 1000 accidents) sont plus graves que les accidents avec un vélo classique (7 tués par 1000 accidents).
Par ailleurs, en 2022, il y a eu 1715 accidents avec un utilisateur de trottinette électrique, soit une moyenne de 5 accidents par jour. C’est une hausse de 63% par rapport à l’an dernier. 4 victimes ont été mortellement touchées. A Bruxelles, près d’1 accident sur 6 (18%) implique une trottinette électrique.
Piétons en danger
Les piétons ont aussi payé un lourd tribut sur les routes belges en 2022. Il y a eu 80 tués et 4099 blessés. C’est 11 tués et 300 blessés de plus qu’en 2021 (+15,9 % et 7,9 %).
Accidents corporels par région
Le nombre d’accidents corporels a augmenté dans les 3 régions. +10,4 % en Flandre (23.212 accidents corporels), +2,1 % en Wallonie (9953) et +18,2 % à Bruxelles (4141). La Flandre se distingue par une baisse des tués, avec 271 personnes mortes sur ces routes, soit 20 de moins qu’en 2021. Il y a 42 tués en plus en Wallonie (229) et 15 de plus à Bruxelles (21). Le nombre de blessés est en hausse partout, mais à des proportions diverses : +0,8 % en Wallonie, +10,3 % en Flandre et +18,2 % à Bruxelles.
Les chiffres par province
Sans entrer dans le détail, en Wallonie, c’est dans la province de Namur que la hausse du nombre de tués est la plus importante en un an : de 30 à 54 tués, dont 10 piétons. C’est le pire bilan depuis 2017. Par contre, le nombre de tués n’a jamais été aussi bas dans la province de Brabant wallon : 14. En Flandre, c’est la Flandre occidentale qui a le plus mauvais bilan chiffré avec 63 tués. Ils ont été 34 en Brabant flamand. Pour rappel, en Région bruxelloise, il y a eu 21 tués sur ses routes en 2022.
Voici le classement des provinces (et Région Bruxelles-Capitale) avec le nombre de tués par 100.000 habitants en 2022 :
- Région bruxelloise : 1,72
- Brabant flamand : 2,6
- Brabant wallon : 3,4
- Anvers : 3,4
- Flandre orientale : 3,9
- Liège : 5,2
- Flandre occidentale : 5,2
- Hainaut : 5,4
- Limbourg : 5,6
- Luxembourg : 10,3
- Namur : 10,8
Échec du 30 à Bruxelles ?
Bien que mathématiquement celle avec le plus bas taux de mortalité, la Région bruxelloise a vu ses chiffres fortement augmenter en 2022. C’est la première année entière post-Covid avec la vitesse généralisée à 30 km/h instaurée le 1er janvier 2021. Une mesure qui avait été présentée pour réduire le nombre de tués parmi les deux-roues et les usagers faibles. Or, il y a eu 9 tués en 2022 : 5 piétons (+4), 4 cyclistes (+3). Cela représente une hausse de 7 victimes touchées par un accident mortel par rapport à 2021 (1 piéton et 1 cycliste tués). On retrouve le niveau de 2019 avec 9 morts (7 piétons et 2 cyclistes tués). En 2020, en plein Covid, il y a eu 5 piétons tués et 0 cycliste !
Les autorités bruxelloises ont pu présenter des chiffres encourageants en 2021, lorsque la circulation était réduite à cause des mesures sanitaires, comme la généralisation du télétravail et la limitation de certains événements pourvoyeurs de trafic. 2022 montre un tout autre visage avec une hausse des accidents corporels. Évidemment, il y a une logique statistique avec l’augmentation du nombre de cyclistes, le nombre de victimes a tendance à suivre la même courbe. Mais il est peut-être possible d’inverser cette tendance. En tout cas, ralentir les voitures ne suffit pas. Est-ce vraiment utile d’ailleurs, surtout sur les voiries bien dégagées ? Il faut également investir dans l’infrastructure, comme on le voit en Flandre… et aux Pays-Bas, un pays exemplaire en la matière.
Tous les chiffres officiels (site Vias)
Réflexion
Le comportement de certains usagers sur la route pose question, mais il serait malvenu d’être manichéen en pointant du doigt les « méchants » automobilistes et les « gentils » usagers faibles. Un discours dualiste peut avoir une conséquence inconsciente d’impunité pour les usagers que l’on présente comme étant protégés et un sentiment de frustration et de vexation chez les autres. Or, pour préserver chacun, il faut leur assurer à tous une voirie adaptée et des règles simples. Limiter une vitesse ne résout pas forcément le problème.
Il y a bien évidemment un Code de la route et des règles de bon sens à respecter. Il convient aussi de renforcer la courtoisie (en voie de disparition) par des campagnes et lors de la formation des futurs conducteurs et de lutter contre la conduite sous influence et la distraction au volant. Tout cela doit aller de pair avec une voirie sécurisée et une signalisation routière rationnelle. C’est une responsabilité partagée. Chacun doit être conscient des risques pour sa sécurité et celle des autres. Quant aux autorités : ne pas imposer le port du casque pour les cyclistes semble surprenant dans un univers où l’on présente l’utopie du zéro décès comme un objectif réaliste.
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