Qui se souvient du chouette coupé Tigra, présenté en 1993 et basé sur la plateforme de Corsa «B»? Avec son prix séduisant et son design atypique pour atout, il en aura marqué plus d’un durant les décennies 90 et 2000, plébiscité notamment par les adeptes pas toujours très doués de l’univers du « tuning ». Hélas, en 2001, c’est le clap de fin pour cet original petit coupé aux lignes dynamiques. L’heure n’est plus trop aux petits coupés sportifs, à l’époque où le monde découvre (et s’arrache) la 206CC, création réussie de Heuliez.
Le concept est plutôt simple : prenez une citadine « best-seller » et greffez-lui un toit en dur décapotable électriquement. La mouvance du « coupé-cabriolet », inaugurée à la fois par les Mercedes-Benz SLK et Peugeot 206CC, marquera de son empreinte les années 2000 et se déclinera peu ou prou sur tout ce qui roule (aux États-Unis, on verra même cette cinématique sur… la Nissan Murano). C’est sans grande hésitation qu’Opel confiera la réalisation du toit et la production de sa Tigra de 2e génération à… Heuliez, qui tablait justement sur un petit cabriolet développé sur base de la nouvelle Corsa C. Il est parfois de ces conjonctions d’intentions qui font naître les belles histoires.
Un coupé-cabriolet avec… du coffre!
En ce début de décennie 2000, Opel cherche à dynamiser son image, jugée conservatrice et vieillissante. C’est dans ce contexte de recherche du lustre d’antan que naissent notamment les Speedster, les gammes sportives OPC, mais aussi la Tigra. Lourde tâche… Pour l’anecdote, il faut savoir que le directoire d’Opel n’était pas satisfait de la première ébauche présentée par Heuliez, jugée trop basée sur la Corsa C et manquant cruellement de piment… Mais finalement, le produit fini remplira avec brio les objectifs de son cahier des charges.
Les traits sont plus étirés et se calquent sur les codes mis en place par l’Astra «H». Phares en amande spécifiques, ligne composée d’arêtes, calandre à intégration look aluminium, pare-brise étendu, ceinture de caisse assez haute… La Tigra TwinTop est loin de laisser indifférent ! L’arceau en une pièce brille aussi par son originalité, qu’on aurait plutôt laissée à un concept car !
L’originalité de la Tigra TwinTop réside dans son toit, en deux parties en acier, qui vient se plier verticalement entre l’habitacle et le coffre, en moins de 20 secondes… Alors que dans les coupés-cabriolets de l’époque, le volume de chargement était le principal défaut, la Tigra TwinTop offre un volume de chargement de 250 litres toit replié, et 440 une fois le pavillon déployé !
À l’intérieur, contrairement à la 206CC, la Tigra TwinTop est une véritable deux places. L’originalité s’arrête là : le mobilier de bord est directement issu de la Corsa C, dont elle reprend la plateforme, sans grand changement. Ce n’est pas la première fois qu’un constructeur sacrifie le design intérieur sur l’autel de la rentabilité…
Une Corsa « haut de gamme »
Trêve de surprise sous le capot, la Tigra reprend en toute logique les blocs vus dans la Corsa. Du moins, le haut du panier ! En moteur d’accès de gamme, on retrouve le 1.4 Ecotec de 90 ch. Celui-ci est équipé du système « Twinport », à admission modulée, qui permet une consommation et des émissions moindres. Pour les férus de performances et de bombinettes, la Tigra offre aussi le 1.8 125 ch de la Corsa GSi. Et parce que l’époque n’est pas encore victime du Diesel-bashing qui interviendra plus tard, le 1.3 CDTi 70 ch d’origine Fiat est disponible. Rouler cheveux au vent n’exclut pas la chasse aux économies ! Les faibles performances de cette dernière vous feront néanmoins préférer le 1.4 à essence. Bon, dans tous les cas, ne vous attendez pas à des performances foudroyantes… La Tigra est assez lourde : 1.190 kg, contre 1.015 pour la Corsa équivalente en GSi.
Surprenante tenue de cap
D’habitude, on peut s’attendre sur une décapotable issue d’une berline de grande série à une rigidité moindre et un comportement dès lors moins précis. Ici, le pseudo-MacPherson à l’avant, l’essieu arrière déformable et l’empattement très réduit toutefois font des merveilles. Ou en tout cas ce qu’ils peuvent.
La Tigra TwinTop assure une synthèse étonnante entre le confort et la rigueur. La rigidité toit en place est d’ailleurs tout à fait remarquable. Comme toute mode à la durée de vie cyclique, les coupés-cabriolets disparaîtront progressivement de la scène automobile. À cela, des causes multiples : un désintérêt très rapide pour le concept, la crise financière de 2009, l’émergence des SUV, un désamour de l’automobile «plaisir» de plus en plus grandissant, et des coûts industriels rarement en phase avec les objectifs de rentabilité. Produite de 2004 à 2009, la Tigra TwinTop ne rencontrera pas le succès attendu. Pour 150.000 exemplaires escomptés, à peine plus de 90.000 seront écoulés. Un pétard mouillé qui aura malheureusement raison de la pérennité de la Tigra TwinTop, même si un projet de Corsa D à toit rétractable et quatre vraies places était déjà dans les cartons.
Cet échec emmènera dans son sillage Heuliez (du moins la branche automobile, la branche Bus survit toujours et est aux mains du groupe CNH International, joint-venture avec Fiat Industrial), qui se concentrera sur la sous-traitance en 2010 avant de disparaître définitivement en 2013.
Véhicule rare mais encore suffisamment répandu, la Tigra TwinTop s’obtient, dans le bas du panier, pour la modique somme de 1500 €… Les très beaux exemplaires se décrochent autour des 2500-3000 €. Une cote pour le moins accessible pour un modèle ayant marqué l’histoire d’un des plus grands concepteurs-carrossiers français. Et puis, une décapotable fiable (mécaniquement, c’est du Opel de grande série, rien à redire), abordable, polyvalente en toute saison, confortable, agréable à conduire au quotidien, avec laquelle on peut aisément faire les courses, ça n’est pas négligeable ! Bon, certes, il vous faudra être maximum deux personnes pour l’apprécier, pas plus… La décennie 2000 revenant progressivement sur le devant de la scène dans le cœur des passionnés, un coup de projecteur sur les cabriolets à toit en dur dans les années à venir ne serait pas étonnant…
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