Mazda reste assurément un constructeur atypique dans le concert des marque japonaises d’une part, mais cela reste vrai aussi si l’on élargit le spectre au niveau mondial. Le constructeur d’Hiroshima a toujours fait un peu figure d’original, au bon sens du terme. En témoigne, sa volonté farouche de rester fidèle au moteur Wankel pendant plus d’un demi-siècle, de 1960 jusqu’à 2011, que ce soit avec ses modèles RX ou sur sa déclinaison sportive couronnée notamment par une victoire au Mans en 1991.
Ainsi, lorsque la Mazda MX-5 est dévoilée en 1989, les observateurs saluent unanimement le revival du roadster à l’anglaise synonyme de véhicule plaisir par excellence. Mais de roadsters anglais – simples et abordables-– il n’en restent plus guère à l’époque. La Triumph Spitfire a disparu des catalogues en 1980 et seul MG fera de la résistance avec son modèle F et TF à moteur central à la fin des années 90. Alors le coup de génie de Mazda consiste, à l’époque, à être resté fidèle à l’essence même de ce qui fait un roadster : deux places, capote souple facile, pas d’arceau, mécanique simple, propulsion ; le tout proposé à un prix plancher. Roulez jeunesse !
Face à la Mazda, l’un des survivants des sixties, façon Dolce Vita. Si l’inoubliable Marcello Mastroianni sillonne Rome au volant d’une Anglaise, une Triumph TR3A, dans le chef-d’œuvre de Fellini sorti en 1960, c’est que le Spider Alfa Romeo n’apparaîtra qu’en 1966 sous l’appellation Duetto. Reprenant la base mécanique de la Giulia apparue en 1962, le Spider constitue lui aussi l’archétype du roadster et présente les mêmes caractéristiques que la MX-5, fut-ce le prix… Pour l’anecdote, et elle ne manque pas de piquant, on remarquera que le Spider peut se targuer de la plus longue carrière d’un modèle Alfa : il restera en effet 26 ans en production. Qui aurait pris le pari d’imaginer que le MX-5, apparu en 1989, ferait toujours aujourd’hui le bonheur des amateurs du genre, soit 31 ans plus tard ; série en cours.
- Essai comparatif : Alfa Romeo Spider vs Mazda MX-5 // Le Moniteur Automobile n°956 du 26 juillet 1990
- Auteur : François Chapus //Adaptation : Michael Return
Moteur
« D’aucuns s’étonneront de ne trouver sous le capot de la Mazda qu’un 1600 cm3 de 115 ch. Nous, on a apprécié sa conception sans esbrouffe, subtilement équilibrée. Donc, son petit multisoupape, s’il ne procure pas le couple du 2 litres Alfa, n’est jamais à la peine. Surtout qu’il est admirablement secondé par la boîte dotée d’une commande des plus précises. Un régal. Et si en troquant ses gros carbus pour une injection électronique, le ronronnement du double arbre Alfa a un peu perdu sa profondeur d’antan, il n’en conserve pas moins de beaux restes. Le levier de vitesse, perché sur la partie montante de la console, et plongeant directement dans la boîte, participe à un plaisant dépaysement et, surprise, se révèle d’un usage agréable, quoique moins rapide que celui de la Mazda. »
Performances
«A priori, la fiche technique devrait fixer une hiérarchie assez nette : 1,6 l, 115 ch et 135 Nm de couple pour la Mazda contre 2 litres, 126 ch et 168 Nm pour l’Italienne. A cela près que l’Alfa accuse 1.145 kg sur la balance là où la MX-5 parvient à rester nettement la tonne. Nous l’avons effectivement pesée à 984 kg. Un poids-plume que nous apparaît carrément impensable aujourd’hui. Alors, face au chrono, la Mazda l’emporte nettement, tant en reprises qu’en accélération (0 à 100 km/h franchis respectivement en 9,4 et 10,8 secondes. Mais est-ce réellement si important au volant de tels roadsters ? »
Tenue de route
« Là où le fossé se creuse vraiment, c’est bien dans le domaine du comportement. Sans sacrifier le confort, Mazda n’a rien négligé pour aboutir à un résultat au-dessus de toute critique. Résistance aux torsions, bon équilibre des masses, centre de gravité bas, blocage de différentiel, pneus de bonnes dimensions et suspension efficace sont au menu. Le conducteur fait véritablement corps avec l’engin, profitant d’une très bonne motricité et d’une maniabilité extraordinaire. L’Alfa ne dédaigne pas être conduite prestement, mais point trop n’en faut. Ses réactions n’incitent pas à la pousser dans ses derniers retranchements. Déjà la rigidité de la coque laisse à désirer sur mauvais revêtement, le tableau de bord vibrant au rythme du pare-brise. De plus, la direction n’offre pas la même précision que celle de la MX-5, le freinage est moins incisif, les décrochements du train arrière plus tardifs, mais plus brutaux. Bref, le Spider ne joue pas sur le même tempo que le roadster Mazda, car hormis ses performants Pirelli et l’adoption d’un différentiel autobloquant, il n’aura pas connu de notables modifications depuis sa naissance qui puissent infléchir le verdict. »
Confort
« Il en va de même sur le plan du confort où le pont arrière rigide du Spider se rappelle parfois à notre bon souvenir. Pas vraiment spartiate, juste jeune d’esprit l’Alfa. » Côté manipulation de la capote, la Mazda donne le ton en rendant la manipulation facile sans avoir à s’extraire de son siège. « Le décapotage est à peine moins aisé sur l’Alfa. Mais la manœuvre est encore plus rapide sur la MX-5. Nos deux comparses proposent toutes les deux un hard-top en option (couleur caisse pour l’Alfa, noir pour la Mazda). Là où le long Spider italien marque des points, c’est pour son coffre qui permettra à un couple d’envisager autre chose que de brefs week-ends. En se payant le luxe d’une roue de secours semblable aux autres. »
Qualités Alfa Romeo Spider
- Ligne apurée
- Nostalgie des sixties
- Performances honnêtes
- Hard-top en option
- Capacité du coffre
Qualités Mazda MX-5
- Plaisir de conduite
- Performances
- Esthétique ravageuse
- Mécanisme de capote pratique
- Hard top en option
Défauts Alfa Romeo Spider
- Comportement d’époque
- Autonomie carburant limitée
- Bruits importants
- Sellerie et moquette salissantes
Défauts Mazda MX-5
- Coffre réduit
- Minimalisme (insonorisation, instrumentation)
- Position de conduite perfectible
- Roue de secours temporaire (à l’époque !)
Les chiffres-clés Alfa Romeo Spider
- Consommation de l’essai : 15,2 l/100 km
- Vitesse maxi mesurée : 190 km/h
- 1 km départ arrêté : 33,0 secondes
- Prix de base : 856.000 FB TVAC
Les chiffres-clés Mazda MX-5
- Consommation de l’essai : 12,2 l/100 km
- Vitesse maxi mesurée : 189 km/h
- 1 km départ arrêté : 30,8 secondes
- Prix de base : 695.000 FB TVAC
Conclusion
« Si dans leur grande magnanimité, les deux constructeurs m’offraient un exemplaire de leur cabriolet, je garderais l’un des deux. Et il n’est pas impossible qu’avec le fruit de la revente du second, je rachète le premier, avec le hard-top cette fois. Je ne vous dirai pas lequel, cet épilogue ayant pour unique but de prouver que nous sommes en présence de deux voitures passion et que l’on peut vraiment en tomber amoureux. Des deux ! »
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