Notre accroche en couverture «Les e-fuels vont-ils tuer la voiture électrique?» est volontairement provocatrice et la réponse à cette question polémique ne saurait être toute blanche ou toute noire. Comme souvent, la vérité se trouve plus dans la nuance et l’analyse pragmatique, scientifique, que dans des débats partisans ou des conversations de bistrot. Mais elle mérite d’être posée dans un contexte politique et industriel qui semble considérer la voiture électrique comme seule voie possible (de plus en plus de constructeurs annoncent en effet des voitures uniquement électriques à des échéances parfois très proches), comme une sorte de panacée qui va soigner tous les maux, telle une potion miraculeuse. Et s’il y avait d’autres voies pour arriver à une décarbonation du transport en général et donc de nos autos en particulier? Parmi ces alternatives, il faut citer les carburants de synthèse, produits en laboratoire et non plus raffinés à partir de pétrole fossile. L’idée n’est pas neuve et avait déjà été expérimentée par la régime nazi pour tenter de contourner son manque d’accès au pétrole à une certaine période de la Seconde Guerre mondiale. Mais en grosso modo 75 ans, la technologie a bien évidemment évolué et aujourd’hui, on parle par exemple de produire de l’essence synthétique à partir de la captation de CO2 dans l’atmosphère, ce qui aboutirait à un bilan carbone neutre si le processus de fabrication en lui-même est alimenté en énergie renouvelable. Comme l’éolien par exemple, voire le solaire. Sans entrer dans des détails chimiques très complexes, ce procédé, déjà en cours d’expérimentation, aboutit en tout cas à la production d’un carburant liquide facilement transportable et stockable (au contraire de l’hydrogène et… de l’électricité), pouvant alimenter les réseaux de stations-services existants et donc nos moteurs thermiques actuels sans grandes modifications, contournant par-là les inconvénients liés à la voiture électrique, notamment la création très coûteuse d’un maillage de bornes suffisamment dense et des temps de recharge qui restent longs. On peut citer aussi la biométhanisation à partir de matières végétales recyclées (à ne pas confondre avec les agrocarburants ou biocarburants décriés, eux, pour la déforestation, la surutilisation de terres agricoles et de produits alimentaires qu’ils impliquent), et encore d’autres moyens de produire ces carburants de synthèse décarbonés. Notre dossier dans ce numéro tente de faire le point sur cette question cruciale à un moment où il semble que la volonté d’imposer la voiture électrique écrase tout sur son passage. Mais ce n’est pas toujours celui qui crie le plus fort qui a forcément raison. Et peut-être que l’électrique est une solution, certes, mais pourquoi serait-elle la seule?
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