En 2019, c’était clair: dès 2023, l’ensemble du territoire wallon passerait en zone de basses émissions généralisées, ce qui supposait une interdiction de circulation progressive des voitures les plus polluantes, selon un calendrier corrélé à la Norme Euro (voir notre article en pages 18 et 19). Selon ce timing, si vous possédiez par exemple une voiture de la Norme Euro 4, vous ne pouviez plus circuler en Wallonie à partir du 1ᵉʳ janvier 2026. Sachant cela, de nombreux automobilistes, en tout cas ceux qui en avaient les moyens, ont tenté de revendre leur Euro 4 avant qu’elle ne vaille plus rien sur le marché. Ceci pour opter, toujours quand c’était possible financièrement évidemment, pour une Euro 6, voire, cas encore plus hypothétique, pour une électrique. Avec à la clé des véhicules d’occasion Euro 4 dont la valeur avait subitement fortement diminué suite à cette échéance couperet.
Si cette ambition ne résiste pas à la réalité du terrain, elle ne relève que de la simple idéologie.
Pourquoi en effet acheter en 2023 ou 2024 une Euro 4 de seconde main si c’est pour se voir interdire de circulation en Wallonie dès 2026 ? Au gré d’un changement de majorité gouvernementale, 2023 est d’abord devenu 2025. Dans un premier temps. Dès que cette politique idéologique fut confrontée à la «realpolitik» d’une région sans le sou, rurale et très diversifiée, frappée de plein fouet par une inflation et une perte de pouvoir d’achat, la ministre en charge s’est opportunément souvenue d’une étude, datant de 2019 et de 2023, pour se dire que finalement, cette idée de zone de basses émissions généralisée à l’ensemble du territoire wallon, ne se justifiait peut-être plus. Machine arrière, toutes! À trois mois des élections, le dossier s’apparente à une patate chaude qu’on refilera à la majorité qui naîtra dans la foulée du scrutin de 9 juin. Et qu’on refilera aussi aux villes et communes, étant entendu qu’il apparait, suite à ces études, que la qualité de l’air wallon, s’il s’améliore globalement, reste problématique, essentiellement à l’échelle de certaines villes, voire de certains quartiers ciblés. Mais ça, on le savait depuis 2019, quand fut pourtant lancé le grand et ambitieux projet de ZBE généralisée… Être ambitieux, c’est bien, évidemment. C’est ce qu’on attend du monde politique: qu’il trace un cap ambitieux à court, moyen et long terme. Mais si cette ambition ne résiste pas à la réalité du terrain, elle ne relève que de la simple idéologie. Or, une décision purement idéologique ne fait généralement pas long feu. La preuve. En attendant, vous aviez vendu votre Euro 4? Dommage. Vous en cherchez une «d’occase»? C’est peut-être le moment avant que la demande ne tire les prix vers le haut. Ou comment arriver à l’inverse du but initialement recherché…
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