Il y a peu, les agriculteurs européens descendaient dans la rue avec tracteurs et projections de lisier sur les bâtiments publics pour réclamer, entre autres bien sûr, un allègement des normes et des paperasses que l’Union européenne leur impose. À force de vouloir (trop) bien faire, de vouloir imposer des normes sécuritaires, sanitaires, réglementaires, environnementales, commerciales… pour le «bien» des Européens que nous sommes, l’UE multiplie les couches de la lasagne législative au point de la rendre… bien indigeste. Et coupée des réalités du terrain. C’est une chose de prendre des décisions unilatérales entre experts isolés du monde réel dans une tour d’ivoire, à Bruxelles ou à Strasbourg. C’en est une autre de l’imposer à des citoyens qui étouffent sous les contraintes. Quand on passe plus de temps à se mettre en conformité avec une législation oppressante qu’à exercer sa propre activité professionnelle, il y a un problème. Pourquoi je vous parle des agriculteurs? Parce que ce qui est valable pour eux est valable pour… l’ensemble de l’industrie. Et donc y compris, pour ce qui nous occupe, pour l’industrie automobile.
Pour les voitures qui seront équipées de force de ces équipements, il faut s’attendre à voir leur prix augmenter de façon vertigineuse…
Cet amoncellement de contraintes se reflète en l’occurrence dans la nouvelle norme sécuritaire européenne «Global Safety Regulation 2» (GSR2). On vous épargne la lecture du document officiel sauf s’il pouvait vous aider à vous endormir le soir. Car c’est assez hallucinant. En gros, à partir de juillet prochain, toute nouvelle voiture destinée à être vendue en Europe devra obligatoirement posséder des équipements de sécurité multiples. Alerte de détection de présence dans les angles morts, alerte anti-dévoiement, détection de somnolence, freinage automatique d’urgence, acquisition de données statistiques (autrement dit, une boîte noire)… La liste est longue. Certes, certains d’entre eux sont déjà présents, de série ou en option, mais la plupart sur des modèles de gamme supérieure. Vouloir les imposer à tout le marché automobile va poser nombre de problèmes. Comment les intégrer dans des voitures qui existent déjà et n’ont pas été développées ou conçues pour les recevoir? Ce sera hors de prix pour les constructeurs qui, pour certains, décideront d’arrêter les frais et donc la commercialisation de leurs modèles d’accès de gamme. Pas rentable. Et pour les voitures qui en seront équipées de force, il faut s’attendre à voir leur prix augmenter de façon vertigineuse. Or, les voitures neuves actuelles, bourrées de technologies, sont déjà hors de prix pour le particulier moyen. Cette norme GSR 2 ne va rien arranger. Et après, on s’étonne que le marché s’écroule? Que le particulier se détourne de l’achat d’une voiture neuve? Qu'il garde sa voiture de plus en plus longtemps (près de 10 ans en moyenne actuellement en Belgique!)? Se tourne vers l’occasion quand est venu le moment de la remplacer? Comme disait, parait-il (je n’ai pas vérifié…), Montesquieu: «le mieux est le mortel ennemi du bien». En d’autres mots: on peut détruire quelque chose de bien en voulant le rendre meilleur. Nos législateurs amateurs de lasagnes ont-ils lu Montesquieu? Pas sûr…
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