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Décryptage / Les hybrides au pilori de Test-Achats

Rédigé par Olivier Duquesne le 15-01-2016

512 voitures sont passées par le laboratoire à la demande de Test-Achats pour contrôler leurs consommations. Certains modèles s’en tirent bien ; d’autres pas, surtout du côté des hybrides.

Le scandale Volkswagen, et sans doute aussi des plaintes de leurs membres, ont poussé les associations de consommateurs à vérifier la consommation des voitures et à la comparer aux chiffres officiels, communiqués par les constructeurs. Sans surprise, les résultats donnent parfois de grosses différences. On retrouve quelques « bons élèves » dont la consommation calculée par Test-Achats et ses homologues européens est parfois inférieure au cycle officiel, et de mauvais élèves qui ont une consommation parfois doublée. Le plus étonnant c’est que ces derniers sont souvent des véhicules dits « écologiques ».

Chevrolet Camaro au top

La championne en honnêteté serait la… Chevrolet Camaro Cabriolet. Elle fait partie de la dizaine de voitures qui font mieux – ou aussi bien – que la consommation annoncée par le cycle officiel NEDC. Le cabrio américain affiche, pour son V8 6.2 l, 14,1 l aux 100 km et 329 g CO2/km alors que les tests en laboratoire des associations de consommateurs ont donné 11,7 l/100 km et 321 g CO2/km. Viennent ensuite des modèles plus traditionnels : la Hyundai i40 break 2.0 GDI Premium, la Mazda 3 MPS, la Škoda Yeti Outdoor 4x4 2.0 TDI DSG, la Mazda 3 1.6 l et la Seat Exeo ST 1.8 TSI Sport.

Mitsubishi Outlander PHEV

Pour les 502 voitures dépassant peu ou prou les normes, le différentiel est de l’ordre de 16 % en moyenne. Mais les plus mauvais résultats seraient ceux des… hybrides ! Ainsi, la plus mauvaise dans cet exercice serait la Mitsubishi Outlander PHEV, un SUV hybride rechargeable. Elle annonce 1,9 l aux 100 km et 44 g CO2/km alors que les mesures de Test-Achats & Co ont donné 4,2 l et 160 g CO2 ! Les 4 autres mauvais élèves de cet examen sont la Volkswagen Golf GTE DSG, la Mercedes S 500 Hybrid Plug-in, la Toyota Prius Plug-in et, seule non-hybride, la Jeep Grand Cherokee V6 3.0 Multijet.

Hybrides rechargeables au pilori

Aussi scandaleux ou paradoxal que cela puisse paraître a priori, les résultats sont en fait tout à fait logiques. Pourquoi ? Il n’est pas inutile de rappeler que le protocole de tests servant à établir la consommation «officielle» des voitures commercialisées en Europe est défini par les instances européennes elles-mêmes, et que ces tests, dénommés NEDC, ont été mis en application obligatoire en… 1973, quand les hybrides et les électriques n’existaient pas. Or, en l’état, ces hybrides rechargeables sont légalement autorisées à reproduire (en laboratoire) le pseudo trajet urbain imposé en faisant uniquement appel à leur moteur électrique. Et du coup, en ne consommant pas une goutte d’essence pendant cette phase, leur consommation théorique atteint un niveau anormalement bas.

Appliquer la loi

Et il se fait que ce sont ces résultats biaisiés par une réglementation obsolète que les constructeurs sont contraints d’afficher. Ce sont aussi les résultats de ces tests officiels (identiques quelle que soit la motorisation ; essence, Diesel, électrique, hybride,… : une belle aberration en soi !) que tous les constructeurs doivent légalement mentionner et qui servent à établir une partie de la fiscalité automobile. Mais ces mêmes constructeurs ne font en réalité qu’appliquer la loi, même si certains procèdent, il est vrai, à certaines petites optimisations sur les véhicules présentés aux tests, partant du principe que tout ce qui n’est pas expressément interdit est, au minimum, toléré. Mais l’impact sur le résultat final est marginal.

Test-Achats oblige le soutien

Du coup, l’action entreprise par Test-Achats et les associations de consommateurs apparaît racoleuse ; «Vous vous sentez trompés par les constructeurs » affichent-ils. Les constructeurs ne trompent personne (en tout cas, pas dans ce domaine) ; ils ne font qu’annoncer une consommation théorique obtenue au terme d’un test en laboratoire dont la procédure leur est imposée par l’Europe. Il est dès lors dommage que l’association de consommateurs impose de soutenir son action discutable pour permettre l’accès sur son site à l'ensemble des résultats de leurs tests, prétendument plus réalistes. Cela ressemble à une prise d’otage.

Donnée volatile

Car il ne faut pas se voiler la face ; le consommation est la donnée la plus volatile qui soit. Mettez 10 conducteurs au volant de la même voiture, sur le même trajet, réalisé à la même vitesse moyenne et dans les mêmes conditions météo (bref ; toutes choses étant égales par ailleurs) et vous obtiendrez 10 consommations différentes. On mesure bien à cette aune la nécessité de prévoir des tests communs à toutes les marques, ne serait-ce que pour obtenir la reproductivité nécessaire pour établir une base de comparaison valable entre modèles et se baser sur une donnée concrète pour fixer la fiscalité. Mais cette donnée de consommation ne pourra jamais être le reflet d’une consommation réelle, tout simplement parce que celle-ci dépend de trop de facteurs, on l’a vu. L’Europe est d’ailleurs consciente de l’absurdité qu’elle impose actuellement aux constructeurs et planche sur une nouvelle procédure, à ce jour prévue pour 2017. Mais même si elle était plus sévère, elle ne pourra jamais être le reflet de la réalité à 100 %. Et toute la confusion vient de là…

Web Editor - Specialist Advice

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