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Décryptage / Francfort 2015 : un salon connecté au futur

Rédigé par Olivier Duquesne le 18-09-2015

Malgré le gigantisme du site, les travées du salon de Francfort étaient noires de monde pour les journées presse. Une édition marquée par la vision d’un avenir très connecté.

Une des caractéristiques de la déprime est l’absence de vision à long terme. On a connu cela à Francfort en 2009. Cette édition 2015 par contre, semble montrer un nouvel entrain du monde automobile. On y parle beaucoup du futur : de 2020 et même de 2050 ! En 2015, la voiture est de plus en plus apte à réagir sans intervention du conducteur et les « apps » embarquées foisonnent. C’est cette voie qui semble motiver les constructeurs présents à l’IAA même si certaines enquêtes hypothèquent parfois cette croyance. Il y a aussi la diversification des produits avec des marques qui explorent des segments jusqu’alors inconnus pour elles.

La mobilité du futur

Le salon de Francfort 2015 a consacré tout un palais à la mobilité du futur, y laissant une large place à la propulsion électrique et aux services connectés. Preuve d’une profonde mutation du paysage automobile ? Cette automobile qui a toujours été en quête d’innovations et d’évolutions. Et qui, aujourd’hui plus qu’hier encore, doit faire face à la défiance et aux défis de mobilité. Elle semble avoir perdu son statut social et n’est plus symbole de liberté. Elle se transforme en extension d’espace de vie ou de travail. L’intégration des applications du smartphone et la connexion permanente vers le domicile ou le bureau tend d’ailleurs à détacher le chauffeur de l’activité de conduite afin de laisser plus de « cerveau disponible » pour produire ou communiquer vers l’extérieur.

Non-conduite

Faut-il s’en réjouir ou s’en lamenter ? Pour celui qui aime conduire, cet instant plus ou moins déconnecté – où seuls le volant, le frein, l’accélérateur et le levier de vitesse comptent vraiment – reste précieux et indispensable. Mais pour ceux dont le seul et unique objectif et de se rendre d’un point A à un point B, le « temps utile » semble prioritaire. Laissant la conduite de côté. Aujourd’hui, ils peuvent éventuellement prendre les transports en commun (à condition de trouver un siège) ou se faire conduire par un taxi ou par leur ami Hubert. Après-demain, ils pourront simplement se laisser transporter de leur garage au parking de leur bureau.

Une autre génération

Car la machine de l’automatisation, à motorisation électrique, semble bien en marche. La pression est faite sur le législateur pour que la première voiture autonome puisse arriver sur les routes en 2020. Mais c’est surtout la voiture de 2050 qu’on envisage déjà à Francfort. L’automobile d’une génération qui n’aura probablement jamais goûté au plaisir de conduire tel que nous le concevons de nos jours. Et qui ne verront donc aucun inconvénient à laisser un « robot » – partenaire omniprésent de leur quotidien – conduire à leur place. D’ailleurs, auront-ils encore vraiment besoin d’un permis ? Un passe-droit que seuls quelques irréductibles auront à cœur d’obtenir ? Cet avenir-là, nous ne pourrons pas tous l’écrire. Tout au plus, pouvons-nous les guider en faisant goûter à nos (petits-)enfants certains frissons rencontrés au volant d’un engin pas aussi docile qu’il n’y paraît. Comme ses parents mélomanes qui ont permis à certains d’entre eux de retrouver la joie d’un disque vinyle qu’on a trop vite cru mort et enterré.

La variété

Bien aidés par la machine infernale du marketing, les constructeurs déploient des trésors d’ingéniosité pour répondre aux demandes d’une clientèle de plus en plus ciblée. La numérisation des processus de développement et de production accélèrent la création de nouvelles voitures, voire de nouveaux segments. La technologie est aussi là pour répondre à la personnalisation à outrance. Dès lors, les portefeuilles des marques gonflent à vue d’œil. Les généralistes sont passés d’une dizaine de modèles dans les années 80 à une trentaine de nos jours et visent la quarantaine avant la fin de la décennie. La nouvelle génération semble d’autant plus volatile et soucieuse d’acquérir un produit qui lui ressemble qu’elle recherche surtout la pointe de la technologie pour reste en contact, le plus souvent virtuellement, avec « sa tribu ». Y compris à bord d’une voiture.

Quid des données ?

Avec la mobilité interconnectée qu’on nous prépare, la voiture, 3e lieu de séjour, pourra s’adapter aux humeurs du conducteur. À Francfort, on nous a même parlé d’automobiles « physiothérapeutes » adaptant les couleurs et l’ambiance sonore de l’habitacle en fonction des pulsations cardiaques. Se pose alors la question de la protection de données. L’industrie automobile nous promet une utilisation responsable d’autant que le profit économique ne vient pas de l’exploitation des données, mais simplement du produit. Néanmoins, l’industrie automobile pourra-t-elle garantir une protection des informations privées collectées par l’informatique embarquée ? Ne va-t-elle pas les utiliser en interne pour mieux connaître son client et le mener par des techniques de marketing vers de nouveaux produits et services « sur mesure » ? Et surtout, saura-t-elle se protéger d’attaques extérieures visant à prendre le contrôle du véhicule ? Des questions cruciales qui apportent encore parfois des réponses floues, enrobées d’une confiance de rigueur.

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