Après avoir questionné des citoyens et des « professionnels » cet automne lors des états généraux de la sécurité routière, les autorités ont planché sur les mesures à prendre. Elles l’ont fait avec en épée de Damoclès, des statistiques de mortalité en hausse en 2015 ! En outre, selon les chiffres de l’IBSR, si les conducteurs belges respectent globalement les 50 km/h et 90 km/h, c’est nettement moins le cas pour les autres limitations. Ainsi, en zone 30, la vitesse moyenne constatée est de 43,4 km/h. Elle dépasse aussi la limite sur les routes à 70 km/h (très nombreuses en Flandre) et sur autoroute.
Les 15 mesures
Une des mesures les plus concrètes avait déjà été dévoilée : la tolérance 0 pour l’alcoolémie des jeunes conducteurs. Mais elles sont 15 au total, allant de modifications dans le code de la route au souhait d’installer des boîtes noires dans les voitures neuves. Les voici :
- Simplifier le code de la route
- Donner à chacun l'occasion de mettre à jour ses connaissances du code de la route
- Adopter une réglementation claire et sécurisante pour l'usage de vélos électriques
- Instaurer la tolérance zéro en matière d'alcool au volant pour les conducteurs novices (3 premières années de conduite)
- Systématiser l'obligation d'un éthylotest embarqué, en particulier pour le transport de personnes et les récidivistes
- Faire supporter en tout ou en partie le coût des peines alternatives aux contrevenants
- Créer un institut d'accidentologie
- Soutenir l'obligation d'une boîte noire dans les véhicules neufs
- Augmenter le risque de se faire contrôler grâce à l’utilisation, par tous les services concernés, de données fiables et mises à jour en temps réel
- Réduire les fraudes dans le transport routier grâce à des contrôles mieux coordonnés et mieux ciblés (service du SPF)
- Systématiser l’usage de caméras de reconnaissance automatique des plaques d’immatriculation (ANPR)
- Systématiser l'usage de radars-tronçons
- Améliorer la qualité des contrôles
- Continuer la mise en œuvre de la directive "Crossborder" qui permet l'échange de données entre États membres pour les infractions routières les plus fréquentes
- Créer une plateforme de concertation pour la prévention des accidents
Obligation d’agir
Les autorités s’inquiètent d’une hausse de la mortalité. Car selon les estimations de l'IBSR, 755 personnes seront décédées en 2015. Cela représente une augmentation de près de 4% par rapport à 2014 (727 tués). Elles ont donc décidé de prendre des mesures, tout en interrogeant des citoyens via un questionnaire en ligne et lors d’une rencontre citoyenne le 15 novembre dernier. Des professionnels du secteur ont également participé à ces états généraux de la sécurité routière. On y trouvait beaucoup (trop ?) de politiciens mais aussi des représentants de l’automobile (Volvo et Touring), des auto-écoles, de l’IBSR, de la Justice, de la police, du transport routier et des victimes de la route.
Le choix
Parmi les professionnels on regrette cependant l’absence de spécialistes « universitaires indépendants », de la presse automobile et des services d’urgence, en particulier les pompiers. Il n’y avait pas non plus, à notre connaissance, de représentants des motards et du monde des taxis ou des livraisons expresses. Des métiers qui ont pourtant une bonne connaissance de la route et de ses pièges. Quant au choix des 250 personnes sélectionnées pour la rencontre citoyenne, elles ont été logiquement choisies parmi des volontaires sur la base du profil classique de l’âge, du sexe et de la situation socio-professionnelle pour offrir un panel représentatif de la population, sans restriction « qualitative » pouvant manipuler le débat.
Qu’en penser ?
Si on y trouve des démarches en vue de mieux comprendre les causes d’accident et de simplifier le code de la route, ce sont surtout des mesures restrictives. On pense notamment à la boîte noire. Sera-t-elle suffisamment sophistiquée pour prendre en compte des paramètres non chiffrés et éviter ainsi de mauvaises interprétations quant aux intentions réelles du conducteur pour éviter un accident ou les circonstances extérieures au véhicule ayant pu le provoquer ou aggraver ses conséquences ? Il n’y a pas non plus de réelle remise en question des autorités sur leur éventuelle responsabilité en matière d’infrastructure par exemple. Point de mot non plus sur les efforts d’harmonisation du code de la route au niveau européen, alors qu’il vient d’être bizarrement régionalisé chez nous, alors que nos débats sur Facebook – et dans d’autres médias – semblent montrer une réelle demande des citoyens en ce sens.
La responsabilité
Chacun a évidemment sa propre vision de la sécurité routière idéale et de la conduite automobile. La subtilité est d’offrir la possibilité de se déplacer sur la route avec le moindre risque sans imposer un seul type de comportement, rigide et inflexible. Les règles doivent exister et se faire respecter. Mais pour parvenir à un consensus, en excluant les extrémistes de deux bords, il faut un code de la route compréhensible tenant compte de tous les types d’usagers « responsables ». Il doit servir de canevas et de guide pour un partage de l’espace public. Et surtout, les autorités ne doivent pas systématiser la suspicion de culpabilité généralisée mais plutôt déceler les vrais fous du volant ou les stressés du frein pour les aider à corriger leurs erreurs et au besoin les écarter de la route.
Travail de longue haleine
Le comportement responsable s’acquiert au fil des âges, depuis la plus tendre enfance. C’est le rôle des parents et des proches, mais aussi de l’éducation scolaire et de la formation à la conduite. Une formation qui devra sans doute être continue, notamment pour l’approche des nouvelles technologies. Car la mesure sur le régulateur de vitesse montre surtout que les autorités sont dépassées face aux conducteurs ne comprenant pas toujours les outils, en principe de sécurité, proposés par les constructeurs. Il y a encore des personnes qui paniquent lorsque l’ABS fait vibrer leur pédale de frein ! Sans doute aussi parce que le concessionnaire a donné les clés de la nouvelle voiture sans prendre la peine de tout expliquer ou bien que son client n’a pas daigné l’écouter…
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