Le concept
Comme toujours, l’arrivée d’une GT2 annonce la fin d’une génération de 911. La nouvelle GT2 RS reprend le flambeau des GT2 « 993 » de 1996 (430 ch), puis des « 996 » (462 ch) et « 997 » (530 ch) et elle ne fait évidemment pas dans la dentelle : son flat 6 crache 700 ch et 750 Nm, des valeurs qui hissent cette 911 au niveau d’une supercar. La preuve ? 2,8 s pour le 0-100 km/h, 8,3 s pour le 0-200 km/h, 340 km/h en pointe (limitée) et, surtout, un nouveau record chez les sportives de route sur la grande boucle nord du Nürburgring avec un temps chrono de 6 min 47,3 s. Pensez donc : c’est 10 s plus vite que l’exubérante 918 Spyder de 887 ch !
Ce qui change
La GT2 RS a évidemment fait l’objet d’un développement tout particulier. Notamment pour son moteur qui crache ici 700 ch, soit 80 ch de mieux de l’ancienne GT2 RS de 2010, pour un couple de 750 Nm soit la valeur de l’actuelle Turbo S, mais avec le mode de surpression de la suralimentation (overboost) disponible pendant quelques secondes seulement. Pour arriver à pareils chiffres, les motoristes ont augmenté la taille des turbines à géométrie variable tout en optimisant et en repositionnant les radiateurs. Le régime de rotation a été porté à 7200 tr/min tandis que Porsche inaugure aussi le principe de projection d’eau sur les échangeurs de température lors des fortes sollicitations. But : stabiliser thermiquement l’apport en air (et même réduire la température de 20°) pour garantir des performances maximales quelles que soient les conditions.
La chasse aux kilos contribue aussi aux performances exceptionnelles de cette GT2 RS. Comparé à la Turbo S, la masse s’allège de 116 kg (climatiseur, PCM et transmission intégrale supprimés, utilisation de verre Gorilla, échappement en titane, toit en magnésium...) voire même de 146 kg si on ajoute le pack Weissach (28.967 € sans arceau) articulé autour de palettes de vitesse, d’un toit, de barres stabilisatrices et de biellettes en carbone ou encore de roues en magnésium ce qui réduit par la même occasion les masses non suspendues.
La GT2 RS est d’ailleurs le premier véhicule de tourisme de Porsche entièrement pourvu de rotules Unibal – la GT3 ne l’est que partiellement. Le but ? se débarrasser de tout temps de réponse ou d’inertie aussi infime soit-il. Le reste des ingrédients est connu des GT3 ou 911 Turbo S même si les réglages sont évidemment différents : 4 roues directrices, PASM de série, ressorts allégés et différentiel autobloquant 100% variable qui accompagne inévitablement la boîte PDK.
Comment ça roule ?
La GT2 RS impressionne. Aussi à l’intérieur où les sièges baquets tout carbone plantent le décor. Premier tour de clé et le flat 6 dégorge un bruit sourd et profond accentué par un gros coup de gaz. Premier tour de clé et le flat 6 dégorge un bruit sourd et profond accentué par un gros coup de gaz. On a compris : la GT2 RS, c’est du radical. Les premiers mètres révèlent une voiture qui peut être docile, mais pas confortable en dépit de la présence du PASM. On tente d’enfoncer la pédale un peu plus et là, c’est la stupéfaction : la boîte rétrograde, le flat 6 prend du régime et se met à hurler projetant les occupants au fond de leur siège. Quel fauve ! Car la puissance déboule sans crier gare et avec une telle vigueur qu’il faut moduler avec précaution la pédale d’accélérateur. Franchement, ce potentiel est pratiquement inexploitable sur la route, du moins en conduite dynamique.
Sur le circuit d’Algarve de Portimao à la fois rapide et technique avec beaucoup de virages en aveugle et en dévers, le terrain se fait plus propice. Long de 5 km, il est pourtant avalé à une allure météorique du fait de la puissance presque démesurée qui pousse cette GT2 bien au-delà des 200 km/h en quelques dizaines de mètres. Bref, il faut continuer de baliser, d’agir avec douceur. Car la voiture sautille un peu, cherche son grip – forcément avec 750 Nm sur les seules roues arrière ! La GT2 RS reste plutôt équilibrée aux limites et relativement stable – merci les 4 roues directrices ! –, mais pour autant qu’on la traite avec parcimonie.
Car si la conduite se fait plus hachée ou moins coulée, il faut être rapide au volant pour corriger les éventuelles pertes d’adhérence ou les écarts qui se multiples lorsqu’on appelle toute la puissance du 6 cylindres. Affûté, le châssis réagit d’ailleurs dans la milliseconde. De l’aveu de Walter Röhrl, cette GT2 RS serait d’ailleurs plus difficile à conduite que la 918 Spyder sur ce terrain. S’il le dit... En tous cas, on fait corps avec cette ultrasportive plus qu’avec aucune autre 911, même la GT3. Mais pas question ici de se laisser déconcentrer, surtout lorsque les aides sont débranchées, eu égard aux réactions tellement vives et pointues.
Budget/équipement
291.706,80 € : c’est le prix à payer pour cette GT2 RS, sans le pack Weissach, bien évidemment. Autant dire qu’il faut les reins solides. Et penser avec des rejets de 269 g/km que l’on passera aussi à la caisse à l’immatriculation.
Notre verdict
La GT2 RS perpétue la tradition des 911 ultra-puissantes et marque une nouvelle étape en matière de performances. Et d’exigences en matière de capacité de conduite. Elle n’est pas dangereuse, mais exige du doigté. Une GT3 reste de ce fait beaucoup plus facilement exploitable car on peut utiliser dans la plupart des cas toutes les ressources mécaniques. C’est nettement plus compliqué ici.
Découvrez ici un tour du circuit de Portimao exécuté par Walter Röhrl :
Découvrez les explications en anglais de Walter Röhrl au sujet de la 911 GT2 RS 2018 :
- Puissance démoniaque
- Caractère unique
- Précise malgré tout
- Puissance non exploitable sur routes
- Confort sommaire
- Prix
Dans cet article : Porsche, Porsche 911
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