Premier essai / Lancia Ypsilon 2024 : coquette et craquante

À vrai dire, la nouvelle Lancia Ypsilon n’avait déjà plus beaucoup de secrets pour nous. Après une lasagne de teasers et parce que la recette est techniquement assimilée à celle des Peugeot 208 et Opel Corsa, nous avions quelques indications sur la saveur. Mais Le moment-clé reste de passer à table, tous les sens ouverts. Promis, nous la jugeons l’esprit dépollué de mauvaises influences, c’est-à-dire celles du procès (et du ramdam) autour de sa fausse-gémellité avec les 208 et Corsa et/ou de la perte de son certificat de naissance italien (elle est produite en Espagne), bref : de la dilution de la marque dans les économies d’échelle du groupe. Car elle s’apparente plus que jamais à ce que les Y et Ypsilon qui l’ont précédée ont toujours été : une citadine coquette et craquante sapée à l’italienne.

Design Lancia Ypsilon

La petite Lancia ne l’est pas tant que ça. Elle s’étire sur 4,08 m de long (+2 cm par rapport à une Peugeot 208), 1,76 m de large et 1,44 m de haut. L’admirer en vrai nous rassure : elle est sexy et certainement très originale. Galbes élégants, couleurs chaudes (notre éclatant vert giada !) et multiples détails audacieux. Les phares arrière ronds « façon Stratos » génèrent vraiment un bel effet. L’avant est tout aussi surprenant, avec sa signature lumineuse en croix (en fait, un Y horizontalisé). On relève une particularité de la version thermique : parce qu’il faut laisser respirer le moteur, le nez est ajouré de quatre mini-grilles. Les flancs de l’Italienne sont très différents de ceux des 208/Corsa, notamment dans le travail des piliers arrière qui intègrent les poignées de portes postérieures. Et Lancia les garnit d’un logo joliment incrusté (un peu comme le premier BMW X2). Dans le flot de la circulation de Turin, sa singularité saute aux yeux des Italiens qui s’approchent pour admirer ce fleuron historique. Quoi qu’on en pense, c’est bien une Lancia : très différente des autres automobiles.

Intérieur Lancia Ypsilon

Dans l’habitacle, nous nous installons très confortablement aux places avant, généreuses. Sièges bien dessinés et accueillants, et même chauffants et massants selon la version. Sans surprise, c’est un peu moins la fête sur la banquette, mais pas invivable. Par contre, le coffre de la version hybride atteint 352 litres (309 dans l’électrique), plutôt confortable.
Cultiver une vraie différence n’est pas donné à tous. Lancia témoigne sur ce point de sa grande expérience dans les formes, les matériaux et des couleurs. Eh oui : on est séduit ! En particulier par le velours côtelé orangé ou bleuté des sièges, mais aussi le tissu qui recouvre les panneaux de porte (et le tableau de bord). Un peu moins quand on retrouve des boutons d’autres « produits » Stellantis…
La fameuse petite tablette de bord remplit bien l’espace et sert à poser clés ou téléphones (qui s’y recharge par induction). Bon point aussi pour la poignée de porte intérieure, en forme de cercle intégré à l’habillage de porte. Certes, il reste de nombreux plastiques pas très premium, mais globalement l’effet luxe souhaité est bien présent. Les écrans de bord sont de dimensions généreuses et distillent une iconographie agréable. Nous reviendrons plus tard, en détail, sur les capacités du système d’infodivertissement S.A.L.A.

Spécifications, performances Lancia Ypsilon

Lancia dit avoir opté pour la simplicité en proposant seulement deux moteurs pour sa citadine chic. Dans sa version tout électrique, elle développe 156 ch et grâce à sa batterie de 51 kWh elle annonce une autonomie de 403 km et une consommation moyenne comprise entre 14,3 et 14,6 kWh/100 km. L’autre moteur est la version mild-hybrid du 3 cylindres 1.2, dans sa version 100 ch. Oui, le fameux PureTech qui, depuis 2023 est passé à une distribution par chaîne, ce qui doit rassurer les acheteurs potentiels. La version hybride est équipée d'une transmission automatique e-DCT à six vitesses. Ce petit moulin entraîne la voiture à 190 km/h (150 pour l’électrique) et lui permet de bondir de 0 à 100 km/h en 9,3 s (pas de données d’accélérations pour l’électrique).

Conduite et confort Lancia Ypsilon

Profitant d’une base déjà éprouvée - la plate-forme Common Modular Platform (CMP) - la Lancia était assurée de jouir d’une belle agilité et un bon degré de confort. Cela dit Lancia a souhaité parfaire les sensations « premium ». Ainsi les voies ont été élargies de 24 mm, les suspensions re-tarées et la direction recalibrée. La Lancia atteint ainsi un toucher de route plus velouté, sensation renforcée par la présence de plus de matériaux phono-absorbants. La version 100% électrique valorise le mieux le côté salon cosy de l’Ypsilon, évoluant dans la cité italienne avec la furtivité et la discrétion d’un jeune chat. On l’a souvent écrit : le moteur électrique rend toujours une voiture plus agréable en ville. C’est très certainement le cas de l’Ypsilon. L’architecture 400V permet une recharge en courant alternatif à 11 kW et rapide à maximum 100 kW, pas fantastique mais dans la norme.   

Forcément, la version 1.2 hybride perd un peu de cachet car moins élastique (au départ arrêté et en accélérations urbaines) plus bruyante et moins « fluide ». Elle gagne, par contre, en rayon d’action. L’ordinateur de bord de notre Ypsilon hybride indiquait 5,5 l/100 km de moyenne, de quoi parcourir en théorie 800 km avant de remettre du carburant. Avec 300 kg de moins (la masse des batteries), l’Ypsilon hybride semble aussi plus alerte lors des changements de direction. Toutefois, son simple essieu de torsion arrière n’est pas aussi câlin avec les occupants que les liaisons spécifiques de l’électrique (un essieu semi-rigide avec barre Panhard). L’hybride nous gratifie de son mode 100% électrique en ville, mais pas assez souvent et longtemps à notre goût car le bloc thermique reprend (trop) vite le relais, générant des transitions pas toujours lisses. Pour le reste, ses 100 ch sont suffisants et on n’hésite pas à rentrer à l’hôtel par l’autoroute à 130-140 km/h, ce qui est contre-indiqué avec l’électrique qui, à ce rythme, gaspille dramatiquement son autonomie.

Prix Lancia Ypsilon

24.000 € en prix de départ, 27.000 € pour la plus luxueuse version LX et 28.000 € pour l’exclusive version de lancement Cassina, qui plaira aux amateurs de design. Pas donné, certes, mais pas honteux non plus, compte tenu du positionnement (donc des choix d’équipements) de la voiture dans sa variante micro-hybride. En électrique on passe évidemment un seuil critique, avec 34.500 € (normale) et 39.500 € (Limitata Cassina) à débourser. Vous pouvez d’ores et déjà configurer votre voiture sur le site et même aller la commander dans l’un des points de vente belges renseignés sur ce même site.

Verdict Lancia Ypsilon

Pure séductrice, l’Ypsilon ravira les amateurs de citadines sophistiquées. L’univers concocté par Lancia pour assurer sa singularité et ainsi l’extraire de la masse grisâtre des « autres autos » est réussi. Sachant qu’une voiture s’achète surtout avec les yeux, elle a donc toutes ses chances. Et avouez que cela change des Mini. Or justement, la franco-italienne aura fort-à-faire face à la star germano-anglaise. On planifie déjà ce match 100% bobo.