Le mythe Ferrari s’est historiquement construit sur le V12. Dès 1947, en effet, Enzo Ferrari choisissait d’équiper sa première voiture, la 125 S, d’un V12 de… 1,5 litre, dessiné par l’ingénieur Gioachino Colombo. Et, si c’est toujours le cas 78 ans plus tard, le contexte change néanmoins. Rapidement. Même chez Ferrari. Ainsi, après les hybrides rechargeables 296, SF90 et F80, en ce moment même, l’usine de Modène œuvre au développement final de sa première sportive 100% électrique. Bien sûr, cette technologie offre un grand potentiel, mais comment va-t-elle se confronter aux valeurs classiques de la maison ?
En italian, 12 se prononce "dodici".
Chaque chose en son temps: gageons que Maranello dispose du savoir-faire nécessaire pour jouer la montre et maintenir vivantes ces traditions encore un moment! En attendant, il suffit d’un nom pour faire monter le rythme cardiaque des passionnés en zone… rouge: «12Cilindri» (12 cylindres en italien, au cas où), un choix qui résume bien l’ambition actuelle de la grande maison.
Dans l'arbre généalogique, cette GT biplace portant un V12 sous son interminable capot avant, succède en effet à la 812 Superfast. Mais cette version sans toit fait en quelque sorte le lien symbolique avec la 125 S «ouverte» d’autrefois. Afin de boucler la boucle avant de passer à autre chose? Peut-être…
Concept Ferrari 12Cilindri Spider
En attendant, le concept de base reste inchangé et consiste toujours à associer un châssis en alu à un V12 en position centrale avant et n'entraînant que le train arrière. Par rapport à la 812, si l'empattement se réduit de 20 mm, la longueur hors-tout s'allonge de près de 8 cm. Les porte-à-faux ne sont pas plus longs, grâce au choix de roues plus grandes (de 20 à 21’’) et de voies plus larges (de 1971 à 2000 millimètres).
Ce faisant, la donne change d’un point de vue philosophique: alors que la Superfast s'était approchée de la sphère des supercars agressives, la 12Cilindri préfère reprendre l’histoire des extraordinaires et performantes GT de Maranello. Ni la dynamique de conduite ni les performances n'ont été compromises par Ferrari, mais le typage du développement a tenu compte d’une vision un peu plus confortable des choses, en tout cas avec moins d'agressivité et de bestialité.
Carrosserie : le design et le mécanisme de toit Ferrari 12Cilindri Spider
Rouler à ciel ouvert au volant de cette Spider s'avère facile et l'opération ne prend que 14 secondes, éventuellement en roulant jusqu'à 45 km/h. Entre les bossages derrière la tête des occupants, une vitre électrique s'ajuste automatiquement pour minimiser les turbulences.
La structure du toit articulé limite par ailleurs l’impact sur le volume du coffre (il reste tout de même 200 litres) et, surtout, il dégrade le moins possible les lignes originales du Coupé. C’est donc plutôt réussi et la ligne conserve sa silhouette gracieuse et ses proportions harmonieuses.
Confort général Ferrari 12Cilindri Spider
Le design épuré cache presque ses qualités aérodynamiques. Au volant, on s’étonne de la bonne visibilité périphérique, les rétroviseurs étant positionnés de manière que l'on cerne aussi bien les extrémités du capot que le rebond des ailes arrière.
Les pneus (pour la première fois depuis la F50, Ferrari a renoué avec Goodyear, même si des Michelin restent disponibles) et la sensibilité des aides électroniques à la conduite ont été conçus pour assurer la montée en température la plus rapide possible des gommes, de sorte à, dès la première courbe, éviter les mauvaises surprises. Ferrari affirme à ce sujet que sa 12Cilindri est beaucoup plus facile à gérer sur le mouillé.
Intérieur Ferrari 12Cilindri Spider
Chacun ses goûts, tout le monde ne peut être séduit par le design d’une carrosserie un peu moins chargée en testostérone. En revanche, difficile de ne pas apprécier l'habitacle. Par rapport au cockpit de la 812 Superfast, l’environnement dégage plus de modernité et de convivialité.
La 12Cilindri bénéficie de l'agencement à double cockpit de Ferrari, déjà vu sur les Roma et Purosangue. De cette dernière, cette GT reprend également les matériaux nobles et la finition irréprochable, un domaine dans lequel le constructeur italien a réalisé des pas de géant au cours de la décennie passée.
Tout le monde ne peut être séduit par le design d’une carrosserie un peu moins chargée en testostérone. En revanche, difficile de ne pas apprécier l'habitacle.
En d’autres mots, on se sent un peu comme à la maison, avec ces gigantesques palettes montées sur la colonne de direction, les clignotants intégrés au volant et l'obligatoire Manettino pour choisir l’un des modes de conduite, dont le mode Bumpy Roads. Ce dernier ajuste les amortisseurs adaptatifs aux mauvaises routes pour sublimer autant que faire se peut le confort de marche.
Tout le monde ne sera pas séduit non plus par les boutons haptiques sur le volant, dédiés à l’usage des menus du tableau de bord numérique, mais leur fonctionnement est efficace. De nombreuses fonctions sont désormais regroupées sur l'écran tactile, notamment le «nose lift», qui empêche de rayer le menton de la 12Cilindri sur les dos d'âne et autres casse-vitesses agressifs.
Moteur : spécifications et performances Ferrari 12Cilindri Spider
Le spectacle commence par un lever de capot. Énorme, il englobe quasiment toute la partie avant. La vue sur le cache-soupapes rouge dégage une émotion immédiate, rien qu’à l’arrêt! Le 6,5 litres a fait l'objet d’évolutions profondes, les motoristes ayant concentré leurs travaux sur la réduction du poids, la diminution des frottements et l'amélioration de l'efficacité.
Les chiffres donnent le tournis : 830 ch à 9250 tr/min et 678 Nm à 7250 tr/min (dont 80% disponibles dès 2500 tr/min).
Le moteur reste atmosphérique et ne reçoit même pas un petit soutien d’une hybridation 48 V. La boîte robotisée à double embrayage et huit rapports est celle des SF90 et 296, mais présente une démultiplication finale moins rageuse que celle de la 812 Competizione, la plus méchante de la gamme. Les temps de passage des vitesses ont été réduits de 30% par rapport à la version précédente.
Le 0 à 100 km/h prend à peine 3 secondes, et 8,3 secondes suffisent pour atteindre 200 km/h. Peu pertinente, mais impressionnante, la vitesse maximale vous envoie à 340 km/h… si le toit est fermé. On s’attendait à un déferlement de puissance brute, mais ce qui frappe d’emblée est le confort de conduite, en phase avec le positionnement GT souhaité. On cherche les détails, en vain… Même à des vitesses de croisière, le monumental moteur ne trahit aucune bizarrerie mécanique et se montre très civilisé.
Moteur : caractère et bande son Ferrari 12Cilindri Spider
Symphonie joyeuse: car oui, pas d'inquiétudes, l’engin nous ramène vite à la réalité. Accélérateur au plancher, le compte-tours passe les 4000 tr/min et la 12 Cilindri crache alors sa rage. La montée vers le zénith, à 9500 tr/min, fait se comprimer l'estomac.
Et si, à bas régime, le V12 est à peine audible, car muselé par une montagne de réglementations antipollution, au moindre coup de fouet, il livre son concert live. Certes, moins passionnément – et moins fort – qu'avant, mais dire qu’on y perd en émotion serait mentir. La mise au point a remarquablement pris en compte les mi-régimes, zone où le moteur s’exprime la plupart du temps si vous évitez les centres-villes et les autoroutes.
Au volant Ferrari 12Cilindri Spider
Et Ferrari sait aussi qu'on ne pourra jamais exploiter pleinement le potentiel moteur d'une telle voiture sur la voie publique… même illégalement. Les motoristes ont donc ajusté la distribution du couple en troisième et quatrième, entre 2000 et 5000 tr/min, en visant une réponse linéaire qui retient un peu les réactions, au profit de la stabilité et d’une certaine façon de tout garder sous contrôle. C’est aussi cela la magie de Ferrari: au volant, on peut presque se prendre pour Hamilton (ou Leclerc…), mais c’est parce que dans votre dos, la boîte DCT rapide et douce orchestre tout, aidée par un différentiel à glissement contrôlé activement et par un contrôle électronique de la stabilité, tous sous la surveillance d’un cerveau central, qui gère l’ensemble tel un général qui garde ses troupes sous contrôle.
Moins sportive, donc ? Détrompez-vous, là encore. Comme ses glorieuses aïeules, la 12Cilindri dévoile un bel équilibre entre stabilité et agilité, parce que le contrôle et le plaisir de conduire doivent communier, se compléter, s’entrelacer. Selon le mode de conduite sélectionné via le Manettino, le caractère de la Ferrari passe de convivial à.… hyperactif.
De 12Cilindri vindt een mooi evenwicht tussen stabiliteit en beweeglijkheid, mooi tussen controle en rijplezier
Avec les générations précédentes, la quête d’efficacité dynamique s'est toujours traduite par des engins tranchants qui vous arrachaient la tête en courbe. Avec la 12Cilindri, on peut à nouveau profiter plus sereinement de cet univers exceptionnel, car l'approche est moins radicale. La nervosité qui pouvait rendre une 812 si rebelle cède la place à une forme de sérénité, de maîtrise.
Cette volonté de douceur (relative) se poursuit dans l’arsenal technologique, tel que le Virtual Short Wheelbase 3.0 et le Side Slip Control 8.0, soit des dispositifs qui vous balancent d’un virage à l'autre comme un missile à tête chercheuse. Mais d’une façon presque normale, avec ce sentiment rassurant que la direction et le freinage ne forment plus qu’un seul mouvement naturel, pendant que vous dérivez en toute maîtrise et repartez comme une balle. La 12Cilindri tourne magnifiquement autour du conducteur, ce qui la rend plus intuitive, comme il sied à une vraie GT.
Prix Ferrari 12Cilindri Spider
Cette magie se réserve à un cercle d’heureux fortunés: 435.600 €, même pour une Ferrari, cela devient… stratosphérique. Ce que sont d’ailleurs certaines fortunes dans le monde. Pourtant, certaines rumeurs relatent que la 12Cilindri ne trouverait pas facilement ses acheteurs, moins vite en tout cas que la 812 en son temps. Apparemment, les candidats estiment son design un peu trop… sage.
Mais ce relatif insuccès, qui reste à confirmer, ne change pas l’essentiel: Maranello réalisera une marge nette de plus de 100.000 € par modèle vendu et les carnets de commandes sont déjà pleins jusqu'en 2027.
Conclusie Ferrari 12Cilindri Spider
L'alliance étonnante entre le confort de conduite et l’agilité rend la 12Cilindri très aboutie, car on a l'impression de dompter à tout moment la cavalerie, le potentiel d’un Spider qui cache bien son jeu. Plus encore que ce sentiment relatif de contrôle et de toute-puissance, c'est l'expérience d’arpenter la route à bord d’une automobile si différente qui prévaut ici.

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