Premier essai / Dacia Bigster (2025) - Nouvelle dimension

Il y a environ quatre ans, dans le cadre du plan Renaulution voulu par le CEO Luca de Meo à son arrivée, Dacia changeait de braquet et se lançait dans une nouvelle stratégie destinée à lui faire tourner le dos à l’image d’un constructeur simplement «low cost», ce qui lui avait pourtant bien réussi jusque-là. L’objectif, matérialisé par un nouveau design assez reconnaissable et étendu à toute la gamme, étant de se positionner comme une marque offrant le meilleur rapport prix/prestations plutôt que comme celle qui affiche simplement le prix le plus bas. Mais dans l’expression «prix/prestations», il y a... « prix». Et le budget s’érige toujours logiquement comme prioritaire dans tout projet de développement Dacia. C’est encore le cas ici, bien sûr.

Design, carrosserie et dimensions Dacia Bigster (2025)

Ce nouveau Bigster, montré pour la première fois au salon de Paris en octobre dernier, est donc censé aller s’attaquer au marché le plus porteur en Europe, le segment C, avec un SUV aux lignes sans équivoque, comme pour prolonger le succès de la marque sur le segment inférieur, le B, où le Duster et la Sandero règnent en maîtres. Pour limiter les coûts, le Bigster reprend la plateforme CMF-B, largement utilisée par ailleurs – et donc rentabilisée – dans le groupe Renault: Clio, Captur, Arkana, Symbioz, Sandero, Duster... 

Mais, aux dires mêmes des experts rencontrés lors de cet essai, elle est ici étirée à son maximum, avec un empattement accru de 4 cm. Pourtant, la longueur hors tout prend carrément 23 cm par rapport au Duster, pour culminer en l’occurrence à 4,57 m. Soit, à titre de comparaison, 7 cm de plus qu’un Citroën C5 Aircross. Dacia change de fait de dimensions. Par voie de déduction, c’est logiquement le porte-à-faux arrière qui s’étire sur plus de 1 m, contre 85 cm pour le petit frère.

Habitacle et coffre Dacia Bigster (2025)

Au bénéfice... du volume de coffre. C’est bien; il y en a qui suivent... Le problème, c’est que ce volume varie selon la motorisation à cause des contraintes techniques. Sur le Bigster, cela va par exemple de 667 l (VDA) pour la motorisation TCe 140 à 546 l pour l’Hybrid 155, qui doit bien caser quelque part sa batterie haute tension. Pour le Duster aussi, ce volume change selon la motorisation. Mais si l’on compare les valeurs les plus favorables, on peut dire que le Bigster propose quelque 150 l de plus, ce qui devient conséquent. Et ce volume peut atteindre 1937 l banquette rabattue (ce qui peut se faire via deux gâchettes dans le coffre: facile!).

On le comprend: le Bigster se destine aux familles en quête de place et de coffre à un prix accessible. Et à une époque où il est plus tendance de rouler en Dacia qu’en Tesla, le Bigster a visiblement une carte à jouer... Il enfonce le clou avec une banquette (non coulissante, c’est dommage, mais c’eût été plus cher), fractionnée 40/20/40, dont la partie centrale peut se rabattre pour procurer un accoudoir aux occupants latéraux et permettre dans le même temps le chargement d’objets de plus de 2,7 m de long.

L’habitacle fait la part belle aux plastiques durs, voire un peu froids, mais ici c’est revendiqué et non pas passé sous silence comme chez certaines marques dites premium qu’on imagine un peu honteuses de proposer désormais des habitacles si peu valorisants. En l’occurrence, le reproche ne peut pas être adressé à Dacia: c’est sa marque de fabrique. Et donc oui, les plastiques moussés sont absents de cet habitacle. Et alors? L’ensemble paraît bien construit, bien assemblé et solide. C’est l’essentiel. 

Grande première chez Dacia: les sièges avant sont à réglage électrique, du moins sur la finition Journey. Oh, juste la hauteur et l’inclinaison du dossier, le réglage en longueur restant manuel, il ne faut pas exagérer. Mais on y est bien assis, face à un combiné d’instruments forcément numérique (écran de 7’’ sur finitions Essentiel et Expression ou 10’’ sur Extreme et Journey) qui donne les infos liées à la conduite et que seconde un deuxième écran central de 10,1’’ (de série sur toutes les versions) dédié, lui, aux informations liées à l’infodivertissement. L’ensemble est intuitif, moderne, mais pas révolutionnaire non plus. Et les commandes de climatisation ont la bonne idée de rester «physiques» et donc directement accessibles. C’est aussi la première fois qu’une Dacia dispose d’une console centrale haute, intégrant le levier de commande de boîte (très ergonomique), deux porte-gobelets, un chargeur par induction et un vaste rangement réfrigéré. Mais attention, cette console «haute» est réservée aux finitions qui le sont tout autant: elle n’est pas généralisée à l’ensemble de la gamme. 

Dacia avance le fait que ce Bigster «permet d’accueillir confortablement 5 personnes et leurs bagages.» Ce n’est pas loin d’être vrai, même si la place centrale arrière reste, comme très souvent, plus étroite et victime de la présence du tunnel de transmission. L’habitabilité est donc l’un des points forts de ce Dacia qui mise, comme ses confrères de gamme, sur l’agrément de vie à bord, les astuces de rangement et en particulier ce concept YouClip qui permet de rendre nomades dans l’habitacle des rangements et accessoires divers. Bien vu!

Spécifications et performances Dacia Bigster (2025)

En matière de motorisation, la gamme comporte d’emblée trois propositions, toutes à essence depuis que le Diesel a disparu. Il y a d’abord l’Hybrid 155 ch de cet essai, le TCe 140 et le TCe 130 qui, lui, est d’office associé à la boîte manuelle et à la transmission intégrale. C’est d’ailleurs le seul: les deux autres sont d’office des tractions en boîte auto. Les deux derniers sont à hybridation douce 48 V, le premier étant un vrai hybride autorechargeable, capable d’évoluer en mode 100% électrique à certaines conditions. 

L’Hybrid 155, dont les responsables estiment qu’elle représentera le gros des ventes, reprend la technologie connue des Duster et Jogger (pour rester chez Dacia), mais y associe un 4-cylindres à essence passé de 1,6 à 1,8 litre, plus puissant (107 ch), en provenance de chez Nissan. Il est associé à un moteur électrique principal de 50 ch (alimenté par une batterie de 1,4 kWh) et à un alternodémarreur 48 V chargé d’assurer la fonction stop&start mais aussi de piloter la complexe boîte automatique à «crabots», comptant 4 rapports en mode thermique et deux en mode électrique. Cela fait un peu «usine à gaz» décrit comme cela, mais... ça fonctionne. 

Conduite et confort Dacia Bigster (2025)

Sur la route, ce Bigster se montre à son avantage. La transmission sophistiquée n’est pas ce qu’il y a de plus fluide, l’électronique semblant parfois s’emmêler les pinceaux et le 4-cylindres ayant à l’occasion tendance à monter plus dans les tours que nécessaire, ce qui se traduit par un bruit lancinant inutilement présent, malgré un pare-brise acoustique et des vitres latérales plus épaisses et donc plus filtrantes que sur un Duster. On n’est pas dans l’univers feutré de Lexus, mais pas non plus dans la même zone tarifaire. Donc, ce Dacia doit en cette matière être jugé à l’aune de ce qu’il propose pour un prix serré. Et sous cet angle, il est imbattable.

Car aucune économie n’a été faite sur les liaisons au sol qui font le job, avec un maintien de caisse qui lui évite de s’avachir en courbe, tout en se montrant confortable. L’équilibre obtenu est en l’occurrence assez remarquable. La direction est précise, communicative, le train avant tranchant mais jamais exagérément, et le filtrage, certes un peu sec sur les petites irrégularités, n’aboutit jamais à des phénomènes de percussions désagréables. Bref, le Bigster connaît sa mission et la remplit parfaitement: personne ne penserait à lui pour rechercher du dynamisme de conduite, et dans le cadre d’une paisible vocation familiale, il est largement à la hauteur de la tâche attendue. Cohérent avec lui-même. 

La consommation au cours de notre bref essai dans le sud de la France s’est soldée par un bon 4,9 l/100 km en rythme paisible (genre « lendemain de la veille »...) et par un logique 7,5 l/100 km 24 heures plus tôt, sur un tempo (très) enjoué. Vu le gabarit de l’engin, c’est plutôt une bonne nouvelle.

Prix Dacia Bigster (2025)

Moins de 25.000 € comme premier prix et moins de 30.000 € pour les versions hautes, tout équipées: à ce niveau de prestations, il n’y a personne d’autre!

Retrouvez toutes les versions et les tarifs du Dacia Bigster en Belgique.

Verdict Dacia Bigster (2025)

Le Bigster ne serait qu’un gros Duster? Oui, et alors? Il répondra parfaitement aux besoins d’une famille à deux ou trois enfants qui a besoin d’un grand coffre et d’une voiture qui peut se montrer sobre, sûre, saine et sans surprise. Certes, pas un coup de cœur, mais dans une période où l’automobile en général a tendance à se couper de sa base (de ses clients qui doivent payer leur voiture de famille), il a un rôle à prendre, d’autant que dans cette zone de rapport prix/prestations... il est tout seul.