Premier essai / Nouveau BMW X3 (2024) : nous avons essayé la version 20 xDrive

BMW poursuit le renouvellement de ses cadres et nous propose la quatrième génération de son SUV familial lancé en 2003 et vendu depuis à plus de 3,5 millions d’exemplaires. Avec une plateforme commune à l’itération précédente, les changements sont-ils suffisamment nombreux et profonds pour justifier un statut de véritable nouveauté ? Sur le plan du style pas de doute, c’est un X3, bien qu’il n’ait plus rien en commun avec son prédécesseur, tant en dehors qu’en dedans. Dans le domaine technologique, il a également droit au meilleur de la marque bavaroise, mais conserve-t-il son identité munichoise ? BMW l’affirme, nous sommes allés le vérifier.

Design, carrosserie et dimensions BMW X3 (2024)

Ouf, les designers de BMW nous ont épargné les dents de castor sur le nez mais ne se sont pas montrés pour autant timorés avec des naseaux dilatés au cœur hachuré et à la périphérie illuminée. En effet, ce nouveau X3 a droit au traitement Iconic Glow déjà vu sur les Série 5 et 7 notamment ou encore sur le XM : un contour éclairé du fameux double haricot qui se veut finalement plus moderne que disco. Un rien clinquant mais pas si choquant. Cette calandre plantureuse se complète d’une évolution de la signature lumineuse qui conserve ses quatre éléments diurnes constitués de doubles L couchés et superposés. Une composition qui devrait être propre au X3.

Pratiquement pleine sur toute sa hauteur, la calandre intègre d’un côté un radar, de l’autre une caméra et un capteur, nécessaires au bon fonctionnement des aides à la conduite. La partie basse s’en remettant à des volets mobiles actionnés selon les besoins en refroidissement, à l’instar de ceux qui obstruent la prise d’air au bas du bouclier avant. Sur les flancs, le style fait le lien entre le controversé iX et le plus apprécié concept Vision Neue Klasse X avec des formes tendues et des volumes à la fois lisses et voluptueux.

Un savant mélange qui soigne l’écoulement de l’air au même titre que les poignées de porte encastrées et le carénage de la lunette arrière. Avec une longueur et une largeur en progression de 34 (4755 mm) et 29 mm (1920 mm) tandis que le pavillon s’abaisse de 25 mm (1660 mm), les proportions générales restent cependant celles d’un X3 avec un capot moteur marqué et horizontal et un habitacle dynamique au hayon un brin moins vertical. Ce dernier dessine une proue charnue mais sans fioritures qui assoit le caractère sportif et solide du modèle. Là aussi la signature des feux arrière se veut singulière avec un motif en double L superposé en forme de T couché du plus bel effet.

Intérieur BMW X3 (2024)

Si l’extérieur marque une profonde évolution du style, l’habitacle se fend d’une révolution avec un mobilier de bord entièrement réagencé. L’on y retrouve la dalle incurvée, désormais habituelle chez BMW, qui intègre le tableau de bord de 12,3 pouces et l’écran de contrôle et d’infodivertissement de 14,9 pouces en format paysage, tous deux gérés par le nouveau système BMW OS 9 aux menus simplifiés et plus ergonomiques avec des raccourcis configurables et accessibles en faisant glisser son doigt du haut de l’écran vers le bas. BMW propose le BMW Live Cockpit Plus intégrant la navigation hébergée sur le cloud de série qui peut être remplacé par la version Professional en option. Vous disposez alors d’un affichage tête haute généreux, en couleur et très lisible et d’une vue augmentée sur l’écran central. Enfin, le service BMW Digital Premium permet d’ajouter de nombreuses applications (parfois tierces) pour agrémenter votre expérience numérique et de divertissement à bord tandis que BMW a soigné l’éclairage d’ambiance, même si le rendu des plastiques rétro-éclairés reste parfois un peu bon marché !

Avec son design très ouvert, la planche de bord offre une véritable sensation d’espace mais impose une boîte à gants au volume très limité. Une remarque qui vaut pour les espaces de rangement en général, le coffre situé sous l’accoudoir central étant relativement exigu tandis que les bacs de portières se contentent du minimum syndical. Un peu juste pour un SUV à vocation familiale. Mais un bémol bien léger en comparaison de la piètre qualité des habillages. Non seulement certains ajustements laissent à désirer à ce niveau de gamme, mais les plastiques utilisés un peu partout infligent un contact désagréable, sont souvent durs et sonnent creux. Voilà qui est tout bonnement indigne d’un véhicule de ce standing !

Saluons toutefois la bonne habitabilité, le coffre majoré de 20 l (570 l au total banquette en place, 1.700 une fois rabattue, sauf pour la version hybride rechargeable qui se contente respectivement de 460 et 1.600 l), les réglages amples et électriques des sièges avant, permettant de trouver une bonne position de conduite – nous aurions cependant aimé pouvoir baisser encore un peu plus l’assise – sans nuire à la visibilité des « compteurs ». Cette dernière est d’ailleurs facilitée par la forme « carrée » du volant qui élargit l’angle de vue lorsque ce dernier est droit. Bon point également pour le nouveau revêtement des sièges tissé à base de matériaux recyclés qui offre un contact moelleux et chaleureux très agréable. Bien entendu, les férus de cuir trouveront leur bonheur dans la liste des options !

Spécifications, performances et consommation BMW X3 (2024)

Désormais, tous les X3 sont électrifiés puisque les variantes à essence – 20 xDrive, M50 xDrive – ou Diesel – 20d xDrive - reçoivent une hybridation douce en 48 V via un moteur électrique intégré à la boîte de vitesses et qui apporte un support de 18 ch et 200 Nm pour fluidifier les passages de rapports, aider au démarrage et optimiser l’efficience. BMW propose également une version 30e xDrive hybride rechargeable dont la puissance système s’élève à 299 ch pour un couple maximal de 450 Nm.

Dans le cadre de notre prise en mains, nous avons jeté notre dévolu sur la motorisation « de base » avec un BMW X3 20 xDrive dont le quatre cylindres 2,0 litres turbo essence délivre 190 ch de 4.400 à 6.500 tr/min et 310 Nm de 1.500 à 4.000 tr/min. Les valeurs combinées étant de 208 ch et 330 Nm. Le constructeur annonce un 0 à 100 km/h en 7,8 s et une vitesse de pointe de 215 km/h que nous avons atteinte sans forcer sur une portion d’autobahn non limitée, notre SUV atteignant déjà 190 km/h à fond de cinquième, avec trois rapports encore à passer. 

Une aisance générale qui invite à voyager au long cours sans appréhension puisqu’avec une consommation moyenne de 7,8 l/100 km sur un parcours varié, sans lambiner – mais toujours dans le respect des limites imposées – il permettrait une autonomie réelle de 640 km. En calmant le jeu et en profitant de l’étagement long et du Cx de 0,27, l’on peut aisément envisager de flirter avec les 7 l/100 km.

Conduite et confort BMW X3 (2024)

Ce moteur ne manque assurément pas de ressources et se révèle aussi plein à tous les régimes – pas trop hauts tout de même – que bourdonnant en charge et dénué de caractère avec une poussée bien trop linéaire. Bref, on dirait un Diesel, le timbre agricole en moins… et l’agrément au quotidien en plein ! Un manque de tempérament qui ne nuit pas aux performances absolues et permettra en toutes circonstances d’évoluer sans craintes dans le trafic plus ou moins dense. Disons simplement que pour le plaisir, on repassera.

Un constat laconique qui prévaut aussi pour le comportement dynamique. Comprenons-nous bien, ce BMW X3 dispense un confort de très bonne facture malgré ses jantes de vingt pouces et un châssis parfaitement verrouillé qui limite avec brio les mouvements de caisse parasites en cas de conduite accélérée. Le volant est direct, précis et chaque impulsion se traduit par un placement immédiat du train avant, parfois même avec un entrain un brin artificiel. Quant au train arrière, quel que soit le mode de conduite choisi – Personal, Sport ou Efficient – il se contente de suivre, comme sur des rails, sans broncher ; à peine stimulé par la cavalerie somme toute raisonnable de son moteur.

Las, c’est en matière de ressenti que ce X3 loupe le coche. Pour incisif qu’il soit, le volant ne remonte pas la moindre information du train avant et vous impose à conduire « à l’œil » plutôt qu’avec les mains. De quoi faire voler en éclat le fameux Freude am fahren cher à BMW. Et ce constat cinglant n’est pas spécifique à cette version de base du X3. Un court galop d’essai au volant d’un M50 xDrive s’est soldé par la même absence de sensation. Vous conduisez totalement isolé de la route. Gageons que certains y verront une forme de confort, en ligne avec le silence à bord impressionnant et le ouaté des suspensions, tout au plus feutré en conduite sportive, mais jamais sec. Il est vrai que le revêtement impeccable des routes allemandes empruntées n’aura pas aidé à juger au mieux cet aspect.

Prix BMW X3 (2024)

Cette nouvelle génération du BMW X3 est plus grande, plus technologique et mieux équipée que la précédente, elle ne devient donc forcément pas moins chère. Avec un prix de départ de 56.900, notre 20 xDrive est le moins onéreux et verra son tarif flirter aisément avec la barre des 70.000 € une fois passé par le catalogue des options. En comparaison, la version Diesel, plus économique à l'usage pour les particuliers, ne réclame que 2750 € de plus. Quant aux versions hybride rechargeable 30e xDrive et sportive M50 xDrive, elles réclament un minimum de 68.650 € et 82.250 € respectivement. L'ouverture des commandes est prévues en octobre 2024.

Verdict BMW X3 (2024)

Fort d’un châssis aussi compétent que confortable, riche d’équipements à la pointe de la mode et/ou de la technologie – que ce soit de série ou en option – la quatrième génération du BMW X3 contribue à l’évolution positive de cette lignée quant à ses compétences familiales. Malheureusement, à toute médaille son revers et le X3 n’y déroge pas. Trop isolé de la réalité de la route pour offrir un véritable feeling BMW, ce nouveau venu pêche par une qualité de fabrication absolument indigne d’un blason premium. Dommage, car son style fait mouche et apporte une évidente touche de nouveauté à une dynastie qui s’était progressivement assoupie.