Concept
Récemment, j’ai pu enfourcher la nouvelle Sportster. Un modèle qui n’avait rien de la Sportster que je connaissais. Cette Nightster par contre retrouve tout le sel de la Sportster originelle. La ressemblance est frappante. Et pourtant, cette Nightster joue plutôt la carte de la discrétion. On ne compte qu’une petite poignée de sigles Harley. Guère de chrome à admirer aussi. Et l’absence d’ailettes sur le moteur à refroidissement liquide produit une impression un peu étrange. Il faut s’habituer à la nouvelle direction clairement empruntée par Harley.
C’est un peu à reculons que Harley admet que cette Nightster est produite en Thaïlande. On peut comprendre que la marque n’est pas très chaude à l’idée d’expliquer qu’un modèle ne vient pas des États-Unis. Vue de l’arrière, cette Nighster ne souffre aucune critique quant à sa finition. Sur le flanc gauche par contre, c’est une autre histoire. Dommage. On dirait même que les deux flancs de cette Nighster ont été assemblés par des techniciens différents.
Bon, de toute manière, on ne s’en rend pas compte quand on est installé sur la selle. Sur cette Nighster, on est assis très bas. 705 mm pour être précis. Et on est assis sur le réservoir. Et là où l’on trouve d’ordinaire le réservoir, c’est le boîtier du filtre à air. Entre les jambes, cette Nightster apparaît fort légère. Un coup d’œil sur la fiche technique explique pourquoi: elle ne pèse que 221 kg en ordre de marche. Des chiffres ordinaires pour un roadster, ou un cruiser. Un cruiser Harley qui a d’ordinaire plus l’habitude de viser les 300 sur la balance qu’au niveau du tachymètre.
Conduite
La Nightster continue à étonner quand on enfonce le bouton de démarreur. La bande-son n’a plus rien à voir avec l’habituel «patate-patate» qui a fait toute la légende du constructeur de Milwaukee. Encore plus étrange est l’absence totale de vibrations. Rien, nada. Je ne peux m’empêcher de tourner la poignée de gaz pour m’assurer que le moteur tourne. C’est le cas. L’embrayage est étonnamment léger, bien aidé par un levier nettement plus compact que d’ordinaire chez Harley. La boîte aussi s’avère très légère à manier. J’en arrive à me demander si on n’est pas en train de me faire un poisson d’avril un peu tardif. On va me dire dans quelques minutes que ce n’est pas une Harley, mais bien l’une ou l’autre Japonaise. Car c’est l’impression que j’ai pour l’instant.
Avec sa puissance maximale de 89 ch, cette Nightster n’est pas anémique, mais comme pour le couple, il faut attendre que la puissance arrive vraiment, même en mode Sport. La boîte 6 surprend par sa précision et son assurance. Et là encore, quasi aucune vibration à relever. Heureusement, on retrouve une position à laquelle on est habitué sur une Harley. J’en étais presque arrivé à me demander si cela ne venait pas de moi. Même si les routes espagnoles détrempées n’incitent pas à prendre plus de dix degrés d’angle dans les virages, on sent clairement que cette Nightster est plus maniable que n’importe quel autre cruiser signé Harley.
Le frein avant n’apparaît pas très mordant. Et c’est tant mieux sur ces routes humides. Le frein arrière est plus convainquant et se révèle facile à doser. L’antipatinage et l’ABS ont tout le loisir de montrer leur efficacité, surtout quand du mazout sur la route ajoute son grain de sel. Même si je ne me sens guère à l’aise dans ces conditions, cette Harley met en confiance. Elle donne l’impression de collaborer à l’effort. On ne se sent pas comme un passager simplement autorisé à l’enfourcher.
Verdict
La Nightster est bel et bien une Harley-Davidson, mais pas comme celles que l’on connaissait. La présence d’un moteur plutôt sportif réclame un peu d’adaptation. Son faible poids est quant à lui carrément révolutionnaire. Et les motards débutants seront heureux de pouvoir disposer de nombreux dispositifs électroniques.
Reste à voir si les clients fidèles de Harley vont adhérer à cette nouvelle Nightster, car on n’y retrouve nulle trace des sensations habituelles ressenties au guidon d’une Harley. Et je me dis que c’est quand même un peu dommage. Je pense que tout motard devrait avoir dans son garage cinq motos. Une pour chaque occasion. Et dans mon garage, il y a toujours place pour une Harley, pour les sorties dominicales. Mais bien que je trouve que cette Nightster n’est vraiment pas une mauvaise moto – elle est même carrément révolutionnaire pour la marque –, je me demande si je pourrais lui réserver une petite place dans mon garage.
Source : cet essai a été réalisé par notre partenaire Motorrijder-magazine.
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