Essais courts / Subaru Crosstrek (2023)

Subaru n’occupe plus en Europe qu’une position quasi symbolique en termes de parts de marché et ceux qui se souviennent de la grande époque des Impreza WRX et STi s’arrachent toujours un peu plus les cheveux en voyant la gamme actuelle. Faite de bons modèles, bien construits et visiblement développés par des ingénieurs passionnés, certes. Mais peu à même de raviver la flamme dans les yeux des aficionados. Sans doute bien conscients du déficit de notoriété, les responsables de la marque misent sur des améliorations ciblées des modèles existants, en l’occurrence le XV devient Crosstrek, son appellation officielle aux States (où il cartonne d’ailleurs), et en profite pour évoluer sur de nombreux points bien ciblés.

Concept Subaru Crosstrek

Le concept reste celui d’un crossover (qui représente au passage 40% des ventes de la marque à lui tout seul) compétent car équipé d’un flat-four (4-cylindres à plat de type boxer) au centre de gravité très bas, entrainant en permanence une transmission intégrale aux 4 roues via une boîte e-CVT Lineartronic dont on souhaite… pourtant sa disparation depuis longtemps. Comme précédemment, le 2 litres atmo est équipé d’une hybridation légère composée d’un moteur électrique de 16,7 ch/12,3 kW alimenté par une petite batterie de 0,6 kWh. Autrement dit, les évolutions 100% électriques restent impossibles, le moteur électrique étant là pour donner un petit coup de boost au thermique à bas et moyen régime et pallier ainsi le manque de couple criant de ce moteur un peu amorphe. Qui plus est, sa puissance est descendue de 150 à 136 ch pour gagner quelques grammes de CO2 (de 180 g/km pour le XV, on passe ici à 174, ce qui reste toutefois élevé). D’une répartition avant arrière du couple de 50/50% initialement, cette nouvelle génération passe à 60/40% tandis que les réglages de suspension et le mode d’ancrage des sièges avant (redessinés eux aussi) permettent, parait-il, de réduire de 44% le balancement de la tête lors du passage sur les irrégularités, améliorant au passage le confort des occupants. Les nouveaux réglages de suspension soignent de manière significative le filtrage et le maintien de caisse, malgré une garde au sol généreuse de 22 cm.

Un meilleur traitement acoustique favorise l’insonorisation, atteignant désormais un très beau niveau, hormis lors des phases d’écrasement brutal de l’accélérateur, qui se traduisent toujours par une envolée lyrique peu mélodieuse du moteur boxer à la recherche de ressources. À l’intérieur, les occupants avant se trouvent face à un nouveau tableau de bord disposant d'un écran plus généreux de 11,6 pouces à la connectivité améliorée, intégrant les fonctions Apple CarPlay et Android, tandis que les passagers arrière profitent d’une belle habitabilité et d’une banquette fractionnée 60/40 aux dossiers inclinables. Le système d’aide à la conduite inédit EyeSight voit par ailleurs ses fonctions passer de 7 à 14 surveillances et détections en tout genre pour une sécurité accrue. Enfin, le mode X-Mode qui régule les évolutions en tout terrain reste dorénavant constamment en veille et se réactive automatiquement dès que la vitesse redescend sous les 30 km/h alors qu’auparavant il fallait le réarmer à chaque fois. Et ce X-Mode fait toute la différence et l’attrait de ce Crosstrek par rapport à la concurrence.

Conduite Subaru Crosstrek

À l’usage, on prend en effet vite conscience du bien-fondé des évolutions apportées au XV quand il s’est transformé en Crosstrek. Le confort acoustique et de roulage est de fait d’un bien meilleur niveau, les matériaux et la qualité perçue à bord ont fait un bond considérable, les sièges sont parfaits de maintien et de confort, la position de conduite l’est tout autant et le comportement routier fait preuve d’une stabilité, et plus encore d’une motricité, difficiles à prendre en défaut. Le plus surprenant sans doute étant les capacités d’évolutions en tout-terrain que permet le X-Mode. Moyennant quelques interventions manuelles dans les menus du système, ce Crosstrek est capable d’évolutions en tout terrain sévère étonnantes, y compris avec les simples pneus 4 saisons qui équipaient nos exemplaires d’essai.

La rigidité de la structure permet par exemple d’encore ouvrir les portes sans effort ni grincement malgré un croisement de ponts spectaculaire. Ce crossover peut en outre prendre des angles de roulis étonnants, est capable de grimper des pentes ou de les descendre là où un humain hésiterait à s’aventurer à pied. Y compris en marche arrière, le «Hill Descent Control» fonctionnant dans les deux sens, chose assez rare pour être soulignée. Bien entendu ces essais ont été effectués sur un terrain sec. Dans la gadoue profonde, la neige ou la «soupe», les pneus à profil routier joueront sans doute le rôle de fusible. Mais quoiqu’il en soit, ce Subaru Crosstrek est l’un des crossovers les plus capables en tout terrain du marché, quand trop d’autres jettent le gant lamentablement à la première difficulté venue, malgré leurs grands airs de baroudeurs. On comprend le succès de la marque… en Autriche, en Suisse ou dans des parties du monde où les faux semblants ne sont pas de mise.

Verdict Subaru Crosstrek

Les rares modifications extérieures traduisent mal les nombreuses évolutions mécaniques apportées à ce Subaru XV devenu Crosstrek pour l’occasion. Subaru est, et reste, une marque d’ingénieurs qui ont la main sur ce qui est nécessaire en l’occurrence pour le faire entrer dans l’âge de la maturité. Évolutions de confort, de connectivité, de sécurité, de comportement routier, de qualité perçue font aujourd’hui de ce Crosstrek un engin très abouti et cohérent. Un dernier effort sur l’ensemble moteur/boîte Lineartronic pour rendre l’ensemble plus harmonieux, performant et sobre et le sans-faute ne sera plus très éloigné. Mais en l’état, si vous cherchez un crossover très confortable au quotidien et en même temps capable de grandes choses en tout terrain, ne cherchez pas plus loin si pour vous, une consommation un peu élevée n’est pas un frein rédhibitoire. Plus compétent que lui hors des sentiers battus, il n’y a pas… Dommage que les prix pour la Belgique ne soient pas encore connus.