Concept Ferrari Roma Spider
Lors de sa présentation, la Ferrari Roma a marqué les esprits en retrouvant cette fluidité de ligne, cette élégance discrète, ce charme dont Ferrari avait un peu oublié les vertus, trop accaparé par ses coupés hypersportifs destinés aux «pilotes» et autre furieux des track days. Des modèles bling-bling, compliqués visuellement, ostentatoires, remplis d’appendices agressifs. La Roma marquait à l’inverse le retour de l’élégance et de la classe à l’italienne. Une GT d’épicurien, plus que de la testostérone en vrac. Cett Ferrari Roma Spider succède donc à la Portofino M. Cette dernière, avec son toit rigide escamotable et son style lourdaud, n’a jamais véritablement trouvé ses lettres de noblesse. La Roma Spider lui succède donc… avec d’autres atouts.
Contrairement à celle qui va bientôt quitter le catalogue, elle adopte un toit souple qui s’ouvre ou se ferme en 13 secondes, jusqu’à 60 km/h. Bien sûr, il a fallu consentir à quelques renforts ciblés pour pallier l’absence du toit, dont le rôle de rigidification est bien connu. Dès lors, le Spider perd 30% de rigidité de coque et prend 84 kg d’embonpoint par rapport au Coupé. Pour faire face à cette légère perte de rigidité, les amortisseurs pilotés magnétorhéologiques font l’objet d’un calibrage spécifique, tendant vers un tarage un peu plus conciliant. Cette coque moins «figée» et ces nouveaux réglages d’amortisseurs aboutissent aussi, in fine, à une direction dont le principe de base reste évidemment inchangé par rapport au coupé, mais un poil moins tranchante et donc moins «fatigante» que celle du Coupé, avec à la clé une dégradation de la précision et de l’incisivité à peine perceptibles.
Le V8 biturbo de 3,9 litres et 620 ch et bien sûr identique à celui du Coupé. Le V8 à manetons décalés (et dépourvu au passage de toute hybridation, même légère) produit, en usage courant, une sonorité très discrète et feutrée comme il sied à un modèle appelé à être utilisé tous les jours. Rouler en mode Comfort ou Sport ne change pas grand-chose. Pour véritablement jouir d’une sonorité plus évocatrice, il faut passer en mode Race. Mais même dans ce cas de figure, la sonorité n’a rien d’une vocalise aigue et puissante. L’architecture typique du vilebrequin de ce V8 aboutit certes à une meilleure réactivité à bas et moyen régime, mais aussi à une sonorité qui s’apparente en fait à celle d’un «double 4-cylindres». Mais n’oublions pas que cette Roma Spider est une GT destinée à faire profiter ses occupants d’une dolce vita de longues heures durant en leur évitant si possible de finir sourds ou victimes d’acouphènes. En ce sens, ce choix technologique parait tout à fait cohérent.
La boîte de vitesse robotisée double embrayage à 8 rapports est reprise de la SF90, moyennant quelques évolutions, touchant principalement à des rapports de démultiplication supérieurs plus longs et à l’adoption… d’une marche arrière. Un gros travail a été fait aussi sur l’aérodynamique pour tenter de minimiser les différences de comportement entre les évolutions toit ouvert et fermé. C’est ainsi que l’aileron arrière mobile peut prendre 3 angles d’incidence différents selon les cas : Low Drag (faible traînée) jusqu’à 100 km/h, Medium Downforce (appui modéré, de 30% supérieur, traîné dégradée de 1%) et High Downforce (fort appui, atteignant 95 kg de déportance à 250 km/h, mais ne dégradant la trainée que de 4%). Bien assis dans des sièges intégrant un chauffage de nuque, les occupants profitent en outre d’une certaine quiétude, y compris lorsque le toit est ouvert. Il faut y voir bien sûr le résultat d’un travail aérodynamique aussi soigné que discret et d’un système anti-remous pour le moins original, qu’il est possible de déployer jusqu’à 170 km/h. En fait, il s’agit d’un rabat rigide articulé sur la partie supérieure des sièges arrière qui se relève d’une pression sur le bouton adéquat et divise grosso modo les remous en deux, une partie étant évacuée par sa partie supérieure le long du couvercle de coffre, l’autre étant dirigée vers le bas, une zone où les turbulences sont plus faibles et où les courants d’air nuisibles sont alors «noyés» dans une zone calme. Ingénieux, mais ça marche.
Conduite Ferrari Roma Spider
C’est toujours chouette quand un responsable d’une marque, surtout comme celle-là, vous tend les clés un beau matin en vous disant en gros : «Ecco, questa è la tua macchina per la giornata, sei da solo, goditi il percorso, ci incontreremo all'arrivo…» (voilà c’est ta voiture pour la journée, tu es seul, profite du parcours, on se retrouve à l’arrivée). J’adore cet accent du Nord (de l’Italie) quand il ouvre la porte à une telle perspective. La journée pour soi, du matin au soir. Pour soi, en Roma Spider. Vous commencez à comprendre pourquoi j’aime ce métier. C’est pour ces moments de grâce, occasions rares, de plus en plus noyés entre des galops d’essai de 100 km en SUV électrique qui nous font tourner en rond autour des aéroports sur des parcours sans intérêt. Heureusement, il reste ces moments d’exception dont on a presque honte de profiter. Après un petit briefing nécessaire pour s’y retrouver entre le manettino, les différentes aides à la conduite (la plupart déconnectées d’emblée…), les différents affichages au tableau de bord numérique et le maniement des boutons de commande de la boîte auto, il est temps d’aller tutoyer les frontières du politiquement incorrect, ce qui se résume de nos jours de plus en plus à… oser démarrer un V8 de 620 ch. Dieu que cette sensation de transgression fait du bien. Au diable, les bien-pensants. À ce soir, messieurs.
D’emblée, ce qui surprend, c’est le confort et la facilité d’utilisation en conduite courante, coulée. On se croirait presque à bord d’une MX-5 tant tout tombe bien sous la main. La Roma Spider, comme le Coupé du reste, demeure en effet très facile d’accès, ce qui constitue bien sûr une qualité marquante pour un modèle destiné à être utilisé au quotidien. L’habitacle respire la qualité, certaines commandes tactiles demandent un peu de… doigté mais pour le reste, l’ergonomie globale est agréable. Les deux grandes palettes fixes derrière le volant ne demandent qu’à être actionnées. Mais patience. Pour l’heure, on sort du village baigné de torpeur matinale en mode automatique, furtif.
Mais se profile vite une route qui se dégage et file vers un horizon vierge de tout danger. Finie, la rêverie. Il est temps de faire hurler le V8 à 8000 tr/min et de ponctuer son ascension du compte-tours de quelques coups de palettes. Si la sonorité n’est pas la plus mélodieuse (ça se discute, d’accord, mais on a entendu mieux chez Ferrari), les sensations sont bien heureuses. L’accélération est bien sûr époustouflante, du genre qui coupe le souffle, mais ce qui surprend c’est l’équilibre de cette Roma Spider en courbe. La train avant n’hésite jamais à s’inscrire, il est d’une fidélité à la trajectoire sans faille. La caisse s’inscrit sans délais ni roulis, malgré des suspensions présentées comme plus souples. En mode Race, il devient possible de jouer un peu avec les transferts de masse et le survirage de puissance. Dans une certaine limite. Car la Roma est dépourvue de la fonction «TC-off» qui déconnecte totalement l’antipatinage. Dans les faits, elle reste donc constamment sous le regard plus ou moins bienveillant (selon les modes de conduite) de l’électronique, regroupée sous l’appellation Side Slip Control 6.0 et, le cas échéant, du Ferrari Dynamic Enhancer actif uniquement en mode Race qui ajoute une fonction de répartition vectorielle de couple, laquelle permet en effet de plus grandes latitudes au comportement routier.
On prend du plaisir bien sûr à brusquer cette Roma, compétente, mais pourtant on se rend vite compte qu’on «surjoue». Certes, elle est capable de performances ahurissantes si on le lui demande. De fait, elle affiche un niveau de performances bien supérieur au seuil de compétences de l’immense majorité des clients lambda. Mais… ce n’est paradoxalement pas ce qu’elle préfère. Elle savoure davantage une conduite coulée, fluide, rapide bien sûr, mais pas heurtée. Une Ferrari loin des caricatures trop souvent vues ailleurs, y compris dans le haras du cheval cabré.
Verdict Ferrari Roma Spider
Avec la Roma Spider, Ferrari ajoute une dimension supplémentaire au plaisir de voyager au long cours à bord d'une GT estampillée du célèbre cheval cabré. Légèrement plus confortable que le coupé, à peine moins précise et toujours aussi performante, la Ferrari Roma Spider offre aux afficionados de la marque un soupçon de romantisme supplémentaire sans renier les fondamentaux d'efficacité, de performance et de maîtrise qui caractérisent les autres modèles de la marque, l'élégance italienne en plus.
Dans cet article : Ferrari, Ferrari Roma
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