- Avis Rédaction /20
Depuis mon adolescence, je suis un grand fan du Jeep Grand Cherokee et j’avoue sans peine que la génération sortante comptait parmi mes voitures favorites, qu’il s’agisse des deux premières générations « ZJ » et « WJ » ou de la quatrième « WK2 ». Cette dernière ayant ma préférence, surtout dans sa version SRT mais aussi dans sa variante Diesel, pour son côté « American way of drive » fait de rondeur mécanique, de moelleux dynamique ou de désuétude technologique anachronique mais attachante. J’étais donc impatient de pouvoir prendre le volant de la dernière génération en date, lancée en janvier 2021. L’attente fut longue – près de 3 ans – et l’inquiétude grandissante en sachant que seule la variante 4xe hybride rechargeable serait commercialisée en Belgique. Mais cela en valait-il la peine ? Oui et non…
J'ai aimé Jeep Grand Cherokee 4xe
Avec sa calandre typique, ses passages de roues trapézoïdaux et ses proportions classiques, la cinquième génération du Jeep Grand Cherokee est immédiatement identifiable. Il a de la gueule, il impose une véritable présence mais sans pour autant la jouer agressif ou m’as-tu-vu. Certes, je n’opterais pas pour la combinaison carrosserie blanche et pavillon noir au contraste manquant un peu de raffinement à mon goût, mais ce Grand Cherokee ne laisse pas indifférent et sa rareté le rend encore plus remarquable – au sens premier du terme – tout en générant des réactions plutôt positives de la part des passants que l’on croise. Je ne suis pas féru de SUV, mais ce tout-terrain civilisé me plait toujours autant. C’est un des rares de son espèce au volant duquel je n’ai pas honte de rouler.
Alors certes, l’extérieur est réussi comme pour la plupart des itérations du Grand Cherokee, mais la vraie surprise vient de l’habitacle. Le bond en avant par rapport à la génération précédente est spectaculaire, que l’on parle de style ou de technologie embarquée. La qualité de fabrication reste de bonne facture mais n’a pas progressé de manière significative sur un plan concret. Cela reste une voiture américaine et le niveau des références européennes ou asiatiques n’est pas encore atteint, mais soit. C’est l’impression de qualité et de luxe qui est montée d’un cran, c’est déjà ça ! La combinaison entre les inserts de bois, de chrome et de piano black fonctionne très bien et la sellerie cuir aux surpiqures contrastées ajoute au plaisir des yeux. Toutes les surfaces en contact rapproché avec les mains sont agréables au toucher et l’ambiance générale s’avère chaleureuse, sans omniprésence ostentatoire de la technologie qui s’insère « naturellement ». La technologie, parlons-en justement. Tout est là, de l’infodivertissement dernier cri – avec même un écran spécifique en face du passager avant – aux équipements de confort – chauffage, ventilation et massage des sièges – en passant par une installation audio McIntosh très qualitative. Je ne suis pas un fan de country music mais aligner les kilomètres avec un bon Chris Rea en fond sonore m’a rappelé mes escapades en Virginie ou dans le Massachusetts… the American way of drive guys !
Mais l’une des principales raisons de ma dévotion au Grand Cherokee tient à ses capacités réelles en tout-terrain. Aussi embourgeoisé soit-il devenu à l’intérieur, le Grand Cherokee 4xe 2023 n’a rien perdu de ses aptitudes en dehors des sentiers battus. Suspension réglable en hauteur, vitesses courtes et assistance à la descente se combinent parfaitement au mode Rock pour s’amuser et effacer d’une caresse sur l’accélérateur de toutes les difficultés qui se dressent face à soi… cet engin grimpe littéralement aux arbres ! S’ils sont secs bien entendu, son seul facteur limitant restant la monte pneumatique routière. À la moindre couche de boue, la motricité s’évapore sur un parcours accidenté et une petite pente innocente dans un sous-bois peut se transformer en obstacle infranchissable pour ce franchisseur-né qui paie alors aussi le prix de ses 2,5 t sur la balance ! Dommage car les évolutions en « terres sauvages » sont un véritable régal, surtout en mode 100 % électrique où l’hybridation prend tout son sens et s’avère redoutable d’efficacité…
Je n'ai pas aimé Jeep Grand Cherokee 4xe
… mais c’est peut-être le seul contexte dans lequel la motorisation hybride rechargeable du Jeep Grand Cherokee trouve une utilité réelle et tire son épingle du jeu. Car dans pratiquement tous les autres cas de figure, elle fait office de principal grief à l’encontre ce véhicule. Certes, évoluer en mode électrique en ville est plaisant mais la gestion du freinage régénératif n’est pas exempte de tout reproche et la conduite « one pedal » n’est pas possible. En outre l’autonomie réelle en « zéro émission » ne dépassera que rarement les 30 km, ce qui reste insuffisant pour un tel véhicule. En outre, il vous faudra au minimum 2h30 pour recharger la batterie complètement avec une borne AC capable de délivrer 7,1 kW. Une bonne nuit de recharge sur une prise classique en 2,3 kW suffit également. Seul hic, il faut recharger très – trop – souvent pour profiter de la dimension électrique de ce PHEV. Un coup dans l’eau donc, d’autant plus que la consommation réelle mixte est supérieure à 11 l/100 km…
S’il bénéficie de 375 ch et 637 Nm – quand il y a encore du jus dans la batterie donc – ce jeep Grand Cherokee n’a rien d’impressionnant sur le plan des performances mais dispose d’un allant suffisant pour l’emmener en toute sérénité. Par contre une fois que seul le moteur thermique entraîne ce SUV de 2,5 t – sans les passagers – la musique est très différente et aligne les fausses notes. Le 4 cylindres vous inflige une sonorité agricole indigne d’un modèle de ce standing et impose des changements de rapports trop fréquents que la boîte automatique ZF a du mal à gérer tout en manquant de punch pour se défaire du trafic environnant en toute sérénité. L’agrément s’en ressent fortement et à ce prix, c’est plus que dommage.
En effet, à 93.000 € minimum, la facture pique un peu ! D’autant plus que même les indépendants ou bénéficiaires d’une voiture de société n’ont jamais eu le moindre intérêt fiscal tangible à acheter ce SUV PHEV émettant plus de 50 gr/km de CO2. Le choix de ne vendre le Grand Cherokee que dans sa seule version 4xe en Europe s’ajoute donc aux nombreuses décisions dénuées de bon sens du groupe Stellantis. À ce prix, le client susceptible d’acheter un Grand Cherokee le fera pour sa dimension américaine qui en fait un véhicule à part dans sa catégorie. Sur le plan du style, du confort ou des aptitudes en tout-terrain, le Grand Cherokee 4xe a du répondant, mais soyons clairs les ventes risquent de rester confidentielles. Dès lors, il eut été plus intelligent et porteur de le commercialiser avec son V6 3,6 l de 296 ch ou mieux son V8 5,7 l de 357 ch qui auraient assuré un certain dépaysement, un véritable raffinement mécanique et une conduite d’autant plus agréable qu’ils sont respectivement 400 et 150 kg plus légers. Cela dit le V8 n’est plus vendu non plus désormais aux USA mais le V6 persiste.
Donc Jeep Grand Cherokee 4xe
J’ai toujours adoré le Jeep Grand Cherokee et la génération précédente m’avait laissé un souvenir ému. Le Grand Cherokee de cinquième génération perpétue cette tradition partiellement. Pour le look, le confort, les capacités d’évasion et le charme très américain de son habitacle, je dis bravo. Par contre, pour le 4xe mentionné sur sa carrosserie et tout ce que cela suppose sur le plan mécanique et de l’agrément de conduite, je dis zéro… ou presque. Dommage, mais qui sait, peut-être la sixième génération qui deviendra électrique ravivera-t-elle la flamme… dans quelques années.
Dans cet article : Jeep, Jeep Grand Cherokee
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