Essais blog / Qu’avons-nous pensé de la BYD Dolphin 2024 ?

J’ai eu l’occasion, il y a plusieurs années, d’essayer l’une ou l’autre chinoises qui déclaraient vouloir s’attaquer au marché européen. Petites prétentieuses, naïves inconséquentes ! Ces modèles de brouillon n’avaient aucun atout à faire valoir : ligne créée par un designer neurasthénique, qualité globale en dessous de tout, sécurité absente, qualités routières inexistantes… L’aventure a vite pris fin. Mais visiblement, il vaut mieux ne pas vexer un Chinois ou lui manquer de respect. Celles-là sont retournées chez elles aussi vite qu’elles étaient venues. En étions-nous débarrassés pour autant ? Les plus naïfs ont cru que oui, que la menacé avait disparu. Grave erreur.

Enfermé dans son honneur et sa fierté, son patriotisme aussi, le Chinois s’en est retourné et… a travaillé, a pompé ce qu’il pouvait, s’est doté de moyens financiers considérables, s’est entouré de compétences diverses et variées et, à l’abri des regards, il s’est développé à la vitesse de la lumière. L’un des plus ambitieux d’entre eux, BYD (que certains sur les réseaux sociaux surnomment «bide» ; quels idiots : aujourd’hui BYD vend plus de VE dans le monde que Tesla et la Chine est devenue le premier exportateur mondial de voitures et… de batteries, grâce à CATL et… BYD !),BYD donc est un véritable poids-lourd de l’industrie mondiale au sens large. Un empire qui croule sous le cash… BYD propose à ce jour 6 modèles (Atto3, Han, Tang, Dolphin, Seal, Seal U) 100% électriques, de la petite citadine au SUV familial en passant par une berline-coupé qu’aurait parfaitement pu dessiner Volkswagen, Ford ou Peugeot par exemple. Et BYD de s’appuyer sur un réseau de 8 concessionnaires en Belgique et un au Grand-duché de Luxembourg. Place au récit de l’expérience vécue après quelques jours au volant de la Dolphin…

J'ai aimé BYD Dolphin 2024

Il y a quelques années, même à l’aveugle, il n’aurait pas été difficile de deviner que l’on se trouvait à bord d’une chinoise. Mais ça, c’était hier. Faites l’expérience aujourd’hui et masquez le logo BYD sur le volant: pas sûr que ce soit évident. En effet, la petite Dolphin présente bien, sa qualité perçue, le choix des matériaux, les accostages, la finition pourraient laisser penser, à l’aveugle toujours, que l’on se trouve dans une Polo ou une Fabia. Il n’y a plus de différence qualitative. Et s’il y a 15 ans, une chinoise relevait du cercueil roulant, aujourd’hui, la Dophin décroche 5 étoiles aux crash-test européens Euro N-Cap.

Le design intérieur reste un peu asiatique, certes, à la limite du kitsch à certains endroits, d’accord, mais c’est bien construit, pratique avec de multiples espaces de rangement, il y a de la place, du silence et du confort. La version essayée est celle équipée de la grosse batterie de 60 kWh et du moteur électrique de 150 kW/204 ch et 310 Nm. De quoi parcourir officiellement 427 km selon la norme WLTP, voire 559 en milieu urbain. Dans les faits ? On n’a éprouvé aucune difficulté à dépasser le cap des 350 km réels malgré des conditions météo de grand froid (0 à -6°), avec une consommation qui s’est stabilisée autour des 17-18 kWh/100 km. Et les aspects pratiques lors de la recharge sortent renforcés par le chargeur embarqué de 11 kW de série et par sa capacité à accepter du 88 kW sur une borne rapide. Franchement, au terme d’une semaine d’essai faite d’un parcours en bon père de famille domicile-boulot-courses-loisirs, la range anxiety (la peur de la panne «sèche») n’a jamais été prégnante. Et cela n’a jamais une punition de prendre à place à bord. À une exception près…

Je n'ai pas aimé BYD Dolphin 2024

Les Chinois sont un peu biberonnés au numérique, au digital… parfois à l’excès. Et parfois jusqu’à l’exaspération. D’accord, tout n’est pas de leur faute : l’Europe et l’Euro N-Cap imposent en effet chacun à leur manière leur lot d’équipements de sécurité active et en particulier l’avertissement sonore de dépassement de la vitesse légale. OK, mais certains prévoient des alertes sonores discrètes. Ce n’est pas le cas ici et c’est agaçant. D’autant que des bips, il y en a pour tout et pour n’importe quoi ; ça n’arrête pas. Bien sûr, il y a moyen de les désactiver. Mais il faut le faire un par un, à chaque fois qu’on met la voiture sous tension et surtout, tous sont cachés dans des menus pas toujours évidents à atteindre. Rien que cela pourrait constituer un frein à une acquisition éventuelle.

Et puis, la connectivité extrême c’est bien, l’écran central qui pivote à 90° (en mode portrait ou paysage, au choix), c’est rigolo, pouvoir choisir ses couleurs et ses ambiances intérieures, ça fait chic, mais réglez d’abord le problème du DAB+ car, en l’occurrence, il est victime de rupture de faisceau très fréquentes qui font que la radio se coupe parfois de longues minutes, hésite, revient, repart, crachouille… On connait l’appétence des Chinois pour tout ce qui est technologique et un peu bling-bling, mais revenez à plus de raison et faites en sorte que tout cela fonctionne sans problème avant d’envisager de développer des fonctionnalités dont on n’a pas toujours l’utilité.

Donc BYD Dolphin 2024

Objectivement, cette Dolphin est une bonne surprise : bien construite, bien finie, bien équipée, confortable et agréable sur la route, dotées de capacités de recharge intéressantes, d’une autonomie réelle qui la rend parfaitement utilisable, très sûre aussi si l’on en croit les crash-test Euro N-Cap. Du long de ses 4,29m, elle offre une bonne habitabilité, de nombreux aspects pratiques, affiche une réelle polyvalence à l’usage, ses garanties sont généreuses.

Mais… Au quotidien, ses nombreux «bips» en tous genres sont exaspérants et sa connectivité pas toujours très «stable». Cette version Comfort haut de gamme, de 204 ch et dotée de la grosse batterie de 60 kWh permettant 427 km d’autonomie WLTP, est affichée à 34.490 €. Ou plutôt 29.490 € pour nos amis du nord du pays qui peuvent bénéficier de l’incitant flamand de 5.000 €. À ce niveau de prestations globales, ça devient une affaire presque accessible au particulier, surtout pour une 100% électrique. A titre de comparaison, la plus puissante de e-208, sans doute la plus intéressante des citadines électriques locales et l’une des plus vendues, n’affiche que 156 ch mais commence à plus de 40.000 €. On comprend l’enjeu des tensions commerciales entre l’Europe et la Chine…