- Avis Rédaction /20
On ne va pas refaire l’histoire… L’électricité est en marche et il semble impensable aujourd’hui de faire marche arrière. Raison de plus pour profiter encore un peu de ce que l’industrie automobile traditionnelle fait de mieux avant de passer à autre chose. Cultiver la passion tant qu’elle n’est pas encore interdite, profiter de l’instant présent avant sans doute de tourner une page vers un chapitre plus politiquement correct et sans doute nécessaire, il ne faut pas se mentir.
En attendant, il reste de ces ilots préservés, où gambadent dans des plaines encore sauvages, quelques réfractaires au changement et qui s’assument pleinement. Et quoiqu’on ait pu craindre à un moment donné, la Mustang fait partie de ce troupeau sauvage, de plus en plus en plus clairsemé. Du moins dans son appellation Mach 1 qui n’a que faire de l’électricité, ni même du 2.3 EcoBoost bien gentil mais incapable de perpétuer la légende. D’ailleurs, n’a-t’il pas disparu du catalogue ? La Mach 1 c’est du brut de fonderie et c’est pour ça qu’on l’aime… Vous voulez savoir pourquoi ?
Chouette
D’abord il serait faux de dire que la Mach 1 est la dernière vraie Mustang sauvage car la Shelby GT500 l’est encore plus. Avec son V8 de 5,2 litres suralimenté par un compresseur Roots, cette Shelby, qui affiche 760 ch et 850 Nm, évolue dans un autre monde, dans lequel elle vise, avec des ingrédients bien à elle, rien de moins que les Ferrari 812 ou Porsche 911 GT3. Mais… elle n’est pas vendue en Europe !
Dès lors, cette Mach 1 colle parfaitement à la philosophie qui avait vu naître l’appellation en 1969 : de la performance, oui, mais pas aussi radicale que les versions Boss (302 et 429) de l’époque, qui étaient en quelque sorte prêtes à courir sur les speedways locaux. Cette Mach 1 se profile plutôt comme une GT. Son V8 atmo de 5 litres constitue tout à la fois son âme, son cœur, ses poumons,… Le réveiller d’une pression sur l’interrupteur ad hoc fait déjà présager un moment de bonheur auquel seront sans doute moins sensibles les voisins en cas de départ matinal, un dimanche à l’aube par exemple. Pas grave : en vrais passionnés, les miens ne m’en ont jamais voulu. Au programme de la journée : 460 ch et 530 Nm qui, il faut l’admettre, ne sont pas de trop pour les 1.800 kg de l’engin. L’évolution de puissance n’est pas flagrante par rapport aux Mustang V8 «normales» mais elle est au service d’évolutions en matière de trains roulants qui doivent permettre à cette Mach 1 de soigner son comportement.
Celui-ci est d’ailleurs largement paramétrable via les différents modes de conduite. Selon les réglages retenus, vous resterez bien dans votre bande de circulation ou… vous enroulerez les bretelles d’autoroute et les ronds-points en mode Ken Block. À condition d’en avoir le talent. Soyons honnête, cette Mach 1 n’a pas la précision chirurgicale d’une 911 par exemple, mais quel tempérament ! Et ne vous fiez pas aux origines US de ce big block : celui-ci monte à 7500 tours dans un grondement rappelant le son des chevauchées fantastiques des hordes de chevaux sauvages dans les westerns de notre enfance.
Et avec un peu d’habitude, on est surpris de la prévenance du châssis, jamais vicieux. Certes, si les conditions d’adhérence sont du genre « gras-humide », il faudra se montrer circonspect, même avec toutes les bretelles sécuritaires enclenchées. Mais le décrochage n’est jamais violent, toujours téléphoné et progressif et donc aisément contrôlable. Vous passerez moins vite en courbe que votre voisin avec sa 911, et alors ? Le plaisir est-il lié à la vitesse réelle ou à la « sensation » de vitesse ? Question philosophique. Mais pour notre part, « la question est déjà répondue »…
Dommage
Ce dernier dinosaure de la production automobile actuelle a les défauts de ses qualités. Une vraie personnalité, mais du genre à prendre ou à laisser. Si vous êtes insensible (mais comment peut-on l’être ?) à un certain tempérament et à un comportement moins rigoureux (mais tout aussi plaisant) que celui de certaines sportives bien établies, vous ne comprendrez pas la Mustang Mach 1.
D’autant qu’il faut être objectif : ce V8 a la même appétence pour le sans-plomb que pouvait l’avoir Charles Bukowski pour le whiskey sur un plateau de télé. N’espérez rien en dessous de 10 à 12 l/100 km en conduite normale. Or, la conduire « normalement » n’a rien d’aisé… Et malgré la suspension pilotée MagneRide, le comportement donne l’impression de ne jamais être calé sur ses appuis. Ceux qui ont le bonheur d’avoir conduit des Corvette comprendront…
Mais ce bonheur, le fisc belge le fait payer cher. Avec 284 g/km de CO2 pour le version à boîte manuelle et 270 g pour la version automatique (10 rapports), vous payerez plein pot. Mais ce coup de massue sera moins violent sachant que la mise de départ reste « raisonnable » : comptez 61.150 € pour la version à boîte manuelle 5, 63.950 € pour la boîte automatique. Vous en connaissez beaucoup des engins de 460 ch et d’un tel tempérament à un prix comparable ? Une Jaguar F-Type P450 Coupé est par exemple à plus de 95.000 €. Et ne parlons même pas des Allemandes ou des Italiennes de tout acabit…
Et si finalement, la plus proche concurrente de cette US sauvage venait elle aussi de l’autre côté de l’Atlantique ? La nouvelle Corvette C8 Stingray et son V8 de 6,2 litres, 482 ch et 613 Nm, s’offre à vous pour 88.000 € environ en Coupé (et 95.000 en Cabrio). Mais cela fait encore près de 30.000 € d’écart !
Donc
Une Mustang n’a jamais été une voiture comme les autres et celle qui fut considérée à ses débuts, de manière assez pitoyable, comme la « voiture des secrétaires » a heureusement connu par la suite une carrière qui a forgé sa légende. Et cette Mach 1 est sans conteste plus fidèle à la légende que la Mach-E.
Imparfaite, gloutonne, lourde, plombée de taxes ? Oui, bien sûr. Mais à ce prix-là, que ne lui pardonnerait-on pas ? D’autant qu’elle se montre si généreuse en sensations, en plaisir auditif, en exclusivité. Son côté rebelle n’a en fait pas de prix.
Dans cet article : Ford, Ford Mustang
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