La version officielle de la SRT/10 sort pour le millésime 2003 aux Etats-Unis et fin 2004 chez nous. Elle remplace la monstrueuse première Viper, commercialisée, elle, depuis 1992. Si l’ensemble paraît visuellement un peu plus civilisé, il ne faut pas s’y tromper: la bête reste monstrueuse et toujours élaborée par le département Street & Racing Technologies, d’où le nom SRT. En fait, cette génération de Viper bénéficie surtout des enseignement tirés des 10 ans de carrière de la première du nom, qui frôlait la caricature dans bien des domaines.
Moins artisanale
Nous sommes au début des années 2000. L’automobile se gentrifie, la Viper aussi. Bon, pas tant que ça. Les lignes sont certes beaucoup plus fluides, le bossage de l’aile possède cette touche rétro, d’accord. Mais la Viper affiche aussi et surtout ces lignes exubérantes à l’excès, voyantes, gonflées à la testostérone. Cela se traduit par exemple par la large écope latérale en aval des ailes avant, les prises d’air du capot… Et que dire des jantes (18” à l’avant, 19 à l’arrière) ? Chromées ! On n’a plus osé depuis bien des années. Voilà en tout cas un style en rupture complète avec les habitudes de fluide élégance des grands carrossiers européens, mais fidèle à 100% à l’esprit des muscle cars US.
Néanmoins, cette génération s’affiche plus aboutie que la première, ne serait-ce que parce que sa capote ne s’envole plus si l’on approche les 200 km/h ! Et si l’intérieur ne fait toujours pas dans la dentelle, il est plus ergonomique et accueillant que celui de la première Viper, où la position de conduite, en particulier, apparaissait pour le moins… bizarre.
Hors normes
Sous le long capot (observez qu’il s’ouvre de manière conventionnelle désormais), point de downsizing, un mot aussi tabou aux États-Unis que « sécurité sociale ». Le V10 de 8 litres et 400 ch laisse ici sa place à… un 8,3 litres de 506 ch et 712 Nm, secondé par la même transmission Tremec manuelle à 6 rapports, mais renforcée. L’expérience du Mans a certainement joué… La vitesse maxi de 306 km/h est atteinte en 5e et le 1000 m départ arrêté en 22,6 s donne des sueurs froides aux ténors européens, avec Lamborghini et Porsche en ligne de mire.
Ces performances hors normes se doublent d’une sonorité musicale ayant la finesse d’un opéra de Wagner, qui s’exhale par les échappements latéraux très libérés. Et pour la consommation, il faudra se rappeler qu’on a affaire au plus gros moteur d’automobile de son époque, ce qui se solde par une moyenne pouvant dépasser les 20 l/100 km. De quoi vous faire obtenir d’office une carte Gold chez Total. Sans même parler des taxes de roulage.
Chassez le naturel…
Le châssis de la Viper SRT-10 reprend les préceptes de son aînée en faisant confiance à un châssis tubulaire. Le freinage est assuré par 4 énormes disques ventilés. Ici, pas d’assistance électronique castratrice, mais le monstre inaugure l’ABS ! Quelle révolution !
La Viper s’est assagie grâce une suspension plus filtrante et une structure globale absorbant mieux les vibrations. La rigidité torsionnelle a elle aussi été revue. Par rapport à l’ancienne mouture, les réactions en situation extrême s’avèrent beaucoup plus progressives. Mais il ne faut pas se leurrer: la Viper est une voiture au comportement efficace, mais caricatural à la limite, et qui demande un certain engagement de la part de celui qui est à son volant. Et ce n’est pas toujours de tout repos. Surtout sous la pluie avec ce couple de camion.
La Viper SRT-10 reprend donc les fondamentaux de la première génération en gommant ses erreurs de jeunesse. Une version manifestement arrivée à maturité. Pour trouver une Viper à dompter, les enchères démarrent autour des 40.000 €… Comptez de 50.000 à 55.000 € pour les exemplaires les plus proches de l’origine et les kilométrages les plus faibles. Officiellement, le roadster n’a été distribué chez nous qu’entre 2004 et 2007…
Mais un coupé a aussi existé, vendu officiellement outre-Atlantique. Correctement entretenue, la mécanique d’un autre temps est extrêmement fiable. Si on pouvait résumer d’un qualificatif l’aura de la Viper, c’est « provocatrice ». Rouler en Viper dans l’Europe de 2020, c’est demander un steak saignant dans un restaurant vegan, c’est défendre une opinion marginale sur Twitter, c’est faire des donuts dans une manifestation pro-vélo! Dans cette ère antibagnole, où le politiquement correct règne en dictateur, la Viper est un plaisir anachronique. Cet air de m’as-tu-vu à bord de ce showcar homologué pour la route vous attirera peut-être quelques pouces levés des initiés, mais surtout des regards noirs. Certains vous traiteront peut-être de « beauf ». qu’importe. Car le credo de la Viper, c’est bien le fun à son volant, un plaisir simple, archaïque (comme sa conception), considéré aujourd’hui comme « égoïste ». Profitons-en tant que c’est encore possible…
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