Depuis 1979, la RX-7 fait rêver les passionnés un peu connaisseurs, sans pour autant rester punaisée sur les murs de nos chambres d’ados. Cette sportive aux lignes racées demeure pourtant relativement accessible, du moins financièrement. Car en trouver relève de la gageure. En ce début de la décennie 2000, cette troisième génération assure la continuité de la lignée, faisant toujours appel à ce moteur rotatif si particulier. Elle est devenue extrêmement populaire avec le jeu vidéo Gran Turismo, qui mit en lumière les monstres nippons, et dans le monde du tuning avec la saga The Fast and The Furious. Il s’agissait de ne pas rater le lancement de cette Mazda pas comme les autres. D’autant plus que Nissan, le concurrent, avait dans les cartons une descendante de sa mythique Z.
Le coup de crayon de la RX-7 « FD » de 1992, toujours commercialisée au Japon, délicieusement biodesign, est aujourd’hui devenu un des plus mythiques de la production nipponne. Bien en a pris au constructeur d’Hiroshima, qui n’a pas laissé son audace au vestiaire ! Même si son originalité principale, mais pas unique, réside sous son capot : la RX-8 est la dernière voiture du marché à utiliser encore un moteur rotatif !
Pas tant coupé que ça
La RX-8 a une ligne unique. Extérieurement, elle se distingue de ses concurrentes par ses ailes avant au galbe proéminent, point de départ d’une prise d’air latérale (sur les « première phase »), et son museau taillé en V se terminant en une large bouche évoquant une voiture de compétition d’il y a quelques décennies. Sa ligne est pure tout en inspirant la sportivité. On peut dire qu’elle reprend le meilleur des deux extrêmes. Elle joue l’exagération des formes qui pourrait être vue dans des mangas, tout en n’étant pas vulgaire. Indécise, la RX-8 ? Pourtant, le meilleur reste à venir. Coupé ou berline ? C’est à vous de décider… La ligne très dynamique, tassée, reprend tous les codes du coupé. Le pavillon est pourtant légèrement rehaussé à l’arrière et la lunette qui déborde sur les flancs nous rappelle les fifties… Vous a-t-on précisé qu’elle a 4 portes ? Pas exactement : la RX8 dispose de portes arrière à ouverture antagoniste qui, fermées, servent de pilier central… Des jantes à 5 bâtons très années 2000 complètent cette réussite esthétique, une sorte de « best of » de ce que l’automobile peut offrir.
L’intérieur n’est pas en reste ; comme l’extérieur, il reprend une bonne partie des codes dévoilés par le concept RX-Evolve 4 ans auparavant. Les baquets, comme une majeure partie de la voiture, sont ornés de dessins de rotor triangulaire ramenant à l’architecture mécanique de la voiture. Un gros tunnel central à rebords en aluminium poli traverse l’habitacle, faisant de la RX-8 une « 2+2 ».
Pas de piston non plus
Derrière ces lignes aguichantes se cache un petit 1300 cm3. Bon, d’accord, nous trichons un peu : il s’agit d’un moteur Wankel à 2 chambres de combustion parcourues par deux rotors triangulaires, le tout pour une cylindrée de 2x654 cm3. NSU et Citroën s’y étaient essayés, mais la mise en œuvre avait tourné à l’échec : le premier avait mis la clé sous le paillasson en août 1969 et le second s’était empressé, fin 1975, d’enterrer sa tentative en rachetant et détruisant un maximum de preuves subsistantes. Outre le manque d’étanchéité du rotor des débuts, le problème de cette architecture, excellente en tout point sur le papier, surtout en cette ère de downsizing, était sa consommation. Seul Mazda a essayé de généraliser ce type de moteurs dans sa gamme avant de ne le destiner qu’au sport, glanant de sacrés lauriers en compétition, notamment avec des victoires aux 24 Heures de Spa en 1981 et du Mans en 1991.
Contrairement à la RX-7, la RX-8 restera 100 % atmosphérique. Ce moteur « Renesis » de conception 100 % Mazda a droit à deux exécutions : un accès de gamme de 192 ch et une version « Performance » de 231 ch. Pas mal pour un petit cube ! Multipliez la cylindrée par deux pour avoir l’équivalent du 4 temps de papa ! Le couple n’est pas à son avantage (211 Nm à 5500 tr/min pour la version 231 ch), mais la boîte à 6 vitesses remplit son office avantageusement et le son caractéristique du rotatif vous poussera à jouer avec la zone rouge très haut perchée (9000 tr/min), un bip sonore vous invitant alors à passer le rapport supérieur !
Agile
Son petit moteur a un avantage sur la balance : la RX-8 ne fait que 1345 kg là où sa compatriote 350Z en fait 200 de plus. Cela ne s’arrête pas là : le moteur est en position centrale avant, assurant une répartition des masses idéale. La RX-8, propulsion comme ses aïeules, dispose d’un pont autobloquant avec différentiel Torsen. On commence à sentir l’équation du plaisir… L’équilibre frôle la perfection, on peut aisément la mettre « en crabe » sans la prendre en défaut, tant elle se plie à tous vos désirs. Dommage que la direction assistée électriquement bride le contact avec le train avant, très vif. Les années 2000 marquent le début de la généralisation des assistances en pagaille, donc il va falloir faire avec… Rappelons que la RX-8 est une GT, et qui dit GT dit confort. Malgré son tempérament de feu, elle se montre très civilisée en usage quotidien et s’avère confortable, absolument pas tape-cul. Heureusement que cette nipponne ne fait pas de compromis quand il s’agit de plaisir !
La RX-8 s’éteindra en 2012 (2010 chez nous), faute de succès. Son appétit et les normes antipollution (elle n’est en outre pas aidée par ses 299 g/km de CO2) auront eu raison d’elle. On dit parfois d’une voiture qu’elle s’est trompée de marché, ici on parlerait plutôt de planète ou d’époque… Ce qui ne l’a pas empêchée de bien se vendre en Angleterre, par exemple, où on trouve pléthore d’exemplaires aujourd’hui à des prix (très) cassés. Comptez 2000 €, voire beaucoup moins si les kilomètres et la conduite à droite ne vous font pas peur… Chez nous, les enchères commencent à 2500 € et peuvent monter autour des 6000 à 7000 € pour de très beaux exemplaires ! Comme pour les autres égéries du tuning et voitures sportives ayant prématurément atteint le creux de la vague, il faudra bien faire attention aux modifications sauvages et aux entretiens négligés… Ou à ceux qui ont « tiré dessus » à froid, ce qui fragilise déjà un moteur classique, mais particulièrement le rotatif. Ou ceux qui ont simplement coupé le moteur à froid…
Contrairement à la légende urbaine, un moteur en bon état ne consomme pas d’huile, sauf s’il est sollicité au-dessus de 4000 tr/min afin de lubrifier les chambres du moteur. Une RX-8 est un collector en puissance, mais elle se mérite aussi. Si vous êtes prêt à toutes ces concessions afin de la faire durer le plus longtemps possible, elle vous le rendra très bien en ratio sourire par kilomètre !
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