Au début des années 90, Aston Martin n’est pas en forme, financièrement. Mais la marque sait que sa meilleure publicité reste de fabriquer des bolides hors du commun. Véritable tour de force technique et stylistique, la V8 Vantage V550 est dévoilée au salon de l'automobile de Birmingham en 1992. Elle est présentée comme la version suprême de la Virage, même si très peu de pièces restent en commun. Un an plus tard, il y a donc 30 Ans, les premiers clients ont commencé à prendre livraison de leur bolide.
Très vite, la V8 Vantage V550 récolte les critiques élogieuses de la presse, impressionnée par les sensations distillées par l’engin. Le V8 cube 5,340 cc, la valeur historique du bloc Marek depuis la DBS V8 de 1969. Avec une puissance de pointe de 550 ch, la V550 développe pas moins de 220 ch de plus que la Virage « normale » et encore 65 de plus que la Virage 6,3 litres. Pour titrer une telle cavalerie du 5,34 litres, Aston Martin recourt à deux compresseurs volumétriques Eaton M90, chacun alimenté par sa propre rangée de cylindres. Une injection Bosch fut spécialement développée pour ce moteur (La Virage utilisait une injection Weber/Marelli). Les 550 ch sont transmis aux roues arrière via une boîte manuelle à six rapports, comme dans la Virage 6,3 litres, avec des rapports très serrés, sauf une sixième très longue. Un différentiel mécanique à glissement limité était le seul « assistant » permettant un peu de retenue à cette furie… qu’il fallait aussi pouvoir arrêter. Pour ce faire, la V550 est équipée de ce qui était, à l'époque, les plus gros freins disponibles sur une voiture de série au monde. Les disques ventilés mesurent 362 mm à l'avant et sont pincés par des étriers AP à quatre pistons, tandis qu'à l'arrière, les disques sont de 310 mm. L'ABS Bosch à quatre canaux est de série. Le coupé repose sur 4 jantes de 18’’.
Luxe & personnalité
Esthétiquement, l’anglaise se distingue par des détails très personnels, comme ses six phares positionnés en deux rangées de trois, mais aussi ses quatre phares arrière ronds. À l'intérieur, c’est la tradition du luxe britannique : tapis Wilton, cuir Connolly, sièges électriques et placages de ronce de noyer baignent les occupants dans une ambiance très chic. Un bémol tout de même avec ce moche volant à quatre branches renfermant un airbag, une première pour Aston Martin à l'époque.
Performances épiques
Naturellement, les performances sont à la hauteur de la promesse de ces chiffres épiques pour l’époque. La V550 n'est pas un poids plume. Longue de 4,74 m (et empattement de 2,61 m), elle accuse 1990 kg sur la balance, Ce qui ne l’empêche pas de bondir de 0 à 100 km/h en 4,6 secondes et pointer officiellement à 299 km/h. En interne, on disait qu’elle était capable d’aller encore plus vite… À son époque, la V550 est un monstre unique en son genre. La 911 Turbo d’alors est plus facile à utiliser et n’a pas l’exclusivité de la britannique. Les Lamborghini Diablo, Ferrari 512 TR et Jaguar XJ220 peuvent la battre en vitesse de pointe, mais aucune ne peut transporter 4 personnes comme L’Aston Martin. Pour qui a eu la chance d’en conduire une, la V8 Vantage V550 est une pile à sensations très fortes. Pour en avoir vu et entendu une tourner à Goodwood il y a quelques années, nous vous confirmons sa capacité à vous flanquer la chair de poule ! Mais comme tout bolide de ce temps-là, elle possède des tares assez critiquables. Son comportement sautillant ne rassurait pas aux limites. Le genre à décocher une reprise à 140 km/h… en burn out. Elle est une athlète caractérielle qui ne se livre qu’à des mains expertes et courageuses. En outre, sa consommation tombait difficilement sous les 27 l/100 km et elle dévore littéralement les consommables (pauvres pneus…), sans oublier son entretien exigeant. Bref, une pure brûleuse de bitume, dans sa plus pure extrémité britannique.
Elle est à Aston Martin ce que la Diablo est à Lamborghini, une bête extrême, un peu dingue et bourrée de défauts, mais dangereusement attachante…
239, seulement
Pourtant, la V8 Vantage devient vite un summum de désirabilité, malgré un tarif de 177.000 Livres Sterlings à l’époque, ce qui correspondrait à environ 500.000 € d’aujourd’hui ! Entre 1993 et 1999, seules 239 V8 Vantage V550 ont été construites (à la main) au siège historique de Newport Pagnell, ce qui les rend extrêmement rares et recherchées… Aujourd'hui, le site de Newport Pagnell est un centre d'entretien et de restauration du patrimoine de la marque, ainsi qu'une concession de voitures neuves. Une production y-a même repris depuis 2017, pour les modèles spéciaux, comme les DB4 GT Continuation, DB4 GT Zagato Continuation et DB5 Goldfinger Continuation. C’est aussi là que vous pourriez envoyer votre V8 Vantage V550 pour une cure de jouvence d’usine, si vous en trouvez une et que vous êtes prêt à injecter entre 3 et 400.000 euros pour un bel exemplaire de ce symbole de la bestialité des supercars des années 90.
Photos : Aston Martin
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