Le recyclage, ce n’est pas uniquement de la transformation de matériaux existants pour les « remettre » à neuf afin de produire du neuf. Ce peut être également la réutilisation d’éléments existants « rafraîchis » pour en optimiser l’impact écologique initial lié à la production. Tel est le message de Monika Dernai, responsable du développement durable chez BMW, qui préconise donc un modèle économique plus responsable et écologique. Mais est-ce logique d’un point de vue économique ?
Optimiser la production
Concrètement, le message prôné par Monika Dernai lors d’une conférence de presse à Londres est le suivant : « achetez une nouvelle voiture moins rapidement et assurez-vous d’utiliser votre modèle actuel plus longtemps ». En soi, cette approche est d’une logique implacable. Un véhicule d’occasion « récent » et bien entretenu aura un impact environnemental moindre sur les 3 à 5 prochaines années qu’un véhicule neuf, certes moins polluant et énergivore, mais qui imposera le bilan carbone, énergétique et d’extraction de ressources lié à sa production. Même en utilisant des matériaux recyclés, le processus de recyclage étant lui-même très énergivore.
BMW pense donc qu’il faut optimiser la circularité des processus et du cycle de vie des véhicules pour diminuer l’empreinte carbone du constructeur. Une vision durable que les Bavarois ne sont pas les seuls à avoir, à l’instar de Renault avec sa Re-Factory et d’autres…
>> Lisez aussi – 3 questions à Cléa Martinet – Directrice du développement durable de Renault Group
Opportunisme financier
Mais l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a également une certaine forme d’opportunisme économique derrière une telle déclaration. En effet, la crise du Covid-19 et la pénurie de semi-conducteurs ont démontré que les constructeurs premium pouvaient générer de plus importants bénéfices en vendant moins de véhicules mais avec un prix de vente moyen supérieur. La plupart des marques, et plus encore celles du secteur premium, ont fait le choix de privilégier la vente des modèles supérieurs – grosses motorisations, finition haute, etc. – lorsqu’il a fallu rationnaliser la production en raison du manque de composants. Une opération qui s’est avérée très lucrative pour des marques comme BMW, Audi ou Mercedes.
Mais ces dernières veulent conserver une clientèle large. Le meilleur moyen à cet égard est de prendre le contrôle sur le marché de l’occasion pour leurs modèles, soit en prolongeant la durée de possession du véhicule par le client existant – à renfort de contrats d’entretien, d’extension de garantie, etc. – soit de vendre aux clients plus « modestes » des modèles de seconde main rafraichis, voire rétrofités, par le constructeur et éventuellement mis à jour sur le plan technologique au niveau de l’infodivertissement principalement. Cela permet de générer de fortes marges à moindres frais tout en minimisant le bilan carbone par véhicule vendu, puisqu’il ne faut pas le produire.
Enfin, l’instauration d’un tel modèle économique « circulaire » dans l’esprit des clients permettra au constructeur de garder la main sur son parc roulant et donc d’en optimiser le recyclage dans les années à venir. Une clé essentielle en termes de viabilité économique et de durabilité écologique à l’ère de la voiture électrique et de ses très coûteuses batteries.
![](https://static.moniteurautomobile.be/imgcontrol/images_tmp/clients/moniteur/c70-d70/content/medias/images/team/fk.jpg)
NE MANQUEZ RIEN DE l’ACTU AUTO!
Derniers modèles, tests, conseils, évènements exclusifs! C’est gratuit!