Coin de la rédaction / Rédacteurs sans filtre - Elon Musk est-il un danger pour Tesla ?

Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Cette semaine, nous leur avons demandé s'ils pensaient que Elon Musk constitue un danger pour l'avenir de Tesla ?

Le monde a peut-être besoin de quelques fous. Et, bien sûr, il y en a toujours eu. Tant qu'ils ne déclenchent pas de guerre, nous devrions pouvoir vivre avec ça. De nombreuses grandes idées ont germé dans l'esprit de ces personnes, de nombreuses inventions n'auraient probablement jamais vu le jour sans elles. Les chances de survie de Tesla à long et même à moyen terme ont souvent été remises en question, même au sein de notre rédaction. Mais l'entreprise est toujours là aujourd'hui et continue de se développer.

De plus, elle a profondément bouleversé l'ensemble du secteur automobile. La vantardise de Musk est en effet souvent exagérée, et il se surpasse même parfois. Comme avec ses "commentaires" sur la protestation des camionneurs et du gouvernement du Canada. L'argent rend les gens puissants, et le pouvoir rend parfois les gens encore plus fous. Mais Tesla survivrait probablement à Musk, si le besoin s'en faisait sentir.

Ce qui est si bien dans notre société, c'est que nous pouvons réellement traiter un tel homme de fou. Et le clouer au pilori. Ou arrêter d'acheter ses voitures. Mais ce serait vraiment dommage... Tant qu'il ne se lance pas dans la politique, c'est là que les fous deviennent parfois vraiment dangereux.

Les grands arbres prennent beaucoup de vent. Et à cet égard, ils sont l'abri parfait pour les buissons inférieurs dans la hiérarchie. En d'autres termes, Musk est peut-être le visage de Tesla, mais est-il toujours celui qui tire toutes les ficelles ? D'autant plus qu'Elon a encore quelques autres fers au feu, des projets qui demandent peut-être un peu plus de son attention que sa marque automobile.

Je me demande également dans quelle mesure Musk est toujours intéressé par Tesla ? Cet homme est un inventeur et un créateur de tendances. Visionnaire aussi. Le genre qui vit par la grâce de la prochaine découverte ou du prochain défi. Une fois qu'ils sont tombés dans le moule de la production, je peux imaginer que cette mouture pratique entraîne une aversion et donc une distance par rapport au projet initial. Musk se concentre sur la création et la naissance. L'éducation l'intéresse probablement moins.

En résumé, je pense que les "nounous" sont les enfants de Musk - je parle de Tesla, pas de sa progéniture physique. Même si les choses ne seront probablement pas si différentes dans les deux cas – ces « garde-fous » se chargeront de l’éducation. Et tant mieux. Ce qui ne change rien au fait que le conseil d'administration suit le fil Twitter de son président avec la suspicion nécessaire. Après tout, le bouffon monte sur le podium plus vite que le héraut. C'est une preuve supplémentaire que l'intelligence et le génie ne sont pas nécessairement synonymes.

Elon Musk est un visionnaire, hyperactif et fécond, autant qu’un phénix. Capable de renaître de ses cendres après s’être brûlé aux flammes d’un incendie qu’il aura lui-même déclenché. Une philosophie propice aux grandes idées comme aux pires – sont-elles si différentes d’ailleurs ? – et qui nous vaut aujourd’hui une révolution de la mobilité automobile, du voyage spatial ou bientôt de l’assistance neuronale ou de la robotique humanoïde.

Mais avoir des idées géniales c’est bien, les réaliser c’est encore mieux, les faire durer, c’est ennuyeux… du moins pour ce genre de personnalités. Certes, Elon Musk est fantasque, versatile et borné, mais jusqu’à présent il a prouvé qu’il pouvait avoir raison avant les autres. Cependant, certaines décisions pourraient nuire à Tesla. Je pense à son refus d’utiliser des radars et la technologie lidar pour son système de conduite autonome, la volonté de proposer des fonctionnalités parfois trop imparfaites pour être sûres, ou encore la précipitation dans la construction de l’usine allemande, prête à produire avant même d’en avoir reçu l’autorisation ou sécurisé ses approvisionnements primaires. Le retour de bâton est de plus en plus insistant : enquêtes des organismes en charge de la sécurité routière, procès de groupements de défense locale, rappels massifs, etc. l’étau se resserre et l’impact industriel et financier n’est plus négligeable. En ajoutant (encore) un peu de rigueur au management de Tesla et en contrôlant mieux les déclarations publiques du big boss, Tesla garde des atouts considérables pour assurer sa pérennité.

Mais, finalement, si je ne suis pas du tout fan du personnage, je me dois de reconnaître ses réussites. Critiquer c’est une chose, oser au risque d’être critiqué en est une autre. Au fond, je ne suis qu’un scribouillard qui rédige des histoires sur un fameux lascar qui écrit quelques pages de l’Histoire !