Michelin revient en force dans le segment des pneus ultra hautes performances. Il y avait déjà le Pilot Super Sport – devenu Super Sport Plus par la suite – et le Pilot Sport Cup 2, un semi-slick destiné, lui, aux véhicules plus radicaux, tels les Porsche 911 GT3, McLaren P1 ou Mercedes-AMG GT. Aujourd’hui, c’est le Super Sport qui se voit remplacé par le PS4S, un pneu qui met en œuvre des technologies héritées de la compétition. Rien de moins.
Bi-compound
Michelin met en effet en avant sa technologie bi-compound pour la bande de roulement, une technique qui existait déjà sur l’ancien SuperSport ainsi que sur le Pilot Sport Cup 2. Concrètement, il s’agit de diviser la largeur de la bande de roulement en deux, chacune recevant un mélange de gomme fonctionnalisé pour certaines performances. Et dans le cas du PS4S, la partie intérieure de la bande de roulement présente une gomme davantage chargée en silice notamment qui permet d’accroître les performances sur le mouillé tandis que la partie extérieure est fonctionnalisée pour augmenter le grip latéral, donc les performances sur le sec en virage, ainsi qu’au freinage sur sol sec. Cette technologie reste encore assez rare dans le monde du pneu. A notre connaissance, seuls Bridgestone et Pirelli l’utilisent, mais pour de très petites séries et pour des pneumatiques essentiellement destinés à la compétition et pas à un usage routier. Une réalité qui s’explique par la complexité et la maîtrises des processus de fabrication. Et donc de machines ici spécifiquement développées par Michelin en interne.
Construction sportive
Les technologies mises en œuvre pour ce nouveau PS4S dérivent étroitement de la compétition. En particulier, ce sont les pneus utilisés en WRC ainsi que ceux utilisés en Formula-E qui ont inspirés les ingénieurs de Clermont-Ferrand, notamment à la fois pour le bi-compound, mais aussi pour la structure hybride en nylon renforcée avec de l’aramide et qui permet de rigidifier la bande de roulement tout en permettant au pneu de continuer à se déformer comme c’est nécessaire pour offrir une empreinte au sol optimale, donc l’adhérence.
Le TÜV comme témoin
Sans doute plus pour optimiser la communication autour de ce nouveau venu que pour prouver quoi que ce soit, Michelin a confié ses pneumatiques à l’organisme allemand indépendant, le TÜV (voir images). Celui-ci a testé les pneus face à 6 concurrents : le Continental SportContact 6, Le Bridgestone S001, le Goodyear F1 Asymetric 3, le Dunlop SP Sport MAXX RT2 et le Pirelli P Zero Nero GT. De sérieux prétendants donc, sauf peut-être dans le cas du Pirelli car il aurait mieux valu évaluer le nouveau PZero Sport sorti en 2016. Cela dit, réalisés en juillet dernier, les tests se sont déroulés trop tôt pour que ce pneu puisse être intégré. Soit. Que ce soit sur le freinage sol sec, sol mouillé, au temps au tour (test réalisé par Dekra) ou encore en longévité, le PS4S a terminé premier partout, même s’il s’en est fallu de peu dans certains cas (+ 10 cm seulement au freinage sur sol mouillé pour le Goodyear Eagle F1). Cela dit, la performance est là. Et elle semble d’autant plus éclatante que le manufacturier annonce pour la première fois dans la catégorie un label de A en freinage sur sol mouillé et un label C pour la résistance au roulement – les autres concurrents tournent autour des E ou F, sachant que la lettre D n’existe pas dans le labelling.
Jusqu’à 50% de plus en longévité
Enfin, on s’arrêtera aussi sur les tests de longévité réalisés par Dekra et qui, par extrapolation, donnent le PS4S pour 52.000 km alors que le Dunlop est donné pour 10.000 km de moins et le Continental pour 22.000 km de moins. Chez Michelin, on explique cette performance par le fait que la gomme, mais aussi l’empreinte au sol ont été complètement repensés. Le pneu présente notamment un tout autre profil d’épaulage que l’ancien Pilot SuperSport qui vise à réduire les pressions exercées sur l’extérieur du pneu en courbes. Du coup, en réduisant les pressions, on réduit aussi les températures de travail sur les pneus, on augmente l’adhérence, donc l’efficacité latérale du pneu tout en réduisant son usure. Autre axe de travail : les sillons de la bande de roulement qui présentent des angles verticaux différents car il est évident que, en fonction de leur position sur la bande de roulement, ils ne se déforment pas de la même manière lorsque le pneu est contraint. De ce fait et une nouvelle fois, le grip peut être amélioré et l’usure réduite.
Progressif
C’est sur la Thermal Track de Palm Springs que Michelin organisait les essais de son nouveau PS4S, un pneumatique qui n’est pas construit qu’en Europe, mais aussi aux USA, gros demandeurs de ce genre de pneus de par le nombre de voitures puissantes en circulation. Dans un premier temps, les PS4S seront décliné dans des tailles allant de 19 à 20 pouces et dès l’an prochain, les diamètres 21 et 22 pouces s’ajouteront à l’offre. On est donc bien dans le haut de gamme... L’éventail des tests proposés est relativement réduit. Mais chargé d’assurance puisque le manufacturier français propose de prendre le volant de voitures identiques chaussées de pneus concurrents. Notre premier run nous confronte à une piste étroite qui comporte plusieurs slaloms, des virages en angles droit et un tronçon mouillé qui se termine par un gros freinage depuis 100 km/h. Verdict après l’avoir exécuté deux fois puis deux autres fois avec un pneu concurrent : le PS4S présente une très bonne progressivité dans les décrochages, tout comme des freinages objectivement plus courts (mesurés).
Et hyper-efficace
Mais ce n’est pas cet aspect qui contraste avec la concurrence. Ce qui frappe, c’est en effet l’efficacité du pneu et le degré d’adhérence dont il est capable en latéral. On peut en effet aller beaucoup plus loin, donc passer à des vitesses plus élevées sans que le pneumatique se mette à saturer. Autre point fort : le passage du bitume mouillé au bitume sec se fait aussi avec beaucoup plus d’homogénéité que chez les concurrents. Comprenez par là que le PS4S est plus efficace et plus constant dans son comportement. Moins brutal aussi lors des décrochages. Les autres ateliers – piste et route – nous auront conforté dans l’idée de qualité de ce pneumatique « super sport ». Assurément, Michelin a accompli là une belle avancée. Logique que plusieurs homologations « constructeur » se profilent à l’horizon. C’est d’ailleurs l’un des objectifs avoués du manufacturier français : équiper la Porsche 911, une association que la firme de Clermont-Ferrand n’était pas parvenue à obtenir avec le SuperSport.
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