Ford Fiesta ST 150, Peugeot 206 GTi… Les GTi de la catégorie autour de 150 ch ont quelques grands noms dans leur besace. Voici le cœur de cible auquel Mitsubishi, alors en difficulté financière après le refus de DaimlerChrysler d’augmenter ses parts dans le capital, voulait s’attaquer. Mitsubishi présente sa nouvelle Colt à Paris en 2004 (lancement nippon en 2002), disponible en 3 et 5 portes. Comme il est de rigueur en cette décennie, la Colt emboîte le pas du « faux monospace ». On aime ou on déteste, mais il faut dire qu’à cette époque, la Civic avait réussi la transition quelques années plus tôt. Les Type R de cette génération sont aujourd’hui très courtisées…
Pour l’Europe, la Colt est fabriquée sur la même chaîne que la Smart Forfour dont elle partage la plateforme, chez NedCar, à Born, aux Pays-Bas. On y fabriquait alors la placide Carisma, première Mitsubishi 100 % européenne, ainsi que sa sœur de plateforme, la Volvo S40. La CZT (T pour « Turbo ») est basée sur la Colt trois portes, gentiment dénommée « CZ3 ». On commence à s’y perdre dans tous ces « CZ » !
Monospace de poche mais vraie GTi
Esthétiquement, le look monospace urbain façon Mercedes Classe A était très en vogue en ce milieu des années 2000. Difficile d’en faire une sportive cohérente (sauf si on s’appelle Honda), et pourtant Mitsubishi a plutôt réussi avec brio la transition. La ligne de la déclinaison trois portes est déjà très agréable et avec une personnalité forte qui la distingue du reste de la concurrence. Extérieurement, le becquet, les jantes de 16 pouces en alliage léger, les montants B traités en noir, les plastiques ton carrosserie et les projecteurs antibrouillards intégrés lui donnent un caractère digne des GTi du début des années 1990. Un effet réussi !
Intérieurement, le design de monospace procure des dimensions agréables pour l’encombrement extérieur réduit. Les touches de rouge sont présentes. Les baquets sont de bonne facture. L’assise est haute comme dans un monospace et procure une sensation de sécurité certaine, même si c’est clairement peu adapté à une conduite sportive, enjouée.
Nerveuse
Le 1.5 turbocompressé repris dans la Colt CZT n’est étonnamment pas dérivé du moteur de la version atmosphérique. Il s’agit d’un 4G15, moteur « Orion » à bloc en fonte, dont la genèse remonte à 1978, et qui est ici équipé d’un turbo. Attention que moteur ancien ne veut pas dire à la ramasse ! Sa conception est encore très actuelle. Il est même équipé du système de déphasage en continu des arbres à cames de la marque, un système dénommé Mivec en jargon maison. C’était évidemment plus viable économiquement pour le constructeur de procéder avec un moteur déjà éprouvé dans son catalogue. Cela lui permet d’atteindre 150 ch à 6.000 tr/min et de franchir le 0 à 100 km/h en 7,4 s, soit trois de moins que la version atmosphérique !
Châssis: peut mieux faire…
Alors qu’elle partage sa plateforme avec la démoniaque Smart Forfour Brabus, on peut dire qu’elle n’a pas bénéficié de la même rigueur dans le développement des trains roulants que cette dernière. Les suspensions et l’amortissement demandaient encore beaucoup de travail. Étonnant de la part d’un constructeur qui a écrit parmi les plus belles pages du rallye mondial. On se retrouve en courbe avec un châssis qui fait un peu ce qu’il veut… Surtout sur nos routes dégradées ! Et avec un ESP – non-déconnectable évidemment, ce serait trop beau – venant dangereusement manifester sa présence en tentant de redresser à coups de raquette la petite sportive ! Le freinage souffre des torts des autres composants. Mitsubishi aurait voulu rendre un vibrant hommage aux GTi 10 à 15 ans plus vieilles (Fiesta RS Turbo, Nissan Cherry Turbo ou… Colt Turbo !) qu’il ne s’y serait pas pris autrement !
Et puis au moins, à l’époque de ces « prestigieuses devancières », l’ESP castrateur ne venait pas jouer les trouble-fêtes… En utilisation normale, la petite nerveuse diamantée est cependant très confortable et saine. Une seule solution pour pallier les problèmes de suspensions : opter pour sa remplaçante, la Mitsubishi Colt Ralliart ! Ce n’est pas encore digne d’une Twingo RS, mais c’est la belle preuve qu’un constructeur sait écouter les griefs de ses utilisateurs… Ou que le développement de la CZT a été précipité !
Certes, la Colt n’est pas la meilleure GTi qui soit, mais elle constitue une excellente alternative pour quiconque privilégie le confort plutôt que l’arme ultime pour arsouiller comme dans le temps jadis. Les performances du moteur sont excellentes et la fiabilité n’est pas remise en question sur ce moteur Orion éprouvé au possible : on peut trouver des exemplaires dépassant allègrement les 300.000 km !
C’est l’image de Mitsubishi telle qu’elle faisait plaisir à voir à l’époque. Bien sûr, la période de gloire de la décennie 90 semblait s’essouffler, les premières difficultés pointaient le bout de leur nez, mais la marque disposait encore d’un chouette catalogue et importait officiellement en Europe la Lancer Evolution, à l’époque dans sa huitième génération. Le rallye prenait encore une place importante auprès du constructeur, l’avènement du tuning lui a encore donné aussi quelques heures de gloire. Aujourd’hui, le constructeur en est réduit à proposer des engins de déplacement, fiables mais sans âme, tel le Space Star, des 4x4 increvables et qui continuent de faire figure de best-sellers dans leur catégorie (L200, sans oublier le Pajero qui continue son bonhomme de chemin depuis vingt ans déjà sur certains marchés encore) et des crossovers au nom énigmatique tel l’Eclipse Cross. Le côté innovation résidant plutôt dans l’électrique et l’hybridation.
Exit la Lancer Evolution… Exit les Galant VR4, FTO, 3000GT, Eclipse… Drôle d’époque que nous vivons. On oserait rêver d’une déclinaison sportive low cost pour pilotes en herbe sur base de la petite Space Star, mais nous savons pertinemment que ce ne sont pas les priorités du Japonais. Pourtant, chez Toyota, on ose avec la GT86, la Supra et Gazoo Racing… Mais la santé financière des deux constructeurs est loin d’être équivalente !
Très rares chez nous, on commence à trouver des CZT autour des 2.500 € de l’autre côté du Rhin. Comptez plus pour des jolis modèles pas trop modifiés. Étonnamment, on trouve énormément d’exemplaires à tous les prix en Grèce… Reste à savoir si vous tentez le voyage, même si vous avez plus intérêt de vous montrer patient avec notre marché !
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