En 1936, le gouvernement suédois veut doter le pays de nouvelles capacités de défense et disposer d’une force aérienne moderne. Dès avril 1937, la Svenska Aeroplan Aktiebolaget (Société anonyme aéronautique suédoise) est créée à Trollhättan. Une nouvelle usine sort rapidement de terre et la production sous licence du bombardier allemand Junker Ju 86K débute à l’été 1938. En parallèle, des avions Grummer américains sont assemblés sous licence pour la Finlande. Sur place, des ingénieurs de différentes firmes américaines aident le personnel suédois à développer un avion biplace monomoteur de conception locale, le B17. Prêt au printemps 1940, celui-ci est produit à raison de 325 exemplaires en quatre ans. Vers la fin de la guerre, la société se rend compte qu’il va falloir diversifier ses activités afin de compenser une baisse de commandes militaires.
Une aile sur 4 roues
Fin 1944, différents projets sont à l’étude : maisons préfabriquées, articles ménagers, frigos, cuisines équipées, moto, voiture, véhicule industriel… Très rapidement, c’est le projet automobile qui l’emporte sur les autres. Au cours des années 30, le marché suédois est largement dominé par les marques américaines. Opel et DKW y figurent également en bonne place. DKW est un constructeur allemand spécialisé dans les petites voitures à moteur deux temps. Avec beaucoup de sagesse, le directoire de Saab décide de s’orienter vers un petit véhicule destiné à motoriser les classes moyennes suédoises. En 1944, la direction fait appel à Gunnar Ljungström, responsable interne d’un groupe d’ingénieurs chargés du calcul des ailes. Sa mission est simple : concevoir la première Saab à quatre roues, qui devra rester abordable…
En juin 1945, un budget de 200.000 couronnes est affecté au projet. L’équipe, constituée de 15 ingénieurs, se met au travail. L’automobile est un domaine totalement neuf pour la majorité d’entre eux, seuls 2 sont titulaires d’un permis de conduire ! Un designer vient les renforcer : Sixten Sason. Il signe une première esquisse en juin 1945 et, déjà, la Saab est très proche de sa version définitive. Aérodynamique, en forme d’aile, elle possède également des lignes évocatrices de l’aviation, dont elle est indissociable. Côté motorisation, Sason propose un moteur installé en porte-à- faux avant. Le moteur deux temps s’impose rapidement à l’équipe de Ljungström : moins de pièces en mouvement, moins cher à construire et à entretenir, il dispose d’un excellent rapport poids puissance et… démarre facilement par grand froid, un avantage indéniable en Suède ! Afin de réduire le poids, la carrosserie est monocoque, solution très moderne. Les suspensions font appel à des barres de torsion à l’avant et à l’arrière. Une première maquette en bois est terminée le 15 avril 1946. Testée en soufflerie, le Cx n’est que de 0,32, un exploit, surtout à cette époque ! Le premier prototype est équipé d’une mécanique DKW récupérée dans une casse pas loin de l’usine. C’est Rolf Melde qui va lui apporter différentes modifications afin de l’adapter au mieux.
Saab 92
La présentation officielle de la Saab 92 intervient le 10 juin 1947. La presse lui réserve un excellent accueil, ses qualités routières faisant l’unanimité. Face aux difficultés d’approvisionnement en acier et autres métaux, les premières livraisons programmées pour l’automne 1949, n’interviennent finalement qu’en janvier 1950. La version définitive, la 92, diffère par son avant et une multitude de détails du prototype mais lui reste fidèle par de nombreux éléments (traction avant, confort, sécurité passive et active…) qui feront la réputation de la marque et constitueront un attrait pour fidéliser les acheteurs des futures 93, 96, 99, 900, 9000 !
Aujourd’hui, la division automobile de Saab appartient à NEVS, une entreprise chinoise spécialisée dans les véhicules électriques, tandis que, par ailleurs, la production d’avions et autres matériels de défense est toujours florissante.
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