La localisation
Le pont Vasco de Gama (Ponte Vasco da Gama) est situé à Lisbonne, au Portugal. Il traverse l’estuaire du Tage, de Sacavém, au nord-est de la ville à proximité de l’aéroport, à Alcochete et Montijo. Il était devenu indispensable pour réduire la pression automobile sur l’autre ouvrage remarquable traversant le Tage dans la région de Lisbonne : le pont du 25 avril, sorte de mini Golden Gate construit dans les années 60, au sud-ouest, avec un étage pour la voie ferrée et un autre pour la route. Le pont Vasco de Gama, lui, n’accepte que le trafic routier. Il est un maillon de la route entre l’Espagne et l’Algarve et fait partie de l’autoroute A12 (E90) aboutissant à Setúbal. Il relie aussi la EN10 au « Secunde Circulare ». Cet ouvrage se trouve sur la partie large de l’estuaire. Dès lors, il est le plus long pont d’Europe et l’un des plus longs ponts routiers du monde.
Les origines
Dès la fin des années 80, le pont du 25 avril (ex-pont Salazar du temps de la dictature) ne suffisait plus à absorber le trafic automobile lisboète entre les deux rives de l’estuaire du Tage. Il fallait donc envisager un 2e ouvrage routier, devenu nécessaire. Pour éviter l’effet entonnoir, il ne pouvait pas se trouver à proximité du pont déjà existant. Or, hormis au niveau du passage utilisé par le pont du 25 avril, l’estuaire du Tage est large d’une dizaine de kilomètres dans la région. Les défis pour les ingénieurs et architectes étaient assez gigantesques par la longueur et d’autres paramètres. Ainsi, il fallait qu’il puisse résister à des vents de 250 km/h et à de forts tremblements de terre (8,7 sur l’échelle de Richter compte tenu du séisme de 1755). Il fallait également tenir compte de la présence d’une réserve naturelle. Le projet est lancé avec un appel d’offres en 1991. C’est le maître d’œuvre Novaponte qui remporte le marché. Il s’agit d’un groupement piloté par Campenon Bernard SGE (Vinci Construction) et Kvaerner Group (ex-Trafalgar House) avec six entreprises portugaises*. Les travaux débutent en avril 1994 avec l’obligation contractuelle de terminer l’ouvrage au printemps 1998 afin qu’il soit prêt pour l’Exposition universelle de Lisbonne fêtant les 500 ans de la découverte de la route des Indes par Vasco de Gama. Ce sera juste à temps avec son ouverture le 29 mars 1998 !
La construction
Le Ponte Vasco da Gama, dessiné par Armando Rito, est constitué des 5 parties distinctes, hors échangeurs : le viaduc Nord, le viaduc de l’exposition, le pont à haubans, le viaduc central et le viaduc Sud. Chaque partie a été quasi assemblée indépendamment des autres par les différentes entreprises pour éviter les problèmes linguistiques et d’organisation. Le tout a été assemblé avec coordination par satellite. En effet, il fallait tenir compte de la courbure de la Terre pour éviter que le pont ne soit décalé par rapport à la route sur la rive. Ainsi, lors de sa conception, les ingénieurs ont dû calculer précisément ce paramètre pour déterminer l’emplacement des piles avec précision. Pour résister au vent et aux séismes, les ingénieurs ont utilisé plusieurs techniques. Le viaduc Nord est équipé d’un système d’amortisseurs pour absorber les déplacements longitudinaux. Le tablier du pont à haubans n’est pas directement fixé à ses pylônes pour pouvoir se déplacer transversalement et longitudinalement. Il dispose de piles très souples pour obtenir de longues périodes de vibration. Enfin, des coupleurs hydrauliques sur les piles du viaduc central permettent à ce dernier de bouger en service. Mais en cas de tremblement, ils le bloquent.
Compte tenu de la position de l’ouvrage d’art, il a fallu exproprier quelques logements. Il a également été nécessaire de respecter des engagements environnementaux. Ainsi, des mesures spéciales ont été prises pour la récupération des eaux pluviales et celles des marais salants du Samouco. Au printemps 1995, les travaux ont été interrompus pendant 3 semaines pour faciliter le passage d’oiseaux migrateurs. Par ailleurs, ce pont a reçu le premier prix de génie civil à la Biennale hispano-américaine de l’architecture et du génie civil à Madrid en 2000.
Les dimensions
L’ensemble du pont en acier et béton a une largeur variable de 29,30 m à 32,30 m. Sa longueur, hors tout, est de 17.185 m avec une structure proprement dite mesurant 12.345 m. Elle est répartie ainsi, avec les jonctions : échangeur de Sacavém (975 m), viaduc Nord (488 m), viaduc de l’exposition (672 m), pont à haubans (826 m avec une travée principale de 420 m), viaduc central (6511 m), viaduc Sud (3825 m) et échangeur de Montijo (3895 m). Les pylônes à haubans culminent à 145 m et 148 m. Le tirant d’air sous cette partie est de 47 m. Pour le reste, l’infrastructure est bâtie sur des pieux de 2,2 m et 1,7 m de diamètre. Ses fondations s’enfoncent jusqu’à 95 mètres en dessous du niveau de la mer. Il a nécessité l’installation de 81 caissons et l’utilisation de 730.000 m³ de béton et 150 poutres préfabriquées.
La traversée
Le pont est une autoroute de 2x3 voies. Cet axe peut supporter jusqu’à 50 millions de véhicules par an ! On y circule, en voiture, à 120 km/h. Toutefois, en cas de tempête, de brouillard ou par forte pluie, la vitesse est limitée à 90 km/h. Sa traversée prend donc entre 8 et 10 minutes. Le trajet, en courbe, offre un décor varié entre la partie à haubans et les viaducs au-dessus du Tage ou des marais salants. La gare de péage est installée sur la terre ferme, dans la partie sud. On ne paie que le trajet entrant vers Lisbonne, celui en sortie est gratuit. Le prix sud-nord est de 2,85 €. La concession Lusoponte se terminera en 2027 (au plus tard).
* Bento Pedrodo Construções, Edifer Construções, Mota & Companhia, Sociedade de Construções H. Hagen, Somague - Sociedade de Construções et Teixera Duarte Engenharia e Construções
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