Pour un journaliste automobile, l’épreuve de la route au volant d’un nouveau modèle est toujours l’heure de vérité. Mais pour un magazine spécialisé comme le Moniteur Automobile, les essais réalisés par nos lecteurs offrent aussi une réelle plus-value, puisqu’ils peuvent apporter leur ressenti dans la «vraie vie». Avec leurs conjoints respectifs, Ellen et Jérôme ont pu parcourir plusieurs centaines de kilomètres au volant de la nouvelle Renault Mégane E-Tech 100% électrique, un modèle essentiel dans la stratégie électrique de Renault. Un modèle pivot aussi dans le cadre de la «Renaulution» entamée par le constructeur au Losange.
Ellen et Jérôme partagent un point commun: ce ne sont pas des «petits» rouleurs, ni des citadins effectuant essentiellement de courts trajets en ville. Leur profil est donc d’autant plus intéressant pour évaluer les qualités au quotidien d’un modèle 100% électrique. «Avec Tom, mon mari, nous parcourons environ 30.000 km par an, essentiellement en dehors de la ville. Au volant de cette Mégane électrique, en cinq jours, nous avons parcouru en tout 911 km, avec de l’autoroute et des routes de campagne», explique Ellen.
Quant à Jérôme, il se considère aussi comme un assez gros rouleur, et surtout un passionné d’automobile: «Je fais environ 35.000 km par an. Avec pas mal d’autoroute pour mon trajet quotidien entre Namur et Liège. Mais je roule aussi pour le plaisir, notamment avec les trois ‘anciennes’ que j’ai la chance de posséder. Habitant à la campagne, je circule peu en ville. Avec ma compagne Sandra, nous avons profité de notre séjour dans la région de Durbuy pour faire un peu de tourisme dans le coin, vers Hamoir et Barvaux notamment, parcourant au total 380 km, avec à la fois de l’autoroute et des routes de campagne assez rapides».
Consommation électrique moyenne
Dans sa variante EV60, la Renault Mégane E-Tech 100% électrique est dotée d’une batterie de 60 kW, composée de 12 modules de 24 cellules chacun. Quelle distance ont pu parcourir les voitures mises à la disposition de nos essayeurs et quel fut leur consommation moyenne? «Sur l’ensemble du parcours, la consommation indiquée par l’ordinateur de bord était de 18 kWh/100 km», note Jérôme. «Avec un pic de consommation à 20 kWh lors de la séance photo, et donc en ‘jouant’ un peu plus avec la voiture. Pour le reste, je n’ai pas particulièrement veillé à adopter une conduite économique. J’ai roulé normalement.»
«Avec une batterie pleine, nous avons effectué environ 320 km», se réjouit Ellen. «Avec une moyenne de 16,7 kWh aux 100 kilomètres. En ce qui concerne les recharges, nous avons à la fois pu recharger sur un superchargeur aux Pays-Bas, qui permettait de récupérer 25 km d’autonomie par minute, et sur une borne publique, avec laquelle nous avons pu recharger la batterie en 3,5 heures avec un débit de 22 kW.»
NOS ESSAYEURS ONT PU DÉCOUVRIR LA VITESSE DE RECHARGE SUR PLUSIEURS TYPES DE BORNES.
Si Jérôme n’a pas effectué autant de kilomètres qu’Ellen, il a pu évaluer néanmoins la vitesse de recharge de cette Mégane électrique en version Optimum Charge: «Je n’ai pas laissé la batterie descendre très bas. Après 230 kilomètres, nous en étions à +- 30% de niveau de charge. Pour tester la recharge rapide, nous avons trouvé une borne de 50 kW sur la route nous menant à Durbuy. Nous sommes repassés de 67% à 78% de charge en seulement 12 minutes. La Mégane ayant pu profiter de la recharge nocturne à l’hôtel, nous n’avons pas fait d’autre recharge. C’est d’ailleurs l’un des atouts d’une voiture électrique par rapport aux voitures thermiques: le matin, on peut reprendre la route avec une batterie totalement chargée».
Quelle angoisse de l’autonomie?
Quand on parle de voiture électrique, la question qui revient toujours en premier de la part des automobilistes hésitant à franchir le pas est celle de l’angoisse de l’autonomie. Crainte fondée ou pas? «Pour ma part, je dois avouer que j’avais certaines craintes», reconnaît Ellen. «Déjà pour le trajet vers Durbuy. Dans cette région, il n’y a pas énormément de bornes. Et c’est pareil là où nous habitons. Dimanche, quand nous avons pris la route des Pays-Bas, j’ai aussi un peu ressenti cette fameuse ‘range anxiety’. C’était notre première expérience en voiture électrique et nous nous posions en effet pas mal de questions. Nous n’avons pas atteint les 450 km d’autonomie théoriques, mais cette valeur est évidemment conditionnée à pas mal d’aspects, comme l’usage de la climatisation, le style de conduite, etc. C’est donc quelque chose d’assez difficile à estimer.»
L’ANGOISSE DE L’AUTONOMIE DISPARAÎT RAPIDEMENT APRÈS LA PREMIÈRE EXPÉRIENCE AU VOLANT D’UN MODÈLE ÉLECTRIQUE.
Quant à Jérôme, ayant déjà une certaine expérience de la conduite électrique, il n’a nullement ressenti cette angoisse: «J’ai déjà pu essayer des voitures électriques sur plusieurs jours et, sincèrement, une autonomie réelle de 300 kilomètres, c’est amplement suffisant. J’ai l’habitude aussi de surveiller ma consommation en voiture ‘thermique’ et de planifier les passages à la pompe. Et puis, 300 km d’autonomie, c’est plus que pas mal d’ancêtres (rires).»
Ellen avait déjà soulevé un point délicat, qui constitue aujourd’hui un obstacle au développement de la voiture électrique à grande échelle: le réseau des bornes de recharge… «C’est un problème: le réseau est encore insuffisant. Les bornes sont trop peu nombreuses, et souvent trop lentes. Pour que cette solution de la voiture électrique soit totalement crédible, il faut une borne domestique», confirme notre lectrice. «Par contre, au niveau du confort de conduite, de l’équipement ou des performances, c’est clairement une alternative crédible.»
Sensations
Au volant, nos deux essayeurs ont apprécié le confort et, évidemment, le silence de la Mégane E-Tech 100% électrique. «Ce silence participe au confort», confirme Jérôme. «Sa conduite aussi est reposante, même si elle peut aussi être un peu plus dynamique. Pas au point d’être sportive toutefois vu son poids.»
«La direction est légère et agréable», poursuit Ellen. «Dans les virages, c’est vrai que l’on ressent un peu le poids. Mais pour le reste, elle est très agréable à conduire. Sur les routes sinueuses de la région de Durbuy, j’ai vraiment aimé le mode Sport. Avec ses 220 chevaux, les accélérations sont franches. Mon compagnon souffrant du dos, nous avons fort apprécié le confort des sièges sur les longues distances. C’était moins le cas des commandes au volant, qui sont un peu trop proches les unes des autres. Je n’ai pas trouvé non plus le rangement du câble de recharge très pratique, surtout quand le coffre est rempli de bagages. Une idée pour les constructeurs: peut-être serait-ce une bonne idée d’imaginer un système de câble déroulant. Si l’aspect général du tableau de bord était un peu trop ‘plastique‘ à notre goût, nous avons vraiment beaucoup aimé le grand écran central tactile qui fonctionne aussi bien avec les smartphones Android qu’Apple. Les fonctions sont faciles à trouver et faciles à régler.»
LE SILENCE DE CETTE MÉGANE ÉLECTRIQUE PARTICIPE À SON CONFORT. SA CONDUITE AUSSI EST REPOSANTE, MEME SI ELLE PEUT AUSSI ÊTRE UN PEU PLUS DYNAMIQUE.
Jérôme a aussi très apprécié l’infodivertissement proposé sur cette Mégane E-Tech 100% électrique, équipée du système multimédia OpenR: «Le système Google est vraiment efficace et agréable. Renault a aussi eu la bonne idée de conserver de grands raccourcis pratiques pour certaines fonctions, comme le chauffage, car je ne suis pas fan du ‘tout-à-l’écran’ pratiqué par certaines marques. C’est souvent un simple argument de marketing et un choix économique, les écrans tactiles coûtant moins cher que les commandes physiques. Si j’avais un petit bémol à ce niveau, c’est la fréquence des ‘bips’, trop nombreux à mon goût.»
Convaincus ou pas?
À l’heure de dresser le bilan au terme des cinq jours passés avec la Renault Mégane E-Tech 100% électrique, nos essayeurs se montrent séduits, et convaincus par l’électrique. «C’est une agréable surprise», sourit Ellen. «Et nous sommes en effet convaincus. Si je devais acheter une voiture électrique, ce serait cependant comme deuxième voiture, et avec une borne domestique. Nous avons aussi des chevaux et nous devons pouvoir tracter une remorque. D’après ce que je sais, ce n’est pas encore le cas aujourd’hui avec les modèles électriques disponibles et c’est donc un obstacle (NDLR, excellente nouvelle pour Ellen: la Mégane E-Tech 100% électrique est contrairement à la majorité des autres VE homologuée pour tracter un attelage pouvant atteindre 900 kg, avec différents types de crochets disponibles). Mais en tout cas, ce long week-end d’essai avec la Mégane E-Tech 100% électrique a gommé nos réserves vis-à-vis de la conduite électrique.»
Aujourd’hui, Jérôme en a la certitude: sa prochaine voiture de société, celle qu’il utilise au quotidien, sera une voiture électrique: «Grâce à mes précédents essais de VE, j’étais déjà convaincu auparavant. Je connaissais les avantages de la voiture électrique. Et cette Mégane E-Tech m’a totalement conforté dans ma conviction.»
Photos: Frédéric Guisset
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