Croisières, records et défi
Après la Traversée du Sahara (1922) et la Croisière Noire (1924), la Croisière Jaune est le troisième grand projet d’André Citroën et de plusieurs grands entrepreneurs essentiellement français. Leur ambition : démontrer la supériorité technique de la France et abolir les frontières naturelles en ouvrant la Route de la Soie à la circulation « automobile ». Cette expédition, véritable aventure des temps modernes, relia Beyrouth à Pékin, traversant une multitude de contrées inhospitalières envers tout véhicule automobile. Après être passées par Damas, Téhéran, Kaboul, le Cachemire indien ou encore le désert de Gobi, les autochenilles Citroën de l’expédition pluridisciplinaire entraient dans la capitale chinoise le 12 février 1932, soit dix mois après leur départ, les scientifiques et aventuriers du raid collectant au passage une multitude d’informations sur les cultures, les peuplades ou la cartographie des pays traversés. Si le terme n’existait pas encore à l’époque, la notion de marketing était déjà bien ancrée dans l’esprit des responsables de Citroën. En 1933, une 8 CV Citroën strictement de série baptisée « Petite Rosalie » tourna sans discontinuer sur l’anneau de vitesse de Montlhéry, près de Paris, durant 134 jours. Huit pilotes se succédèrent à son volant pour parcourir 300.000 kilomètres, battant au passage une multitude de records. L’année suivante, en 1934, Citroën faisait encore la Une des journaux en engageant au Rallye Monte-Carlo un exemplaire de présérie du nouvel autocar Type 45. Parti de Varsovie pour rejoindre la capitale de la jet set européenne, cet autocar Citroën de 9 mètres de long et 5 tonnes parcourut 2.456 kilomètres en 59 heures et 30 minutes. Pari réussi. Et un superbe coup de pub au passage.
Du Monte-Carlo aux rallyes africains
Au fil des ans, le Rallye Monte-Carlo évolua, l’événement mondain devenant une épreuve sportive à la renommée de plus en plus internationale. À la fin des années 1950, des Citroën firent leur apparition dans les compétitions routières aux mains de concurrents privés et souvent assez fortunés. Son premier grand succès international en rallye, Citroën le conquit en 1959 au Rallye Monte-Carlo. Jean-Claude Coltelloni et ses deux copilotes, Pierre Alexandre et Claude Desrosiers, se jouaient des épreuves de régularité et des conditions météos pour imposer leur ID 19, variante « simplifiée » et donc allégée de la célèbre DS. Un pilote belge de talent offrit dans les années qui suivirent de jolis succès à Citroën : Lucien Bianchi remporta ainsi notamment le Liège-Sofia-Liège en 1961. Les excellentes performances des Citroën ID/DS dans les épreuves routières de longue haleine incitèrent la marque française à créer un véritable service Compétition en 1965. Ancien pilote touche-à-tout, René Cotton fonda ce nouveau département, Citroën engageant pour la première fois des DS sous une bannière officielle au Safari Rally 1965. Au Monte-Carlo 1966, le Finlandais Pauli Toivonen remportait une victoire de prestige avec sa DS 21 officielle. Outre les grands rallyes traversant divers pays, l’Afrique fut le terrain de jeu de prédilection de Citroën tout au long de la décennie suivante. Bandama, Sénégal et Maroc notamment permirent à Citroën Compétition de démontrer la robustesse et la performance des nouveaux produits de la marque, entre autres l’originale SM puis la CX. Après le décès de René Cotton en 1971, la direction du département dédié à la compétition fut confiée à son épouse, Marlène Cotton, qui était son assistante depuis la création du service.
L’aventure du Gr.B et l’arrivée de Guy Fréquelin
Au début des années 1980, sous l’impulsion de son nouveau responsable de la Compétition, Guy Verrier, Citroën lançait le Trophée Visa et posait les fondations d’un retour à terme en Championnat du Monde des Rallyes avec ce modèle très populaire. Après avoir étudié en parallèle divers projets et construit des prototypes roulants, Citroën Compétition portait son choix sur la Visa 1000 Pistes – du nom du rallye dans le Var où elle fit ses débuts, une bombinette originale et survitaminée pour l’époque avec son petit moteur atmosphérique et ses quatre roues motrices. Homologuée dès 1984 en Groupe B, catégorie très libérale, la « 1000 Pistes » ouvrait la voie à un autre modèle sur lequel Citroën comptait pour briller au plus haut niveau : la BX 4TC. Contemporaine des Peugeot 205 T16, Lancia Delta S4 et autres Ford RS200, la Citroën BX 4TC ne rencontrait pas le succès espéré lors de son arrivée en 1986, son meilleur résultat étant une sixième place au Rallye de Suède avec Jean-Claude Andruet. Le projet était avorté suite aux tragédies du Rallye du Portugal et du Tour de Corse, mais aussi en raison du manque de performances de la BX 4TC. L’interdiction du Gr.B en rallye allait éloigner Citroën de la compétition pendant quelques années. Créé en 1989, le nouveau département Citroën Sport accueillait un nouveau patron, Guy Fréquelin, et se voyait confier la mission de faire briller les couleurs du constructeurs en rallye-raid avec la Citroën ZX Rallye-Raid, cousine proche de la 405 T16 de Peugeot. Entre 1990 et 1997, la ZX Rally-Raid allait remporter pas moins de 36 victoires (en 42 participations!), s’imposer à quatre reprises au Dakar et empocher cinq Coupes du Monde.
De la Xsara kit-car à la Xsara WRC
Considérant avoir fait le tour de la question en rallye-raid, Citroën lançait en 1998 le projet de développer sur la base de sa Xsara une kit-car, catégorie reine alors dans de nombreuses compétitions nationales réservées aux 2 roues motrices. Dotée d’un moteur 2 litres aussi mélodieux que rageur, la Xsara kit-car brillait aussi à chacune de ses apparitions en Championnat du Monde des Rallyes, sur les épreuves « asphalte » évidemment. C’est ainsi que le regretté Philippe Bugalski remportait en 1999 le Rallye de Catalogne et le Tour de Corse, damant le pion aux nouvelles WRC dotées pourtant d’une transmission intégrale. Mais pour Citroën, le chapitre suivant était déjà en route. En alignant en Championnat de France sa nouvelle Xsara T4, Citroën Sport préparait son retour à plein temps en WRC. En 2001, l’Espagnol Jesus Puras imposait la jeune Xsara WRC au Tour de Corse. Deux semaines plus tôt, un certain Sébastien Loeb s’offrait la deuxième place au Sanremo. C’était le début d’une belle et longue histoire entre Citroën et le jeune Alsacien.
NE MANQUEZ RIEN DE l’ACTU AUTO!
Derniers modèles, tests, conseils, évènements exclusifs! C’est gratuit!